Dans le lexique des ophtalmologistes, la diplopie est définie comme une vision double d’un objet unique. Même si elle ne représente pas un fréquent motif de consultation chez les ophtalmologistes, parce qu’on n’en rencontre rarement, la pathologie se présente sous deux types, dont la forme binoculaire reste une urgence ophtalmologique. Le Pr Sanoussi Bamani, ophtalmologiste au Centre de diagnostic médical Cely fait autorité dans la discipline.
L’ophtalmologiste, qui sait de quoi il parle, explique que la diplopie est la vision double d’un objet unique. à titre d’exemple, si vous montrer un doigt à une personne atteinte de diplopie monoculaire, elle verra double. Le toubib relève qu’il y a deux sortes de diplopie. Il s’agit de diplopie monoculaire qui persiste à l’occlusion de l’œil, c’est-à-dire que même lorsqu’on ferme l’œil et présente un doigt à la personne atteinte de diplopie monoculaire, elle verra double. Le Pr Sanoussi Bamani précise que cette diplopie peut être liée à une taie cornéenne (une cicatrice au niveau de l’organe de vue) ou à une cataracte. Mais, il s’empresse d’ajouter que la diplopie monoculaire n’est pas une urgence ophtalmologique. Par contre, l’autre type, la diplopie binoculaire l’est.
Dans cette forme, si on présente un objet à l’individu, les deux yeux ouverts, il aura une vision double de l’objet qui lui a été présenté. C’est une urgence ophtalmologique et il faudra explorer pour le diagnostiquer parce que la diplopie binoculaire peut être liée à la présence de sang dans la cavité orbitaire, à une lésion d’un muscle oculomoteur. Le spécialiste en ophtalmologie explique que l’œil compte 6 muscles oculomoteurs qui lui permettent de bouger dans les sens. Une fois qu’un de ces muscles est atteint, l’œil ne plus bouger en direction de ce muscle.
La lésion d’un muscle oculomoteur peut être aussi provoquée par un processus dans le cerveau qui fait que le nerf peut être atteint. Puisque celui-ci à un long parcours à faire, il peut être touché au cours de ce trajet. Les causes sont aussi tumorales, infectieuses ou inflammatoires. Le Pr Sanoussi Bamani de Cely explique aussi que puisque le traitement est fonction de la cause, il faut souvent faire le scanner ou l’Imagerie par résonance magnétique (IRM) pour déterminer la cause. On a recours aussi à d’autres examens comme la glycémie dans le cas du diabète, souvent incriminé comme étant à l’origine de la diplopie.
Pour mieux comprendre le phénomène, l’ophtalmologue dissèque pour nous la correspondance sensorielle, selon l’expression consacrée par les ophtalmologistes. Les explications du Pr Sanoussi Bamani : lorsqu’on projette un objet sur les deux yeux, il y a des points rétiniens correspondants qui permettent une localisation identique par les deux yeux. Mais si le parallélisme des yeux disparaît, en ce moment l’objet fixé par la macula (une zone située au centre de la rétine), sera fixé dans une zone extra maculaire donc il n’y aura pas de points rétiniens correspondants normaux. Cette anomalie explique la diplopie ou la double vision.
Pour le praticien du centre de diagnostic médical Cely, la diplopie monoculaire est moins préoccupante. Mais une attention particulière doit être accordée à la diplopie binoculaire parce que c’est une urgence ophtalmologique à prendre en charge par les spécialistes. Le Pr Sanoussi Bamani rappelle qu’un examen avec la lampe à fente (un microscope ophtalmologique) permet de savoir si la diplopie est monoculaire ou binoculaire. Mais dans le deuxième cas, explique le grand maître des sciences ophtalmologiques, il peut y avoir des implications vitales (le malade peut en mourir).
Le praticien conseille devant tout cas de diplopie, surtout dans une situation de diplopie douloureuse (parce que c’est souvent accompagné de maux de tête), de consulter un médecin ophtalmologiste parce que la vie du patient peut être menacée.
Au vu des explications qui précèdent, aucune négligence coupable n’est admise face à la diplopie.
Donc à la moindre sensation de percevoir double un objet unique ; il faut consulter soit un médecin généraliste qui oriente soit un spécialiste, notamment un neurologue ou ophtalmologiste. Il faut donc retenir les mécanismes, bons à savoir pour les non professionnels en vue d’éviter des complications, pouvant être tragiques.
Bréhima DOUMBIA
Source : L’ESSOR