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Discours d’oraison funèbre du gouvernement de la République du Mali, a l’occasion du décès du ministre de l’éducation nationale, Dr Temore Tioulenta, par le ministre de la communication, chargé des relations avec les institutions et porte-parole du gouvernement, monsieur Yaya Sangaré

  • Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’État,
  • Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement,
  • Madame et Messieurs les Présidents des Institutions de la République,
  • Chers Collègues ministres membres du Gouvernement,
  • Madame et Messieurs les anciens Premiers ministres,
  • Mesdames et Messieurs les anciens ministres de l’Éducation nationale,
  • Messieurs les leaders religieux, légitimités coutumières et traditionnelles,
  • Camarade Président du parti Adema-PASJ,
  • Monsieur le Président de l’Alliance « Ensemble Pour le Mali »,
  • Mesdames, Messieurs les Présidents de tous les Partis Politiques, toutes obédiences confondues, ici présents,
  • Messieurs les Présidents des associations faitières dans lesquelles militait activement le défunt : Tabital Pulaaku, COREN, et CAREMB,
  • Mesdames et Messieurs, les Membres du Cabinet du Ministère de l’Éducation Nationale,
  • Chers Enseignants, collègues du défunt, professeurs et éducateurs du Mali,
  • Madame TIOULENTA GNOUMA SOURA, BOCAR et TCHINÈ TIOULENTA,
  • Mesdames et Messieurs, des plus illustres aux plus anonymes ici présents,

C’est un redoutable honneur et un devoir bien pénible que celui auquel je suis appelé à m’acquitter ce jour, celui de prononcer une oraison funèbre, ici devant la République et la Nation rassemblées, qui perdent l’un des grands commis de l’État, devant une famille endeuillée qui pleure son soutien, devant un parti qui voit partir un camarade engagé, devant des amis qui ne reverront plus un compagnon, devant un Cabinet qui ne verra plus son ministre et devant des enseignants qui regretteront à jamais un collègue, sinon un espoir.

La charge pour moi est donc grande et l’émotion aussi, de prononcer devant vous, l’oraison funèbre de Dr Témoré TIOULENTA, un collègue du Gouvernement et un camarade du Parti, l’Adema-PASJ au parcours et aux qualités appréciés de tous.

Fidèle à lui-même, TIOULENTA, s’en n’est donc allé, comme il a vécu, humblement, toujours avec cette rage de vaincre les adversités, qui le caractérisait si bien. On le savait souffrant depuis quelque moment, mais, tirant sa force dans sa pudeur habituelle, jamais il ne s’était plaint de sa maladie. Bien au contraire, il aura tenu jusqu’au bout.

Je me rappelle encore de son visage, lors de l’Espace d’Interpellation Démocratique du 10 décembre 2019 et pendant les assises nationales du Dialogue National Inclusif tenues le même mois, auxquels il avait participé activement.

La perte pour le pays est donc immense et notre douleur infinie, parce qu’avec Dr Témoré TIOULENTA, c’est de mémoire, la troisième fois qu’un Gouvernement du Mali, depuis la Révolution de Mars 91, perd ainsi un ministre en pleine fonction, après Boubacar Sada Sy et Mohamed Lamine Traoré, respectivement ministre de la Défense et des Anciens Combattants et ministre de l’Éducation nationale. Puisse la liste s’en arrêter là, mon Dieu !

Nous savons tous que la vie n’est pas éternelle et la mort inévitable, mais quand celle-ci frappe l’un des nôtres, c’est une véritable déchirure, une douleur difficile à contenir. Car, nous ne sommes jamais préparés à la perte d’un être cher. Aucun mot ne serait suffisant pour exprimer le chagrin causé par cette disparition soudaine, inattendue et rien ne saurait l’apaiser.

Grande a été la surprise de beaucoup de maliens, y compris les plus proches d’apprendre le décès du camarade ministre TIOULENTA, ce vendredi matin, alors que le pays venait juste de terminer avec les présentations de vœux au Président de la République, Chef de l’État, pour cette nouvelle année 2020 qui vient d’ouvrir ses portes.

