Dans la nuit du lundi 19 mars 2018, à Djicoroni-Para, le quartier ou réside le chef de l’Etat, des jeunes gens révoltés contre ce qu’ils appellent l’expropriation forcée de leur terrain de football ont tenté de bloquer le cortège présidentiel. Des heurts éclatent alors avec les éléments du commissariat du 14ème arrondissement de police. Une vingtaine de manifestants sont arrêtés.
Explication du commissaire
Ayant appris la nouvelle, nous avons approché le commissaire principal de police du 14ème arrondissement, Abdourahamane Alassane. Selon lui, il s’agit d’une affaire de parcelle appartenant à un certain Soya Bassoum, commerçant. Détenteur d’un titre de propriété et d’un permis de construire, il a voulu faire clôturer sa parcelle mais les jeunes de Djicoroni qui, sans droit ni titre, avaient fait de cette parcelle un terrain de foot, se sont opposés aux travaux. C’est alors que son commissariat a été requis afin d’aider Bassoum à réaliser sa clôture.
Lundi 19 mars, dans la matinée, les policiers se sont rendus sur le terrain afin de sécuriser les maçons chargés d’ériger la clôture. Le même jour, vers le petit soir, des jeunes du quartier sont venus en groupe et ont tenté de démolir les constructions. Ils s’en sont pris aux policiers en leur jetant des pierres et en les injuriant. « Par la suite, ils ont commencé à barricader les routes de Djicoroni, poursuit le commissaire. Débordés, mes éléments ont usé de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants ». Les jeunes ont quitté les lieux et les travaux ont continué. Le lendemain mardi 17 mars, vers 22 heures, les mêmes jeunes sont revenus à la charge pour, encore une fois, empêcher la clôture de la parcelle.
Selon le commissaire, depuis 20 heures, la police avait appris qu’ils voulaient barrer le passage du convoi du Président de la République qui devait se rendre à son domicile à Sébénicoro. L’information s’est avérée fondée puisqu’à quelques heures du passage du président, ils ont commencé à barricade toutes les voies. La police a alors vigoureusement réagi. « Force doit rester à la loi. Mes hommes sont dans leur rôle de sécuriser la construction d’une parcelle pour laquelle ils ont été requis; si les jeunes veulent empêcher les travaux, ils doivent recourir à la justice et non s’ en prendre aux forces de l’ordre », souligne le commissaire.
Notre interlocuteur nous fait savoir qu’avant d’envoyer ses éléments sécuriser la construction de la clôture, il a demandé par écrit au maire de la commune 4 de lui confirmer que le titre de propriété détenu par Bassoum est le bon. La réponse fut positive: la parcelle appartient bel et bien à Soya Bassoum et n’est pas un espace public comme le prétendent les manifestants. En fait, à en croire le chef de police, ce que la jeunesse appelle espace public est occupé par une mosquée du quartier ainsi que l’atteste la lecture des plans. Le commissaire déplore que le quartier de Djicoroni soit devenu un lieu de haute insécurité. Il y a deux semaines, deux de ses éléments ont été agressés par une quarantaine de jeunes gens qui ont tenu a protéger des bandits recherchés par la police. Un policier a vu son téléphone portable volé dans la bagarre. De nos jours, une vingtaine de jeunes manifestants sont aux arrêts et seront présentés au procureur de la République.
Abdoulaye Koné
Source : Procès-Verbal