Le président du comité stratégique du mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), Choguel Kokalla Maiga, a jugé « amer » le constat sur les 4 mois de gouvernance de la transition. C’était lors de la conférence de presse du M5-RFP.
« Après 4 mois d’investiture du régime militaire, nous avons fait un constat amer. Nous avons une oligarchie militaire qui a remplacé l’ancienne oligarchique familiale. Elle a pris toutes les Institutions en otage, viole les lois, enlève et fait séquestrer les citoyens ; elle s’en prend aux plus faibles, protège les riches et les barons de l’ancien régime », s’indigne le docteur en télécommunication. Pour lui, les nouvelles autorités ont échoué dans la lutte contre l’insécurité.
Dans son analyse, Dr Choguel Kokalla Maïga reproche aux militaires de perpétuer les pratiques combattues sous l’ancien régime. Il accuse les autorités transitoires de la « violation systématique et continue » des lois et des textes de la République ; le manque d’inclusivité dans le processus inclusif de préparation des élections ; la mise en place du CNT de façon « illégale et illégitime » …
La relecture de l’Accord d’Alger, une nécessité
La mise en œuvre intégrale de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger suscite de réactions au Mali depuis quelques jours. Pour sa part, Dr choguel opte pour sa relecture, cela pour l’intangibilité de l’unité nationale, la souveraineté du pays sur l’ensemble du territoire, la forme républicaine et laïque de l’État, et l’intégrité du territoire national. A ce niveau, il met en garde les autorités de toute tentative de partition du Mali à travers la mise en œuvre de ce document. «Je veux, ici, être clair et entendu par tous ceux qui travaillent dans l’ombre, dans les bureaux feutrés, et dans les multiples commissions et cercles secrets contre le Mali : le peuple malien n’acceptera jamais la partition de son territoire. Il s’opposera avec force et détermination à tous ceux qui ont décidé de trahir la cause nationale pour des intérêts politiques ou personnels », a-t-il laissé entendre avant d’ajouter : « ici et de façon solennelle, nous mettons en garde les autorités ». Choguel Kokalla Maïga n’en décolère pas et tacle les militaires. « Nous ne laisserons personne vendre le Mali à la bouche des valeurs politiques à Bamako et à Kati », a-t-il laissé entendre.
Le président du MPR déplore également la fin de l’opération « opération Maliko » qui visait à rétablir l’État du Mali dans ses fonctions régaliennes ; à affirmer l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire ; à couvrir l’intégralité des régions de Gao, Tombouctou, Kidal, Ménaka, Taoudéni, Mopti, Ségou.
Dr Choguel Kokalla Maïga dénonce la politique de poids deux mesures dans la démolition des maisons dans la zone aéroportuaire
« Les casses des maisons de l’aéroport font-elles partie des priorités de la transition ? Font-elles partie des priorités inscrites dans la charte de transition ? Font-elles partie des doléances des manifestants du 5 juin au 18 août 2020 ? Un pouvoir « politique militaire déguisé et illégitime » peut-il se substituer à un régime démocratique élu pour créer des réfugiés à Bamako, en plus de ceux venus du nord et du centre ? Pourquoi les différents gouvernements élus démocratiquement ne se sont pas donnés à de telles opérations de démolitions ? …sont, entre autres, les questions auxquelles les autorités transitoires doivent apporter de réponse selon Dr Choguel Kokalla Maiga. Il a également dénoncé la politique de deux poids deux mesures dans cette démolition. « Pendant qu’on démolit chez certains, il y a des intouchables auxquels ils ne touchent pas », regrette le président du MPR. Pis, selon lui, il y en a qui construisent et continuent de construire dans cette zone aéroportuaire. Pour lui, « on ne peut pas accepter qu’il y ait deux catégories de citoyens dans le même pays, après une lutte héroïque du peuple ».
Doute sur le processus de préparation des élections
La réussite de la transition sera aussi jugée à travers la crédibilité des prochaines élections générales. Or, le processus en cours n’est pas inclusif. En tout cas, selon Dr Choguel Kokalla Maïga. « Vous vous souviendrez que le feu a été mis aux poudres à partir des élections de mars et avril 2020. Aujourd’hui, le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation est en train de préparer la même situation », prévient l’ancien patron de l’AMRTP. Selon lui, s’il n’y a pas de rectification de la trajectoire de la transition, de changement de comportement des Institutions, dans la façon de préparer et de conduire les processus électoraux, « nous allons nous retrouver dans une impasse ».
Par ailleurs, Dr Choguel a prévenu tous ceux qui veulent atteindre leur objectif contre l’intérêt du Mali. « Je voudrais dire à ceux qui s’adonnent à la violation de l’Accord ; à la multiplication des injustices contre des couches faibles et défavorisées et ceux qui préparent des élections frauduleuses que le peuple se dressera de toute sa taille sur leur chemin ».
Mamadou Diarra