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Dr. Moussa Coulibaly sur le report de la rentrée scolaire : “Une décision sage prise au mauvais moment”

La rentrée scolaire au Mali a été reportée au 4 novembre pour des raisons de catastrophe naturelle, consécutive aux pluies diluviennes ayant causé des inondations partout au Mali. Cependant, si ce  report n’a pas  été une surprise, Dr. Moussa Coulibaly, sociologue, pense que son annonce l’a été à la veille seulement de l’ouverture des classes ce qui dénote, selon lui, d’un cafouillage dans les milieux de l’administration scolaire.

Dr. Coulibaly pense que les parents d’élèves vont certainement diversement apprécier, ceux qui ont pu réunir les conditions matérielles autour de leurs enfants sont déjà dans les calculs pédagogiques comme par exemple l’exécution harmonieuse du calendrier et des programmes scolaires et ceux qui éprouvent des difficultés financières et qui sont affectés sont soulagés pour deux raisons.

La première, selon lui, concerne la réhabilitation du cercle familial envahi par les eaux jusqu’à la date de l’ouverture et la deuxième consiste à faire face efficacement aux dépenses liées aux frais de scolarité et de fournitures pour des ménages dont l’équilibre est sérieusement menacé.

Ce report, explique-t-il, est la conséquence d’une situation qui n’existe pas seulement au Mali. Les pays du Sahel frappés de plein fouet par les affres du changement climatique font face à un dénominateur commun. Ils ont connu des inondations qui ont engendré des catastrophes. Au Niger voisin, la rentrée scolaire initialement prévue le 2 octobre 2024 a été repoussée au 28 octobre soit environ un mois pour les mêmes raisons et au Tchad pour les mêmes raisons, les classes sont envahies par les eaux et les partenaires de l’école reconnaissent des difficultés majeures pouvant entraver le déroulement des cours.

En général, le sociologue estime que Bamako la capitale, au regard de certaines réalités économiques et sociales n’est pas frappée par les catastrophes au même niveau que les villes de l’intérieur comme par exemple en temps de pénurie alimentaire mais cette année, la capitale a été autant frappée par les inondations que l’intérieur du pays ce qui dénote, à ses yeux, d’une communauté de conditions face à la catastrophe. “Cette communauté de conditions face aux inondations est une raison suffisante pour le report de la rentrée scolaire de cette année”, justifie-t-il.

Toutefois, Dr. Moussa Coulibaly rappelle que le contexte de la rentrée de cette année est marqué par la crise financière face à laquelle les Maliens font montre de patriotisme et de résilience. Il pense que ce report de l’année scolaire n’est pas une mauvaise nouvelle car il va permettre à beaucoup de parents d’élèves de mieux se préparer pour réunir des conditions minimums autour de leurs enfants.

“Si la rentrée avait été effectuée, cela aurait engendré frustrations et sentiments d’abandon d’une grande partie de la population touchée par les inondations. Ce qui est sûr c’est une décision sage prise au mauvais moment”, explique le sociologue.

A l’entendre, de telles décisions doivent être appliquées à tous les niveaux, dans les structures privées comme étatiques et le département doit veiller à cela pour ne pas renforcer la triste réalité c’est à dire l’existence d’une école des riches et d’une autre des pauvres à l’intérieur d’un même pays.

Avec une concertation élargie à l’ensemble des acteurs de l’école, principalement des enseignants, Dr. Coulibaly assure qu’il est bien possible de mettre en place des dispositions pour rattraper le temps perdu et exécuter les programmes.

“Il faut reconnaître que l’école ces trois dernières années est en train de renouer avec les bonnes traditions malgré les difficultés notamment financières”, conclut-il.

 

Ibrahima Ndiaye

Source: Mali Tribune
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