C’est le verdict du Dr. Moussa Coulibaly, sociologue à la Faculté des sciences humaines et de l’éducation de Bamako sur le travail des retraités. 

Le travail des retraités dans les services devient un phénomène qui prend de l’ampleur dans notre pays.

Dr. Moussa Coulibaly explique que depuis l’avènement de l’ère démocratique dans notre pays, tous les régimes successifs qui ont eu la charge de gérer le pays, ont inscrit la problématique de l’emploi parmi les secteurs prioritaires qui concourent au développement économique et social. Les tentatives d’éradiquer le chômage sont très timides et n’induisent pas les changements attendus par la jeunesse.

Les jeunes qui arrivent à se frayer un chemin vers les instances de décision de la fonction publique ou vers les institutions jouent en général les seconds rôles, parce que les « seniors » qui ont longtemps occupé les hautes fonctions sont toujours sollicitées pour leurs expériences, souligne le sociologue.

Mais, on constate depuis bientôt une décennie, que le troisième âge est très sollicité au point de « ravir la vedette » à cette jeunesse instruite qui a besoin de consolider ses acquis et la « cure de jouvence » dont toute entreprise dynamique a besoin pour son fonctionnement efficace.

De plus en plus, on a recourt aux retraités, dans la gestion des institutions de la république ou dans la gestion économique à travers les différents conseils d’administration. Le recourt aux personnes âgées est le signe d’un doute en la capacité des jeunes, selon notre interlocuteur.

L’administration est comme souvent le football, ce n’est pas étant remplaçant qu’un joueur peut avoir l’expérience de la compétition ! La peur de l’échec ou de la défaite ne doit pas motiver le maintien d’un joueur même si les capacités sont réduites d’année en année. Il est de même pour l’utilisation de des jeunes à certains postes de l’administration ou au niveau des institutions de la République, tranche Dr. Coulibaly.

« Les retraités sont utiles, mais ils ne doivent pas occuper le devant de la scène » dans la mesure où la jeunesse doit être préparée à jouer ce rôle de leadership. Il faut respecter l’âge de la retraite qui est fixée en fonction de certaines réalités biologiques.

Pour lui, « à un certain âge, l’homme n’a plus la vivacité d’esprit. Le reflexe démunie aussi vite que la vivacité physique. Ces pertes de faculté cumulées ralentissent l’efficacité du travail ».
Un bémol cependant : à l’âge de la retraite dans nos pays d’Afrique singulièrement au Mali, le travailleur est toujours le support de la famille élargie, plus son âge avance, plus ses responsabilités grandissent. C’est cette réalité qui conduit souvent à la falsification de papiers administratifs dans toutes les sphères de la fonction publique, s’inquiète M. Coulibaly.
Et d’ajouter que de plus en plus, malheureusement, on constate la présence à tous les niveaux des retraités.

Au Mali, les seniors sont au gouvernement, ils président des institutions de la République et sont sollicités pour la diplomatie et les relations internationales. Toutefois, en plus des risques que le retraité prend par rapport à sa santé, il empêche d’autres jeunes d’avoir leur « place au soleil », ce qui agrandit considérablement le lot des chômeurs, affirme le sociologue.

Abou Kamara

Source: lesechos