La tribune de l’Assemblée générale de l’ONU n’est pas un cadre d’étalage des malaises de politique intérieure et le président Joseph Kabila aurait été mal inspiré s’il s’y était étendu comme une certaine opinion au pays l’y attendait alors que le Chef de l’Etat a judicieusement évité de céder à ce piège en présentant à l’opinion mondiale une position claire et nette de la RDC sur les sujets qui agitent la planète tels Ebola, terrorisme, environnement et conflits armés notamment en Afrique qui revendique à bon droit un siège au Conseil de sécuritéEbola, terrorisme, conflits armés dans le monde et en Afrique, réclamation d’un siège africain au Conseil de Sécurité,  situation économique et politique en RD Congo, problématique de la stabilité, etc. Pour son discours à la 69ème Assemblée Générale de l’ONU, Joseph Kabila a minutieusement choisi des thèmes qui touchent à la sensibilité de la Communauté internationale.  Qu’a dit exactement Kabila entre les lignes ? Son discours a-t-il produit l’effet escompté ?  Décryptage.

Dans les rues de Kinshasa, l’on continue à commenter le discours prononcé, jeudi 25 septembre, par le Président de la République à la 69ème Assemblée Générale de l’ONU. Joseph Kabila a touché plusieurs sensibilités. Au plan international, il a évoqué trois sujets d’actualité brûlante. D’abord, la maladie à virus Ebola qui sévit en Afrique de l’Ouest et fait aussi des morts à Boende en République Démocratique du Congo. Le Président a vendu l’expérience congolaise dans la lutte contre la très mortelle épidémie d’Ebola. La RD Congo ayant déjà, par sept fois, fait face à Ebola. L’épidémie est contenue, là où elle a éclaté, dans le Territoire de Boende.

La promesse d’un Centre anti-Ebola

Dans ces conditions difficiles, la RD Congo trouve quand même des ressources pour venir en aide aux pays de l’Ouest africain, pas très bien préparés à lutter avec efficacité contre le virus Ebola. Cela signifie que des experts congolais seront dépêchés dans d’autres pays affectés. Dès ce mois d’octobre 2014, un Centre de formation pluridisciplinaire sera mis en place pour former un personnel de santé à même de répondre en qualité et en quantité aux besoins des pays africains qui sont ou seraient à l’avenir touchés par ce type d’épidémie.

Kabila en allié du monde libre

Ensuite, le Président Joseph Kabila veut jouer un rôle dans la résolution des conflits en Afrique et dans le monde. Il s’appuie sur l’expérience tirée de la participation de l’armée et de la police congolaise dans les opérations de maintien de l’ordre en Centrafrique. Joseph Kabila fait directement allusion aux guerres qui embrasent diverses parties du monde, notamment le Moyen-Orient, l’Ukraine, la Syrie, l’Irak, la Lybie et la République Centrafricaine.

Non au terrorisme

Enfin, la lutte contre le terrorisme qui continue à faire des victimes dans le monde. L’Afrique, constate Kabila, n’est pas épargnée. Sont en première ligne, les populations du Kenya, du Mali, de la Somalie, de la Lybie et du Nigéria. Le Président de la RD Congo se dit prêt à engager le pays dans les opérations d’éradication du terrorisme.

Un siège au Conseil de Sécurité

Au passage, il revendique un siège au Conseil de Sécurité de l’ONU pour l’Afrique. Joseph Kabila trouve anormal que l’Afrique, continent dans lequel se déroulent de nombreux conflits, ne soit pas représentée au niveau de prise de décisions. Avec cette réclamation, le Président Kabila s’attire le soutien de ses pairs  africains. Il reste, certainement, à déterminer, lequel des pays africains seront désigné, le cas échéant, comme membre permanent du Conseil de Sécurité. A l’analyse, il ressort que le Président Joseph Kabila a cherché à se donner une étoffe internationale. Ainsi, il se présente en allié du monde libre.
La stabilité d’abord

Au plan national, à l’interne donc, le Président a vendu l’image d’un pays débout. C’est l’image d’un pays dont l’économie est en pleine croissance. Il a mis en avant la construction des routes, des écoles, des hôpitaux et d’infrastructures diverses. En politique, l’accent est mis sur la consolidation de la démocratie et le renforcement de la cohésion nationale. C’est ainsi que le Président a confirmé la tenue des élections intermédiaires, conformément au calendrier partiel de la CENI.

En revanche, il n’a rien dit sur le calendrier électoral global réclamé par d’autres forces politiques. Rien également sur le dialogue politique sans exclusive. Parallèlement, le Président Joseph Kabila plaide pour la stabilité qu’il faille préserver à tout prix. Le terme stabilité a été diversement interprété par des analystes politiques. S’agit-il de la stabilité des Institutions ? Le Président a-t-il voulu parler de son propre leadership ? Trop de non-dits qui trouveront, peut-être, des réponses dans les jours à venir.

La Prospérité