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Djimé Kanté, Secrétaire Général adjoint du Comité syndical du CHU Gabriel Touré : « A partir du lundi 4 mars, les chirurgiens ne pourront plus opérer au niveau de l’hôpital Gabriel Touré »

Nous avons rencontré, jeudi dernier, le docteur Djimé Kanté, à l’hôpital Gabriel Touré. Il nous a accordé une interview sur la situation qui prévaut à l’hôpital. Il a notamment déclaré que si des mesures urgentes ne sont pas prises, c’est la mort programmée du CHU Gabriel Touré.

Quelle est la situation qui prévaut à l’hôpital Gabriel Touré ?

L’hôpital Gabriel Touré traverse actuellement beaucoup de difficultés liées surtout à la gouvernance hospitalière. Nous avons tout le temps dénoncé ce que  nous avons appelé une gestion calamiteuse au niveau de l’hôpital. Et les conséquences de cette gestion se font sentir et parmi elles, il y a la détérioration considérable du matériel. Aujourd’hui, nous avons alerté les plus hautes autorités du pays par rapport à  une situation qui nous préoccupe, c’est le fonctionnement du bloc opératoire. Beaucoup de malades se font opérer à l’hôpital Gabriel Touré, il y a ce qu’on appelle les malades programmés, c’est-à-dire, ceux qui suivent un programme, qui font des analyses,  qui sont hospitalisés pour être opérés,   il y a aussi des cas d’urgence, suite à des  accidents ou d’autres maladies, qui arrivent de façon spontanée  et qui sont pris en charge au niveau des urgences.

Comment fonctionne ce bloc opératoire ?  

Malheureusement, ce service rencontre beaucoup de problèmes, nous avons plusieurs fois tenu des sit-in et envoyé des correspondances au département de la santé, il était seulement question de lame de bistouri électrique, ce n’est pas la mer à boire, ce n’est pas cher,  ça se trouve un peu partout, cet équipement indispensable pour les interventions  chirurgicales manquait à l’hôpital, donc, du coup, les opérations programmées étaient constamment reportées. A cela, il y a d’autres mesures qui sont venues s’ajouter, c’est ce qui a poussé les chirurgiens à saisir le comité syndical, pour nous alerter, en nous disant que si des dispositions ne sont pas prises rapidement, à partir du lundi 4 mars, ils ne seront plus en mesure de travailler. Donc, ça veut dire qu’à partir de ce lundi, si le ministère de la Santé, si les autorités maliennes ne prennent pas les dispositions, tous ceux qui sont hospitalisés ici à Gabriel Touré, pour être opérés, vont encore souffrir parce que simplement le strict minimum pour  faire l’intervention ne sera pas disponible. Nous avons envoyé une correspondance au ministère de la Santé, depuis vendredi passé, pour les alerter et leur dire que, si vraiment lundi, ces mesures ne sont pas prises,  il y a aussi d’autres situations, le personnel qui a des  primes en souffrance depuis plusieurs mois, donc si  des solutions ne sont pas trouvées à ces problèmes,  nous n’aurons d’autre choix que de déposer un préavis de grève pour que ces malades puissent vraiment être traités  convenablement  à l’hôpital.

Quels sont les soins qui ne seront pas dispensés ?

On est en train de se débrouiller, mais il y a beaucoup de choses qui manquent. C’est vrai que les travaux de rénovation ont commencé, mais un laboratoire pratiquement fermé qui ne peut faire qu’une simple goutte EPS, sinon les autres analyses ne se font pas ici, ça, c’est un sérieux problème. Au niveau de l’imagerie médicale, la simple échographie abdominale, ou pelvienne, la mammographie, ne peuvent pas se faire depuis longtemps, nous avons  toujours alerté il y a vraiment beaucoup de choses qui manquent à l’hôpital, mais ce que nous avons annoncé,   c’est qu’en tout cas, à partir du lundi 4 mars, les chirurgiens ne pourront plus opérer au niveau de l’hôpital Gabriel Touré. Il y a, aussi, d’autres problèmes qui étaient là depuis longtemps.

Quelles sont les mesures urgentes que l’Etat peut prendre pour régler la situation ?

C’est simple, excusez-moi du terme, pour  un Etat sérieux, vraiment, un hôpital comme Gabriel Touré, le sommet, l’hôpital le plus fréquenté de la République, un CHU, le bloc opératoire ne devrait pas s’arrêter. Il devait y avoir plusieurs blocs opératoires, des blocs hyper-équipés, mais les gens se débrouillent comme ils peuvent ici, souvent avec des torches, souvent avec des lampes,  des bistouris et des  mécaniques comme ça, ce n’est pas normal.

Il n’y a pas de budget prévu pour tout ça ?

L’hôpital est victime d’une gouvernance  catastrophique. Il y a, bien sûr, un budget, mais  on sait que les fonds alloués sont insuffisants. Prenons l’exemple du budget de fonctionnement, en 2018, il était de  900 millions, il est ramené aujourd’hui à 300 millions, le budget d’investissement spécial  qui était de 500 millions est ramené aujourd’hui à 200 millions, 200 millions pour un budget d’investissement spécial ? Qu’est- ce qu’on peut acquérir avec 200 millions ? Est- ce qu’on peut faire  la maintenance des équipements ? Si très sincèrement, des mesures d’urgence ne sont pas prises, pour corriger ces injustices, c’est la mort programmée de tous les  hôpitaux du Mali, j’insiste là-dessus, si les mesures urgentes ne sont pas prises pour équiper ces hôpitaux,  pour revoir à la hausse  les budgets alloués, pas seulement à  l’investissement, mais au fonctionnement, c’est la mort programmée pure et simple de ces structures de santé.
Propos recueillis par Baba  Dembélé

Source: Canard Déchainé

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