« Lis ! » telle était la première injonction entendue un jour lors de sa retraite traditionnelle dans les environs de La Mecque par un homme dans la plénitude de l’âge, peu connu hors de son entourage immédiat. « Je ne sais pas lire », répondra l’homme à l’apparition qui venait ainsi le visiter.
« Lis », insistera l’arrivant. Un dialogue s’engagera alors entre eux. « Qu’est-ce que je lis ? « Lis au nom de ton Seigneur qui a tout créé. Qui a créé l’homme d’une adhérence. Lis, car ton Seigneur le très noble a enseigné par la plume à l’homme ce qu’il ne savait pas » (96:1-5). L’homme reprit ces versets et ainsi débuta pour l’humanité ce qui allait être la révélation du Coran. Le visiteur ne prendra cependant pas congé sans s’être identifié. « Sois heureux, Muhammad, je suis Gabriel et tu es l’Envoyé de Dieu pour cette mission ». La venue parmi les hommes de ce Messager (PSL) avait été tout autant marquée par des événements peu ordinaires. Il en est ainsi de l’expédition de l’Eléphant à laquelle font référence les docteurs de la foi, et qui sera relatée quelques décennies plus tard dans un chapitre des Ecritures. Dans sa tentative de soumettre l’Arabie à sa loi, est-il rapporté ainsi, un souverain abyssin leva une expédition contre La Mecque, ayant entre autres pour objectif la destruction de la Kaaba dans cette cité, avec l’aide d’une troupe conduite par des éléphants. L’aventure tourna court, les envahisseurs ayant été « réduits à l’état de paille mâchée, lapidés par des volées d’oiseaux qui n’en épargnèrent pas un ».
Divers érudits et chercheurs situent ainsi la naissance du futur prophète par rapport à cet événement, dans l’année répertoriée comme celle de l’Eléphant, au douzième jour du troisième mois de l’année lunaire. Suivant les concordances établies depuis lors, cela correspondrait à l’an 571 du calendrier grégorien.
Orphelin de père dès la naissance, ce descendant du clan des Quraychites, remontant à Ismâ’îl et Abraham, sera confié à une nourrice bédouine, Halima, conformément aux pratiques de l’époque. Devenu également orphelin de mère en bas âge, le futur Messager sera recueilli par son grand père, puis son oncle auprès desquels ne tardèrent pas à se révéler ses traits de caractère d’honnêteté et de modestie. Jeune homme, il s’occupera de caravanes et des tiers lui confieront la responsabilité de veiller sur leurs intérêts dans ce commerce. Sa réputation de probité lui vaudra l’appellation d’Al Amin, « Celui qui est digne de confiance ». De cette période date son habitude d’observer une retraite annuelle durant le mois de Ramadan, s’éloignant des préoccupations de ce monde pour méditer.Le Messager s’ouvrira ainsi de la Révélation qui lui était faite, au premier cercle de ses proches. La prédication publique au sein de son clan des Hachémites s’en suivra progressivement. La religion naissante recevant les premières conversions ne tardera pas à se heurter aux pires hostilités des idolâtres et autres défenseurs d’intérêts tout aussi obscurs. Le Prophète n’en continuera pas moins de porter le message. « Nous t’avons fait une révélation comme Nous avons fait révélation à Abraham, à Ismâ’îl, à Isaac, à Jacob, aux Tribus, à Jean, à Job, à Jonas, à Aaron, à Salomon et nous avions donné à David les Psaumes. Dieu se porte garant de la révélation qui t’est faite et qu’il sait émanant de Lui ». (4:163).
A. K. CISSE
Source: essor
