Le Président de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI), Dr. Moumouni Guindo, a animé une conférence sur le thème « Lutte contre la corruption : enjeux, défis et perspectives pour les entreprises privées ». C’était à l’occasion de la traditionnelle journée de l’éthique et compliance d’Orange Mali, le lundi 20 novembre 2023 à Bamako. « Le Mali de 2005 à 2019 a perdu 1, 266 milliards de FCFA, soit l’équivalent de 263 hôpitaux », a dit le président de l’OCLEI lors de la conférence.
Il y a de cela plus d’une quinzaine d’années qu’Orange Mali a mis en place une politique anti-corruption ferme. Orange Mali affirme le principe de tolérance zéro en matière de corruption et de trafic d’influence, quelles que soient les formes et dans toutes ses activités. Cette politique est applicable à tous les salariés et doit être respectée par toutes les parties prenantes avec lesquelles Orange Mali est engagé. Il s’agit des entreprises, sous-traitants, partenaires, consultants ou intermédiaires intervenant pour le compte ou au nom d’Orange Mali. La tenue régulière de la traditionnelle journée de l’éthique et compliance d’Orange Mali démontre à suffisance l’engagement constant de cette entreprise à combattre la corruption sous toutes ses facettes.
Dans ses mots de bienvenue, le Directeur général adjoint d’Orange Mali, Aristide Fatogoma Sanou, a affirmé que l’existence de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI) témoigne de la volonté des plus hautes autorités de placer les questions d’éthique et de compliance au sein de la gouvernance des affaires. « Orange Mali, en tant qu’entreprise citoyenne, s’inscrit dans cette démarche. En témoigne l’organisation de cette journée où nous rappelons nos valeurs, les principes qui guident nos actions au quotidien, le respect des normes et règlements en vigueur au Mali », a expliqué Aristide Fatogoma Sanou.
Dans son exposé, le président de l’OCLEI a d’abord défini l’éthique comme l’ensemble des principes qu’un individu s’impose dans sa vie professionnelle. Quant à la déontologie, il dira qu’elle est un ensemble des règles et principes qu’un individu ou un groupe d’individus observent dans leur vie professionnelle en vertu des textes qui encadrent leur activité professionnelle. Dr. Moumouni Guindo fera savoir que la corruption est l’abus d’un pouvoir reçu en délégation à des fins privées. A ses dires, les infractions assimilées à la corruption sont entre autres, l’atteinte aux biens publics, l’enrichissement illicite, la concussion, les fraudes, les surfacturations etc. Le président de l’OCLEI retient deux impacts de la corruption, le premier, dit-il, financier, et le second non financier. Evoquant l’impact financier, le conférencier a rapporté ce qui suit : « Au niveau africain, le groupe de travail Thabo Mbeki (Union africaine) : au moins 50 milliards de dollars perdus par l’Afrique par an du fait des transactions illégales, environ mille milliards de dollars au cours des 50 dernières années. CNUCED (2020) : 88, 6 milliards de dollars de flux financiers illicites en Afrique (3,7% du PIB par an). Au niveau national, le Mali, de 2005 à 2019, a perdu (fraude, gaspillage) 1, 266 milliards de FCFA, soit l’équivalent de 263 hôpitaux de type hôpital du Mali ou 2100 centres de santé de référence modèle de Diéma ou de 42 ponts comme le 3ème pont de Bamako. Les fonds illicites sont exportés (rapport OCLEI 2021) vers la France, le Sénégal, la Cote d’Ivoire, le Canada et les Etats Unis d’Amérique ».
Par ailleurs, le président de l’OCLEI s’est appesanti sur quelques impacts non financiers de la corruption. Il porte sur l’image de marque ternie ; l’affaiblissement de la confiance des citoyens, des investisseurs et des agences de notation.
Dans la poursuite de son exposé, le conférencier a survolé quelques actions engagées par l’Etat contre la corruption. Faisant un focus sur la structure qu’il dirige, Dr. Moumouni Guindo a précisé que les objectifs stratégiques visés par les autorités sont d’améliorer la gouvernance et la transparence publique et produire un effet d’entrainement sur le secteur privé et la société. Il a profité de cette conférence pour faire la lumière sur quelques principales réalisations de l’OCLEI. Celles-ci concernent entre autres, la contribution à la création de l’agence de recouvrement et de gestion des avoirs saisis ou confisqués ; la transmission de 23 dossiers à la justice pour 23 milliards de FCFA ; la déclaration de bien traités au nombre de 1843 pour ne citer que ceux-ci.
Sidiki Dembélé
Source : Le Républicain