Les trois sections du corps des surveillants de prison se sont engagées dans une synergie d’action pour revendiquer l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. C’est ce qui ressort de l’interview accordé à Kati24 par le lieutenant Daouda Konaté, secrétaire général de la Section syndicale des Surveillants de Prison affiliée à la CDTM, ce jeudi 13 août 2020. Selon lui, après 20 ans d’existence, le corps des surveillants de prison souffre d’un manque criard d’effectif, de matériel et d’équipements de travail.
De ses propos, il ressort que c’est la mort de l’adjudant-chef Dramane DEMBELE, dans l’attaque de la prison de Kimparana, dans la nuit du lundi 10 au mardi 11 août 2020, qui a été la goutte d’eau qui a débordé le vase.
Selon le lieutenant Daouda Konaté, la victime assurait seule la surveillance des lieux. L’adjudant-chef Dramane DEMBELE était un agent exemplaire. Mais ce qu’il déplore, c’est le fait que cet agent ait été tué parce qu’il n’a pas eu de secours. Aussi, il n’a pas eu droit aux honneurs de la nation.
Pour lui, la mort de ce surveillant de prison en dit long sur les conditions de vie et de travail de ce corps laissé pour compte au sein du ministère de la Justice.
Le samedi dernier, le bureau du syndical s’était réuni pour faire le point des revendications contenues dans le cahier de charge.
De cette rencontre, il ressort qu’aucun point signé entre le Gouvernement et les syndicats du secteur n’a fait l’objet de mise en œuvre.
Face à la situation, les responsables des 3 syndicats du corps des surveillants de prison se sont retrouvés pour s’engager dans une synergie d’action syndicale.
Selon lui, la première difficulté du secteur se situe au niveau du manque d’effectif.
« Pour moi, Dramane a été tué facilement parce qu’il évoluait seul. Ce qui me pousse à dire qu’il est mort par la faute de nos autorités. Car il n’était pas dans les meilleures conditions pour se sécuriser », a-t-il dénoncé. Pire, bien qu’il soit tombé les armes à la main, son corps n’a pas eu droit à des oraisons funèbres.
Selon lui, après 20 ans d’existence, le corps des surveillants de prison reste le moins étoffé des forces de défense et de sécurité du Mali. De son avis, cela est dû au fait que le corps est logé au sein d’un département qui n’a pas toutes les compétences pour gérer un corps comme celui surveillants de prison. Pourtant, a-t-il fait savoir, nos prisons sont bondées de monde surtout dans ce contexte de lutte contre le terrorisme.
Pour illustrer les difficultés du corps, il a indiqué que depuis 2008, les surveillants de prison avec un effectif de moins de 5 000 hommes n’ont pas de dotation générale en tenue. Dans un État sérieux, dit-il, cela est inadmissible. Aussi, les moyens de riposte intermédiaire comme le gaz, le bâton de protection, les câbles, etc. ne sont pas à la disposition de corps bien qu’il soit chargé de sécuriser un lieu de haut risque.
Dans un bref délai, dit-il, les responsables des trois syndicats qui couvrent les 60 prisons en République du Mali vont donner le ton.
« Nous allons revendiquer démocratiquement dans le respect des principes des lois en vigueur en République du Mali », a-t-il annoncé.
Pour se faire, il a lancé un appel à la mobilisation de l’ensemble des surveillants de prison.
S’agissant du nouveau ministre de la Justice, Me Kassim TAPO, il a jugé son comportement peu recommandable.
Par Abdoulaye OUATTARA
Source : INFO-MATIN