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Dr. Mohamed Amara, sociologue sur l’abattage du Drone malien : “Cet incident n’aurait pas pu être évité”

L’abattage du drone a marqué un nouveau tournant dans les tensions diplomatiques croissantes entre le Mali et l’Algérie. Quels sont les faits majeurs ayant conduit à l’abattage du drone malien par l’Algérie ? Comment interpréter les versions contradictoires des deux gouvernements concernant cet incident ? Le Dr. Mohamed Amara, sociologue et analyste sécuritaire, livre ses analyses. Entretien.

Mali Tribune : Quels sont, selon vous, les faits majeurs ayant conduit à l’abattage du drone malien par l’Algérie ?

Mohamed Amara : Deux éléments principaux sont à l’origine de la destruction du drone malien. Le premier est la dénonciation par Bamako, en janvier 2024, de l’Accord de paix issu du processus d’Alger, sans consultation préalable de l’Algérie, chef de file de la médiation internationale. Ce geste a profondément irrité l’Algérie.

Le second élément est l’affrontement violent de juillet 2024 à Tinzawaten, entre l’armée malienne et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), désormais désignée comme le Front de libération de l’Azawad. Cet affrontement a entraîné la mort de combattants des deux camps, y compris des coopérants russes aux côtés de l’armée malienne.

Ces deux incidents, combinés, ont fortement intensifié les tensions entre les deux Etats et ont conduit à l’abattage du drone. De plus, le blocage de l’imam Mahmoud Dicko à Alger ajoute un autre point de friction entre Alger et Bamako.

Mali Tribune : L’incident de Tinzawaten aurait-il pu être évité ? Si oui, comment ?

M A. : La complexité de cet incident réside dans la nécessité d’une enquête internationale pour établir la localisation exacte du drone. L’Algérie affirme qu’il se trouvait sur son territoire, tandis que le Mali soutient qu’il était sur le sien. Cet incident était pratiquement inévitable, en raison de la dégradation des rapports entre les deux pays.

Mali Tribune : Comment interprétez-vous les versions contradictoires des deux gouvernements concernant cet incident ?

M A. : Ces contradictions sont normales. Chaque nation cherche à préserver son image et à éviter d’être mise en accusation. Cela joue un rôle clé dans l’équilibre des rapports de force, surtout si la situation venait à se détériorer davantage. D’où les discours et communiqués contradictoires, où chacun cherche à préserver son image. Sur le plan analytique, il faut noter que ce conflit se caractérise par sa persistance depuis la reprise de Kidal par l’armée malienne.

Mali Tribune : Quelles répercussions cette escalade pourrait avoir sur la coopération entre les deux pays ?

M A. : Il est difficile de prédire l’avenir, mais on peut faire des hypothèses. Sans reprise du dialogue entre Alger et Bamako, l’engrenage continuera. Chaque pays tente d’avoir de son côté l’opinion nationale et internationale.

Mali Tribune : Le rôle de l’Algérie en tant que médiateur dans la crise malienne est-il compromis ?

M A. : Ce rôle est compromis depuis que le Mali a dénoncé l’Accord d’Alger. Aujourd’hui, il est plutôt question de trouver des moyens de dialogue entre les deux Etats grâce à l’intervention d’un pays tiers. D’autant qu’une guerre entre l’Algérie et le Mali est contreproductive, car de part et d’autre des 1300 km de frontières résident les mêmes communautés unis par les liens de mariages, les langues, les cultures…

Mali Tribune : Quelles seraient, selon vous, les conditions nécessaires pour désamorcer cette crise ?

M A. : La diplomatie est essentielle. Il appartient aux gouvernements malien et algérien, ainsi qu’aux organisations régionales telles que l’Union africaine, de travailler à la paix entre deux nations clés de la région.

Mali Tribune : Pensez-vous que le dialogue direct entre Abdelmadjid Tebboune et Assimi Goïta pourrait apaiser les tensions ?

MA. : Un dialogue entre ces deux dirigeants est tout à fait possible. Ils ont la responsabilité de préserver la paix et de favoriser le développement dans leurs pays respectifs. Aucun chef d’Etat n’a intérêt à l’embrasement de la région. Donc c’est urgent de leur faire entendre raison. Personne n’a intérêt à une escalade. De plus, un acteur clé, Mahmoud Dicko, actuellement à Alger, pourrait jouer un rôle majeur dans la réconciliation et la paix.

Propos recueillis par

Ousmane Mahamane

 

Source: Mali Tribune
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