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Edito : allons à l’essentiel

Le Président IBK l’a dit : la confiance, la très grande confiance placée en lui, ne sera jamais galvaudée. Mais, humble, il a aussi fait remarquer qu’il n’a promis à personne un Mali «clé en main».

Excellence Monsieur Ibrahim Boubacar Keita ibk président république Mali

Ce rappel a tout son pesant d’or pour rappeler aux uns et aux autres que ce n’est pas la détermination qui fera le plus défaut pour la reconstruction de ce pays qui exige une synergie des efforts. Une prise de conscience de cette situation s’avère d’autant plus indispensable que si le Mali est sorti du gouffre ; il n’est encore qu’à son bord avec deux possibilités toutes simples : soit, il se donne les moyens de s’en éloigner ; soit, pour des calculs politiciens, il sombre une nouvelle fois et peut-être définitivement.

Dans tous les cas, l’épée de Damoclès qui continue de peser sur nos têtes n’est pas pareillement perçue. La preuve en est un bouleversement volontairement de l’échelle de grandeur des innombrables problèmes qui se posent au pays. Point besoin d’être un foudre d’intelligence pour reconnaître qu’au sud du pays, il y a de très sérieux problèmes à régler qui sont de tous ordres.

Pourtant le minimum d’honnêteté intellectuelle impose de reconnaître que le seul problème qui vaille une mobilisation générale est bien celui du Nord. Cette partie du territoire occupée par des rebelles séparatistes qui représentent, jusqu’à preuve du contraire, une grave menace pour l’intégrité du territoire national, et par les jihadistes du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), de Al qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), de Ansar Eddine de Iyad Ag GHALY, pourquoi pas de Boko haram si le terrain est favorable.

L’équation du Nord est d’autant plus cruciale que c’est de là, qu’on le veuille ou non, que sont venus tous les malheurs du pays : occupation du territoire et les sévices infligés aux populations ; l’imposition de la charia avec comme corollaires la privation de la liberté d’expression et de pensée, l’assimilation culturelle… ; le déplacement forcé des populations auquel il faut encore faire face aux conséquences ; la destruction des monuments culturels et historiques ; la destruction du tissu économique et social. Tout cela ayant comme dénominateur commun la perte de l’honneur et de la fierté du Malien.

Logiquement, la reconquête de cet honneur et de cette fierté devrait passer par la résolution des maux du Nord et non par l’ouverture d’un second front au Sud dans le seul dessein de tirer dans les pattes de quelqu’un comme si le Mali se résumait à lui ; comme si l’honneur et la fierté des Maliens ne concernaient pas certains Maliens ; comme si c’est dans le désordre que certains trouvent leur salut.

La grande diversion à laquelle nous assistons depuis un certain temps, dans la capitale, par des individus qui ne sont pas au-dessus de tout soupçon dans la descente aux enfers que le pays a connue en 2012, est symptomatique de leur état d’âme par rapport au devenir de ce pays. Et pour cause, hier seulement c’était une levée de boucliers parce que le politique a interféré dans le judiciaire pour la libération de prisonniers de guerre et la levée de mandats d’arrêt contre certains responsables politiques, conformément à l’Accord de Ouaga. Aujourd’hui, le politique est accusé de ne pas interférer dans les affaires de la justice parce que la tête d’un individu est mise à prix par des politiciens qui n’ont pas digéré l’arrêt brutal de leurs avantages et privilèges par un coup d’État qui n’aurait jamais eu lieu s’ils avaient eu une minute le souci de ce pays. Cet individu, mort ou vivant, ne libèrera pas Kidal ; ne débarrassera pas le Nord des jihadistes qui se renforcent, menaçant de jeter une nouvelle fois les populations sur les routes minées, pendant que l’on se coupe les cheveux en quatre à Bamako. C’est dire que l’essentiel aujourd’hui, ce n’est pas cet homme ; la menace, ce n’est plus lui. Ce qui n’est pourtant un exit pour lui, dans la mesure où si l’unanimité ne se fera pas quant à le sacrifier sur l’autel de politiciens revanchards ; il devra apporter des réponses aux autres actes qui ont été commis dans la foulée de sa prise de pouvoir.  Cela est du ressort de la justice. Il n’y a aucune raison qu’elle ne fasse pas son travail selon son propre agenda.

Dans le procès d’intention en cours, la précaution élémentaire, le minimum de cohérence, de la part de ses auteurs, serait d’éviter d’exclure le pouvoir politique d’une affaire et de le placer au centre d’une autre au gré des intérêts du moment. Autrement, il s’agirait là d’un outrage à l’intelligence des Maliens, une matoiserie visant distraire de ses propres responsabilités dans le naufrage collectif en accablant d’office celui qui a pris l’engagement de sauver le navire. Et c’est bien l’affligeant scénario auquel il nous est malheureusement donné d’assister.

À moins d’être foncièrement mal intentionné, il est possible de se mettre au-dessus de tels complots contre la Nation.

Mais les vieilles habitudes ont la vie dure et nul ne commandera jamais à un vieux singe d’arrêter de se gratter. Il ne faut pas s’y attarder parce qu’il urge d’éloigner le pays du gouffre. C’est cela le devoir du patriote en cette heure grave où l’ensemble de la communauté internationale se mobilise au chevet de notre pays. Honte à nous si nous ratons le train de la reconstruction pour des intérêts inavoués. Allons à l’essentiel.

Par Bertin DAKOUO

Source: Info-Matin.info

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