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Dossier 8 Mars: Ces braves dames qui méritent leur place: Niagaté Goundo Kamissoko : partie de peu pour se frayer un chemin

La cinquantaine révolue, Mme Niagaté Goundo Kamissoko est la présidente nationale des femmes rurales du Mali. Originaire de Yélimané, Goundo est basée à Somaguidi Coura, à 25 km de Kayes, depuis 1979, par les liens du mariage. Celle qu’on surnomme aujourd’hui  » la Nyéléni  » de la Cité des rails a su se frayer son chemin et mériter la confiance des femmes rurales. Très courageuse au travail, cette paysanne, malgré le poids de l’âge, manipule encore la daba dans son champ. Des qualités qui lui ont valu trois médailles que sont : la Médaille nationale avec Effigie abeille, décernée par l’Etat ; le Mérite national décerné par le Conseil Economique Social et Culturel et le Prix de la Meilleure femme rurale du Mali, en 2016.

Soninké bon teint, celle qui a abandonné l’école franco-arabe en 6e année pour se marier, est le fruit de l’aventure. Née en Côte d’Ivoire avec le travail dans le sang, Goundo a très tôt rejoint le Mali avec ses parents qui ont décidé de s’installer dans leur village, à Yélimané. Nous sommes en 1977, le fiancé de Goundo et trois autres nationalités expatriées en France décident de quitter l’aventure pour l’un des quatre pays en fonction de la réponse aux courriers qu’ils vont adresser aux Chefs d’Etat des pays respectifs.

Ayant reçu une réponse favorable, en premier, du Général Moussa Traoré, à l’époque président de la République du Mali, les sept expatriés iront alors s’installer sur les 60 hectares que l’Etat leur a attribués non loin de Somaguidi, dans la région de Kayes. Ils vont travailler cette terre, s’y installer et en tirer profit.

Le petit village va s’appeler Somaguidi Coura. Il est situé derrière le fleuve, à 25 km de Kayes ville. C’est deux ans après l’installation des 7 frères de nationalités différentes que Goundo s’est mariée à l’époque très jeune. Elle devient alors la première épouse d’une famille de trois femmes pour son mari avec lequel elle aura 7 enfants, dont 3 garçons. Les femmes, à cette époque, travaillaient dans les champs de leurs maris à 50 FCFA l’heure, payables à la fin du mois. Goundo qui était la plus dégourdie s’en sortait avec 8000 ou 9000 FCFA de salaire à la fin du mois. Après des années de ce dur labeur, elle a réuni les femmes pour leur proposer de travailler pour elles-mêmes au lieu de le faire pour leurs maris.

C’est ainsi que 3 hectares leur ont été attribués. Elles ont travaillé cette terre avec, à la clé, une sorte de tontine pour arriver à la réussite totale. Goundo sera alors repérée par le PRODEZO basé à Kayes, qui financera deux femmes à hauteur de 250.000 FCFA, appuyées par une formation en teinture et savonnerie. Au bout de trois mois, les prêts sont remboursés avec un bénéfice de 65.000 FCFA. Elle deviendra alors une grande teinturière dans son Kayes natal. Après avoir gagné la confiance des partenaires, elle devient la formatrice au compte du projet au Mali et dans la région.

Cette activité fera d’elle, une icône et lui ouvrira les portes de l’Union Régionale des Coopératives Agricoles de Kayes (URCAK). Aujourd’hui, elle est présidente de ce mouvement et de l’association professionnelle des femmes de Kayes. De responsabilité en responsabilité, Mme Niagaté occupera le siège de présidente du Conseil de cercle de Kayes pendant 5 ans et le même nombre d’années au poste de présidente de la Commission développement rural du conseil économique social et culturel. Elle est actuellement membre de l’APCAM, élue au compte de la Fédération nationale des femmes rurales (FENAFER).

Courageuse, Goundo cultive deux champs dans son Somaguidi, dont un avec les autres membres de l’association, toutes épouses des 7 expatriés et un autre de 4 hectares qui lui appartient. Dans ce champ maraîcher, elle produit de la banane, de l’oignon, de la tomate, de la salade, du gombo, principalement. A la récolte, ses produits inondent le marché de tout le pays.  » Pendant le labour, c’est elle qui se met devant les travailleurs daba à la main pour booster le courage chez les paysans « , témoignent certaines femmes. Goundo fait aussi de l’élevage. Avec les compostes, elle fait la production de semence vendue partout au Mali.

L’icône de Kayes estime avoir travaillé dur pour mériter la confiance des femmes du Mali, au poste de présidente nationale des femmes rurales depuis 13 ans. Elle a su analyser les difficultés et les souffrances de ces femmes pour leur trouver des solutions adéquates.

Parmi ses projets, Goundo souhaite relancer la foire agricole de Kayes qui permettait aux paysans d’écouler leurs produits, toujours de bonne qualité, en réalisant des bénéfices.

Pour préparer la relève, Mme Niagaté a initié ses enfants (filles et garçons) au travail de la terre. Sa première fille, fonctionnaire d’Etat, est aujourd’hui une grande transformatrice de produits locaux et spécialiste dans l’agro- alimentaire avec la transformation de confiture qu’elle est allée apprendre au Canada.

Fatoumata Mah Thiam KONE

Source: l’Indépendant

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