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Dysfonctionnement de la collectivité de Konsinga: les populations manifestent leur colère !

Les rues de la ville de Kersignané, chef-lieu de la Commune rurale de Konsinga, étaient agitées, le jeudi passé, par des centaines de manifestants qui demandaient une autorité intérimaire pour leur commune, dont les activités d’état civil sont perturbées depuis presque 5 ans. Cette marche pacifique, qui s’est soldée par un sit-in de courte durée devant la mairie, était le symbole d’un ras-le-bol d’une population indignée, depuis l’arrivée du très contesté maire Tamassa KEBE.

 

Des femmes et des hommes venus des six villages et hameaux de la commune rurale de Konsinga ont pris d’assaut la place publique de la petite ville de Kersignané, pour enfin se diriger vers la mairie dont les activités sont paralysées, depuis plus de quatre années.
Les marcheurs scandaient en chœur : « Nous ne voulons plus d’un maire assassin, justice à nos martyrs, nous voulons une autorité intérimaire, nos enfants n’ont pas d’acte de naissance, nos populations ne disposent plus de documents ».
Sur les pancartes, on pouvait lire les mêmes expressions. Sur place, le siège de la collectivité de Konsinga donne l’image d’un champ d’arachide et de niébé et un refuge des animaux. C’est bien cette structure que les populations de Konsinga veulent récupérer en plaidant pour une autorité intérimaire aux commandes.
D’entrée de jeu, M. Koli KEBE, porte-parole de la jeunesse de la commune rurale de Konsinga, a dénoncé la non-opérationnalisation de la mairie de Konsinga sous les regards indifférents des autorités compétentes. Selon lui, le conseil communal est dissout, puisque sur 11 conseillers, 7 ont déjà démissionné, depuis plus d’une année.
« Depuis les affrontements sanglants, qui ont opposé le maire très contesté de l’URD, les démissions se multipliées dans les rangs du conseil municipal dirigé par Tamassa KEBE.
Ainsi, sur les 11 conseillers municipaux, plus de la moitié sont donnés démissionnaires provoquant la non-opérationnalisation de la collectivité. D’où cette volonté exprimée des populations en faveur d’une autorité intérimaire », a-t-il expliqué.
Aboubacar SIBY, un autre jeune leader de la commune, tempête que depuis deux ans rien n’est sorti de la plainte des populations contre les commanditaires des bavures policières qui ont coûté la vie à un résident de Kersignané et causé d’énormes dégâts matériels et financiers.
« Ce jour, 15 décembre 2017, des dizaines de grenades lacrymogènes ont été lancées et les gendarmes ont tiré à balles réelles sur la population lors d’une manifestation contre la nomination frauduleuse du maire Tamassa KEBE. Le procureur de la République près le tribunal de Yalémané a reçu des mains des Me Raphael KEMPF et Seydou DOUMBIA, 5 plaintes pour homicide, tentative d’homicide, violence volontaire et forfaiture, depuis le 21 juin 2018. Les victimes, à travers cette plainte, demandent aux autorités compétentes de mener à bon port, des enquêtes promises par le gouvernement afin de situer les responsabilités des bavures qu’ils ont subies dans la commune de Konsinga en décembre 2017 », a-t-il dit.
Il précise ainsi qu’un homme de 65 ans est décédé 2 jours après les faits des suites des blessures occasionnées par des tirs à balles réelles et qu’au moins 10 personnes ont été blessées par balle suite aux affrontements entre populations et les éléments armés des forces de l’ordre. Comme pour enfoncer le clou, le jeune SIBY prévient que si les deux doléances des populations de la commune rurale ne sont pas prises en comptes, elles vont assiéger la collectivité jusqu’à nouvel ordre.
« Nous insistons que les victimes et les populations de la commune rurale de Konsinga attendent de la justice qu’elle enquête sérieusement sur ces crimes et que les responsabilités soient rétablies. Que le gouvernement procède à l’installation d’une autorité intérimaire. Sinon, nous garderons la mairie jusqu’à nouvel ordre. Car une chose est sûre : Tamassa et sa bande ne nous gouverneront plus », a-t-il clamé.
Le chef de village de Kersignané, Maciré KEBE, a lui aussi rappelé que le maire contesté KEBE a causé beaucoup de torts à la population. Il a déploré que la mairie demande une somme de 5000 F pour les actes de naissance, à toute personne qui conteste son autorité.
« Cette révolution des populations fait suite à des actes indignes de celui que des autorités administratives nous ont imposé. Les bavures policières intervenues sont la conséquence de la fraude des politiques et de l’administration de notre préfecture de l’époque. L’homme, qui succombé à ses blessures, était chef de famille et père de 11 enfants. Nous demandons une indemnisation pour sa famille et pour ceux qui trainent encore les séquelles de leurs blessures », nous a confié le chef du village.
Sipa KEBE, de l’association des femmes de Kersignané, a déploré que tous les enfants nés de 2016 à nos jours ne sont pas encore enregistrés dans le registre de la commune et ne disposent pas par conséquent d’acte de naissance.
« Nos enfants ne peuvent plus être inscrits à l’école si la situation reste comme telle. Nos enfants, qui ont besoin de carte d’identité, sont pénalisés à cause de cette histoire. Vous-mêmes, vous voyez la mairie. Si l’État ne prend pas ses responsabilités, nous ne nous sentons plus Maliens, puisque ne disposant d’aucune prérogative de la nationalité malienne », a-t-elle dit avant d’insister sur la justice qui doit être faite pour les victimes des différentes manifestations dans la commune rurale en 2017 et 2018.
« Les militaires ont frappé les vieilles personnes, violé des femmes et volés tous nos biens ici. Donc, que justice soit faite », a-t-elle conclu.

PAR CHRISTELLE KONE

Source : INFO-MATIN

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