Tout est parti de l’invité Kaou N’Djim et de l’avis qu’il a donné sur la version officielle des autorités burkinabé sur une déstabilisation programmée du pouvoir de Ouagadougou. Une opinion qui a manifestement déplu au régime du capitaine sankariste, d’où la saisine de la HAC par le Conseil supérieur de la communication pour des sanctions. Il n’en fallait pas plus pour que le célèbre Numéro 10 de la Transition se retrouve en prison et que le régulateur malien des médias en découse avec Joliba TV News, au risque de se mettre à dos l’ensemble de la presse nationale pour ses décisions doivent inspirées d’une méprisable ardeur répressive.
Pour cette fois, la HAC aura franchi le Rubicon en s’y prenant par la plus extrême des sanctions pour réprimer un acte dont elle est seule à apercevoir la teneur répréhensible. En dehors du sentiment de redevabilité aux hautes autorités et à leur raison diplomatique, en effet, sa décision ne s’appuie sur aucun instrument réglementaire autre que le besoin du plaignant étranger d’agrémenter la coopération en gestation entre régulateurs de l’AES par un cobaye expérimental.
C’est dans le sillage d’un tel dessein que la notification est officiellement parvenue à Joliba TV dans le sens de sa fermeture. Pour inverser la donne, elle dispose de deux voies de recours, à savoir : contester la décision par un recours gracieux auprès de la HAC ou l’attaquer devant la Cour suprême. Le recours gracieux a été pour l’heure priorisé et semble exploitable à cause de l’abus qui consiste à sanctionner un confrère national sur injonction d’un autre régulateur de la confédération commune. Toutes choses qui ne figurent nulle part dans la loi, laquelle ne prévoit le retrait de licence que pour les cas de non-paiement de la redevance annuelle, de violation répétée des textes en vigueur ou de la convention. Des dispositions qui battent en brèche les griefs de la HAC, dont la mesure porte gravement atteinte à la liberté de la presse et d’expression au Mali, selon la vague de condamnations émanant de nombreuses associations de presse. Elle est notamment qualifiée de liberticide pour certaines, tandis que d’aucuns retiennent une violation flagrante du droit à l’information plurielle et d’autres une mise en évidence de la soumission d’une autorité de régulation censée jouir d’une indépendance.
I KEÏTA