Mais quand le destin nous arrache un collaborateur d’exception, que nous reste-t-il ? Un seul devoir. Celui de lui rendre l’hommage qu’il mérite en relayant une dernière fois pour la postérité, son exemple, à travers les grandes étapes de sa vie, ses principaux traits de caractère, ses qualités humaines et professionnelles, son sacerdoce pour l’État qu’il a servi, et les causes nobles qu’il a défendues de son vivant.

Dr TIOULENTA, né dans les profondeurs de notre pays, connait bien le Mali. Il a traversé les rivières, arpenté les sentiers sinueux de nos campagnes et bravé des intempéries pour se hisser à ce niveau de responsabilité. Il connaissait le monde de l’Éducation, du plus haut cadre au plus humble de ses serviteurs et savait traiter chacun avec courtoisie et égard.

  • Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’État
  • Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement
  • Madame et Messieurs les Présidents des Institutions de la République,
  • Chers Collègues ministres membres du Gouvernement,
  • Madame la Veuve et enfants du défunt,
  • Chers Enseignants, collègues du défunt, professeurs et éducateurs du Mali
  • Honorables et Distingués invités,
  • Mesdames et Messieurs,

Le Ministre Témoré TIOULENTA était un homme de synthèse intellectuelle. Éducateur de classe exceptionnelle, professeur d’Université, parlementaire de premier plan, ministre, dont l’intelligence, la compétence et la force de conviction étaient unanimement respectées et faisaient honneur à notre pays. Il symbolisait si bien ce qui nous unit et nous rassemble, par-delà nos différences et nos diversités.

Enseignant, pédagogue, politique, homme de conviction, TIOULENTA respirait l’Éducation, l’Enseignement de notre pays. Il en avait conscience et s’en souciait.

Professeur d’enseignement supérieur de classe exceptionnelle, il débuta sa carrière en 1978 à l’École normale secondaire de Badalabougou, comme professeur de lettres, l’année même où il venait juste de décrocher son diplôme en lettres modernes à l’École normale supérieure de Bamako, après un baccalauréat en Série Lettres Classiques au Lycée Askia Mohamed de Bamako, obtenu en 1974.

Ambitieux, Témoré TIOULENTA s’envola plus tard pour Paris, d’où il revint nanti de son Doctorat (avec la mention Très Honorable) en Sciences du Langage, obtenu en 1991, à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales de Paris.

Ce parchemin lui ouvre les portes de l’enseignement supérieur et il devient, tour à tour, Chargé de recherche, puis Chercheur au Département de Linguistique et Traditions Orales de l’Institut des Sciences Humaines de Bamako. Un Département qu’il dirigea du reste de 1992 à 1994, année à laquelle, il sera affecté à Mopti, en qualité de Directeur régional de l’Éducation. En 2000, il est promu Chef de Cabinet du Ministre de l’Éducation Nationale, Moustapha Dicko, son ami et camarade du Parti.

Deux années plus tard, Dr TIOULENTA, devient le Conseiller Technique Principal du projet de Lutte contre le VIH/SIDA dans les programmes de l’Éducation de Base de la GTZ, la coopération technique allemande où il servira, de 2005-2006, comme consultant d’appui, à la GTZ et au PNUD pour l’exécution de leur rôle de Chef de file des Partenaires Techniques et Financiers (PTF) de l’Éducation.

En 2006, Dr TIOULENTA fera son come-back dans la haute administration publique, comme Directeur de l’Académie d’Enseignement de Kati, avant d’être élu député à l’Assemblée nationale au cours de la législature 2007-2013. De 2014 à 2015, il est cadre à la Direction Nationale des Ressources Humaines du Secteur de l’Éducation. Et depuis 2016, jusqu’à sa nomination récente le 05 mai 2019 comme ministre de l’Éducation Nationale, il était le Directeur National de la Pédagogie.

