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Diéma : «SALAWALÉ», Pas qu’une simple fête des enfants

Le ‘’salalawalé’’ est une pratique traditionnelle qui existe depuis les temps immémoriaux. Elle consiste, à partir du 10è jour du mois de ramadan, pour les enfants âgés de 8 à 15 ans, de se réunir toutes les nuits en petits groupes séparés, garçons et filles, pour se rendre dans les maisons et demander de l’aumône à celles qu’ils appellent les ‘’denba gnuma’’, (les mères de bon cœur en français).

Cette coutume ancestrale, qui permet de renforcer la cohésion sociale et la solidarité au sein des communautés, garde toujours ses valeurs intrinsèques, surtout dans le pays profond. Les filles, leurs rôles consistent à entonner des chansons à l’honneur du Prophète Mohamed (Paix et Salut sur Lui) et sa fille, Fatoumata (Louange à Elle).

L’une d’entre elles, chargée du ‘’Ji dundun’’, tapote sans cesse, à l’aide de deux bâtonnets, longs et solides, une petite calebasse renversée dans un récipient, généralement une grande calebasse ou une tasse en plastique, remplie d’eau. De leur côté, les garçons, eux, se comportent en véritables bouffons. Vêtus avec des sacs de céréales confectionnés, chapeaux en paille placés sur la tête, ils se livrent à une danse propre à eux, claudiquant et tournoyant en rond. Si ce spectacle fait tordre Sané de rire, cette autre femme, renvoie les badauds, qui viennent souvent perturber son sommeil, avec leur litanie, ‘’Aw ma yogoro yé wa Yogoro sè kotiobé, Yogoro bolo kotiobé…’’ qui sonne glas dans les oreilles.

Ils n’en finissent pas, ces gamins, de se dandiner, ‘’jigui dianga solo’’, famaden pogotigi’’. Tout à coup, un enfant se vautre dans la poussière, puis devient calme, sans le moindre mouvement, ressemblant à un cadavre. Alors ses compagnons se mettent à implorer en ces termes : ‘’musso ni ma bo dondonli sara’’, traduction «femme si tu ne sors pas, la guêpe maçonne vient de rendre l’âme… » faisant allusion à l’enfant resté sans signe de vie. Ce dernier demeure dans cette posture jusqu’à ce que le cadeau arrive, mil, riz, arachide, pièces de monnaie, etc.

Mais rarement, ils acceptent les restes d’aliment. Une fois le cadeau reçu, l’enfant étalé à terre, bondit sur ses deux jambes. Dans le cas contraire, si les enfants ne gagnent rien dans une maison, certains, les plus incrédules, maudissent, profèrent même des invectives à l’encontre des occupants. Certains vont jusqu’à répliquer «Nous ne sommes pas des affamés, mais c’est par respect de la coutume que nous faisons ça».
Koria donne, sans arrière pensée, chaque fois que des enfants pénètrent dans sa maison. Cette femme pieuse soutient que tout ce qu’on donne pendant ce mois béni, est doublement récompensé par Dieu.

C’est pourquoi, Koria est allée monnayer son billet de banque afin d’avoir des jetons qu’elle distribue aux enfants. Ces moments de retrouvailles ne se passent pas sans histoires. Il arrive parfois que, par provocation, des garçons pourchassent des filles et les dépouillent de leurs butins. Bandiougou est un conservateur et il aime le « salawalé ».

«Les avantages du ‘’salalawalé’’, explique l’homme sont multiples. Ce brassage permet aux enfants de se connaître, de se récréer et de partager des moments de joie. Cela ne peut que renforcer la solidarité au sein de la société. Rares sont les personnes de notre âge qui ne se sont pas pliées à cet exercice durant leur enfance», souligne-t-il. Pour lui, le ‘’salalawalé’’ est une pratique qui doit être perpétuée. «Nous devrions consentir plus d’efforts pour mieux sauvegarder nos coutumes et nos mœurs qui sont menacées de disparition».

Ouka BA
Amap-Diéma

Source : L’ESSOR

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