L’ancien ministre, Amadou KOITA, a déclaré que la dissolution de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM), un mouvement historique et symbolique, ne saurait être la solution aux difficultés de l’organisation estudiantine. « On ne peut jeter l’eau du bain avec le bébé », a soutenu M. KOITA, tout en soupçonnant une démarche de réécriture du mouvement démocratique.
Le cercle de réflexion et de solidarité des anciens et sympathisants de l’AEEM a tenu le dimanche 17 mars une conférence débat sur le thème « Quelles solutions et recommandations pour juguler la violence en milieux scolaire et universitaire ».
Cette initiative intervient après la dissolution de l’AEEM par le gouvernement qui évoque notamment les violences dans l’espace scolaire et universitaire. À la faveur de cette rencontre, des anciens de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) ont dit Non à la dissolution de l’organisation estudiantine, tout en manifestant leur disponibilité à accompagner leur cadet en vue de l’annulation de la décision du gouvernement auprès de la Justice.
Dans un ton durcit, l’ancien secrétaire général du lycée Technique de Bamako, Ibrahim TAMEGA, déclare : « La position officielle des anciens de l’AEEM. Les anciens disent non à la dissolution de l’AEEM. Les anciens s’opposent et rejettent cette annonce de dissolution de l’AEEM. Nous proposons d’accompagner nos cadets dans les démarches légales et démocratiques en vue des recours auprès du tribunal administratif. Nous allons nous rendre utiles afin d’obtenir l’annulation de la dissolution de l’AEEM».
Malgré la caricature que l’on veut faire de l’AEEM, le ministre Amadou KOITA, l’un des produits de cette association, a rappelé que les acquis de l’AEEM qui a permis l’introduction des bourses au secondaire, l’internat pour les élèves et étudiants. C’était sous la transition de 1992. Aussi, l’AEEM a été une école pour de nombreux cadres et responsables de ce pays, soutient-il.
Plus de 30 ans après, il souligne son étonnement de voir qu’une transition décide de dissoudre une organisation historique et symbolique, même s’il reconnaît par ailleurs des dérives qu’il faut corriger. À cet effet, a-t-il poursuivi, la dissolution de l’AEEM ne s’impose pas. Elle n’est pas la solution.
« Je pense qu’on est train de faire une réécriture de l’histoire de notre pays. Je me demande si certains ne veulent pas prendre leur revanche sur l’histoire du pays. Si certains ne veulent pas réécrire l’histoire du mouvement démocratique. On ne peut jeter l’eau du bain avec le bébé. Sinon rien ne justifie cette décision », a déclaré M. KOITA.
Mme SY Kadiatou SOW s’est dit peinée suite à la dissolution de l’AEEM dont le rôle et la contribution ont été déterminants dans l’avènement de la démocratie. Cependant, dans le contexte actuel du pays, elle a appelé les anciens à jouer la carte de l’apaisement.
« L’avenir des enfants est entre vos mains aujourd’hui. Les plus sages d’entre vous devraient se faire entendre. C’est difficile de comprendre que l’association précurseur du combat en faveur de la démocratie soit dissoute. Essayons de voir comment sortir de cette crise et tenter de sauver ce qui peut l’être », a conseillé Mme SY.
L’ancien diplomate, Souleymane KONE, estime que l’essentiel est qu’il y ait un cadre d’expression des étudiants axé principalement sur les revendications pédagogiques.
« La violence scolaire ne doit être assimilée à aucune forme de violence. Vous devrez travailler sérieusement pour éradiquer cette violence », a-t-il insisté.
Rappelant qu’il n’y a pas de brevet de patriotisme, mais, selon lui, tout le monde doit se convaincre que le pays est fatigué de plus d’une décennie de crises.
L’initiative de la tenue de cette conférence débat met l’AEEM devant sa responsabilité, a indiqué M. KONE au cours de laquelle les anciens devraient toujours penser au Mali. Comment construire ce pays dans la stabilité et dans la paix ?
PAR SIKOU BAH