Appelé au gouvernement en mai 2019 comme Ministre de l’éducation nationale, Dr Témoré Tioulenta, a engagé de grands chantiers pour le redressement de l’école malienne. Il voulait pour notre pays une école plus performante et plus compétitive, avec plusieurs initiatives innovantes courageuses. Il s’est battu pour le retour de certains fondamentaux dans nos écoles. En témoigne cet appel au redressement de l’école malienne, je le cite : « Il faut aller au redressement de l’école malienne. Cela passe par le retour à l’ordre et à la discipline. C’est-à-dire, le respect des élèves envers les professeurs et les enseignants, et le respect aux lois de la république et au règlement intérieur de l’école. Car on ne peut pas construire un pays dans la défiance de l’élève au professeur » fin de citation. Tout un programme pour sauver l’école.

Il a à son actif plusieurs œuvres, (études, enquêtes et travaux) dont les plus connues restent :

  • « Analyse des besoins de formation du personnel enseignant du Mali », (PRODEC – ACDI TECSULT), 1999 ;
  • « Enquête sur Sida et société dans la région de Mopti », Institut de Recherche pour le Développement, 1994 ;
  • « Enquête sur la situation socioéconomique des femmes de Gavinané », Cercle de Nioro ;
  • « La poésie Peule du Macina », Notre librairie n°74, 1992 ;
  • « Les emprunts lexicaux du Peul au Bambara et au Français : aspects sociolinguistiques et problématique d’intégration », Thèse de Doctorat, 1991, MENTION TRES HONORABLE ;
  • « Sammburu Bilaali », un essai sur la réinsertion sociale des anciens combattants, 1985, Deuxième prix en Fulfulde, Grands Prix Littéraires du Mali ;
  • « Nafannde Arsike wittii Bolibaana », 1983, une nouvelle portant sur l’exode des jeunes ruraux du Macina, Premier prix en fulfulde, Grands Prix Littéraires du Mali ;
  • « Recensement des termes traditionnels de l’élevage en Peul et la créativité lexicale » 1978, Mémoire de Maitrise, École Normale Supérieure, Bamako.

SON PARCOURS NE SERAIT PAS MIEUX RENDU, SI JE NE RAJOUTAIS PAS À CELA, SA RICHE EXPÉRIENCE POLITIQUE ET ASSOCIATIVE AUSSI BIEN REMPLIE, OÙ IL FUT :

  • Membre fondateur du Bureau d’Études et de Réalisations, Sahel Consult en 1996 ;
  • Membre fondateur en 1992 et Secrétaire Général de Tabital Pulaaku, l’Association des Amis de la Culture Peule ;
  • Président de l’Association pour le Développement de la Commune de Toguéré Coumbé (ADCTC) ;
  • Président de l’Association pour le Développement du Cercle de Ténenkou (ADCT) ;
  • Président de l’Association pour le Développement Durable du Delta (A3D) ;
  • 1er Vice – Président de la Coordination des Associations des Ressortissants des Cercles de la Région de Mopti Résidant à Bamako (CAREMB) ;
  • Secrétaire aux Relations Extérieures du Collectif des Ressortissants du Nord (COREN) ;
  • Député à l’Assemblée Nationale et Président du Groupe parlementaire de l’ADEMA-PASJ, Législature 2007 – 2013.

Je dois singulièrement souligner, à cet égard, que dans cette mission pour la nation toute entière, le Docteur TIOULENTA, fut de ceux qui ont rehaussé le niveau et la qualité du débat parlementaire à l’Assemblée Nationale. Nous avons encore en mémoire, son éloquence, sa verve, sa capacité d’analyse profonde et de persuasion dans la plus grande courtoisie, lors de ses prises de parole dans les débats en plénières à l’Assemblée nationale. Il faisait la fierté du parlement malien, chaque fois qu’il devait représenter notre pays aux plans régional et international.

