-« Vous tentez de déstabiliser le pays. Il n’y aura plus de coup d’Etat au Mali! » Général Sada Samaké dixit
-« Vous, en tant qu’officier, avez fait exploser dans ce pays une grenade pour voir si elle est létale! » réplique Oumar Mariko
C’est à un houleux débat qu’on a assisté hier à l’Assemblée nationale, tant le député de Kolondiéba avait de l’énergie à revendre. Après en avoir dépensé pour interpeller le ministre Treta, il va hausser le ton face au ministre de Sécurité, le Général Sada Samaké. Des échanges assez virils qui ont conduit le président de l’Assemblée nationale, Issaka Sidibé, à étaler publiquement ses difficultés à maîtriser la police des débats parlementaires.
C’est la troisième que le ministre de la Sécurité est interpellé à l’Hémicycle en l’espace de deux mois ; tant les préoccupations sécuritaires (et dysfonctionnements administratifs relatifs à la disponibilité des pièces d’identité) sont légion. Les questions du député-président du parti SADI (membre de la majorité) portaient sur l’affaire des élèves commissaires de police, le syndicat de la police, l’insécurité et la pénurie réelle ou supposée des passeports et cartes d’identité. A en croire le député de Kolondiéba, il y a eu des décisions judiciaires en faveur d’élèves commissaires, de diplômés de la police, de syndicalistes dans la police et des policiers radiés après un différend survenu entre eux et la hiérarchie. » Quelles dispositions pratiques avez-vous prises pour régulariser cette situation ?… Face à l’insécurité grandissante, quelles sont les mesures concrètes prises en terme d’équipement, de dotation en carburant ? Quelle est l’origine de la pénurie de passeport et de cartes d’identité, etc? « .
Dans ses réponses, le ministre Sada Samaké a relevé d’abord que le député de Kolondiéba est, à la limite, dans un acharnement contre sa personne. « Il faut éviter cette campagne de dénigrement à laquelle certains organes de presse ont été mis à contribution…Votre problème réel, c’est que je sois membre du gouvernement… « , a-t-il déclaré. Avant d’indiquer que l’affaire des élèves commissaires de police avait été tranchée par un arrêt de la Cour suprême. Mais que c’est le pouvoir exécutif qui doit apprécier de l’opportunité de la mise en œuvre de cette décision de justice ou des textes administratifs l’appliquant.
Et le général Sada Samaké de dégainer face au député interpellateur : « Je vous invite à éviter de vous inscrire dans des agitations puériles et stériles » tout en l’accusant de manipuler les policiers syndiqués à faire preuve d’indiscipline vis-à-vis de leur hiérarchie. « C’est l’honorable Mariko qui pousse certains éléments à être dans des schémas de déstabilisation du pays. C’est fini, tout ça ! Il n’y aura plus de coup d’Etat au Mali « . Il a ajouté que l’on connaît le rôle que le député de Kolondièba a joué dans les troubles provoqués par des forces de sécurité. « Aujourd’hui, ils sont en prison. Vous, vous êtes ici. Je vous connais… Moi, on connaît mon parcours. Il est édifiant. Je n’ai plus rien à prouver dans ce pays… »
Touché au vif, l’élu du peuple va riposter. « Vous me connaissez. Je vous connais aussi. Vous n’avez jamais été un officier de terrain… Vous, en tant qu’officier, avez explosé dans ce pays une grenade pour voir si elle est létale « , a-t-il craché. Avant de dénoncer aussi » l’agitation » du ministre Samaké.
C’est sur ce mot que le président de l’Assemblée nationale est intervenu pour demander au député de retirer ce vocable comme « écart du langage » à l’endroit du Général. L’élu refusa d’obtempérer au motif que le ministre aussi avait eu des écarts de langage similaires et que c’était à lui de retirer les siens (« agitateurs professionnels « ) d’abord. Il s’en est suivi un cafouillage et beaucoup d’interventions pour faire revenir l’ordre au sein de l’Hémicycle. Qui aura connu un bien beau jour de débat parlementaire. Ce qui promet des sueurs froides pour le prochain membre du gouvernement qui sera interpellé par les députés.
Bruno D SEGBEDJI
source : L’Indépendant