Il fut aussi :

– Secrétaire Général Adjoint du Comité Exécutif de l’ADEMA-PASJ ;

– 1er Vice – président du Secrétariat Exécutif de la Convention des Partis Politiques de la Majorité Présidentielle (CMP), puis de la plate-forme « Ensemble pour le Mali » ;

– Coordinateur de la plateforme « Ensemble pour le Mali » de la Région de Mopti.

  • Son Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’État ;
  • Monsieur le Premier ministre, Chef du gouvernement ;
  • Leaders religieux, autorités traditionnelles et coutumières,

Musulman de confession, Témoré TIOULENTA, a choisi de partir aussi un vendredi, jour saint des musulmans, un symbole de synchronicité, comme pour rappeler, dans un ultime message non verbal, son attachement indéfectible à sa religion.

  • Cher camarade,
  • Mon Cher Témoré TIOULENTA,

Militant de l’Adema-PASJ et collègue ministre Témoré TIOULENTA, ainsi vient l’heure pénible de la séparation définitive. Mais avant de te laisser partir, je voudrais que tu emportes avec toi notre témoignage, chaleureux et unanime. Le témoignage de la Nation, de l’État et de la République.

Je voudrais reconnaitre devant tous ici rassemblés, devant le Président de la République, SEM Ibrahim Boubacar Keita, tes hautes qualités personnelles et tes mérites professionnels au service de l’État. Cela, au nom du Gouvernement de la République conduit par le Premier Ministre, Dr Boubou CISSE. Nous reconnaissons que tu fus un homme de devoir, un infatigable, un fidèle et loyal serviteur de l’État, un homme d’action et non du verbe. Nous témoignons que tu as rempli ta part de mission dans la symphonie de l’action gouvernementale, et partout où tu as servi, tu l’as fait avec classe, honneur et dignité. La Nation et la République perdent en toi un grand commis de l’État, un patriote convaincu.

Tes amis et camarades du Parti, l’Adema-PASJ, témoignent perdre en toi un symbole de combat et de fidélité politique en toute circonstance. Ta famille orpheline, avoue avoir perdu un être cher, un époux attentionné, un père affable, un frère bienveillant.

Aussi, en ces moments d’émotion intense, je réitère l’expression affectueuse de la profonde compassion, des condoléances émues de toute la nation et des plus hautes autorités du pays, en commençant par le Président de la République, SEM Ibrahim Boubacar KEITA, ton Premier Ministre et l’ensemble de tes collègues, membres du Gouvernement, à ta courageuse et sympathique désormais veuve, Mme TIOULENTA GNOUMA SOURA, et à vos enfants, BOCAR et TCHINÈ TIOULENTA.

Nous nous inclinons devant l’évidence que MOURIR est le destin de tout un chacun et que Personne ne sait à quel âge ces jours toucheront à leur fin. Et le poète avait aussi raison ; je le cite « Le Tombeau qui sur les morts se ferme, ouvre le firmament. Ce que nous prenons ici-bas pour le terme n’est que le commencement » fin de citation. Par ta façon d’être, ton rapport aux autres et ta conception de l’existence faite de sagesse et de respect, tu as vraiment réussi ta vie.

Face à la sentence du Maître Suprême de l’Univers, nous acceptons ta mort, nous faisons notre deuil et nous te laissons partir en paix, parce que la mort fait partie du chemin de la vie. Elle le continue et nous devons la concevoir comme une étape de notre destinée personnelle à tous.

  • Dr TIOULENTA,
  • Camarade et Cher Collègue !

Acceptes nos larmes et nos pleurs comme des mots d’amour envoyés au ciel afin de couvrir ton cœur de bonheur dans ta dernière demeure.

Officier de l’Ordre National, À toute ta famille, à tous tes anciens collègues de l’université et de l’Assemblée nationale, de l’Adema-PASJ, de Tabital Pulaaku et toutes les autres associations, j’exprime notre sympathie la plus attristée.

Dors et reposes-toi en Paix, Camarade et Collègue ! Dr TEMORE TIOULENTA. ADIEU !

Bamako, le 12 janvier 2020

Le Gouvernement     

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