Après qu’ils aient chamaillé autour du dialogue politique souhaité par le Chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Kéïta, au lendemain de sa réélection, les acteurs de l’opposition sont revenus à la raison. Tous reconnaissent que le dialogue est important, il est même un passage obligé pour un Mali émergent.
Depuis sa réélection en août 2018, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, ne cesse de montrer le signe de dialogue politique à travers sa «main tendue» comme l’a été le cas le lundi 24 décembre 2018 à l’occasion de la célébration des 100 premiers jours de son second quinquennat 2018-2023. Le Chef de l’Etat est revenu sur son appel au dialogue au sortir de l’élection présidentielle de juillet et août 2018 qu’il a remportée avec brio.
En effet, au lendemain de ladite élection, le Chef de file de l’opposition, l’Honorable Soumaïla Cissé, et certains candidats malheureux du premier tour, tels Mohamed Ali Bathily, Choguel Kokala Maïga, Me Mountaga Tall, Général Moussa Sinko Coulibaly, et tant d’autres, devenus de facto ses adjuvants, avaient rejeté brouillement les résultats définitif des urnes proclamés par la Cour Constitutionnelle. Ils avaient tous opté pour la voie de contestations ponctuées des descentes dans la rue. Ainsi, ils ont multiplié de marches et meetings, parfois interdits, et ne cessaient d’émailler le quotidien des Maliens de graves incidents, à travers surtout la ville de Bamako. Ce, malgré la main tendue du Président IBK, mais aussi celle de Premier Ministre à travers les différentes concertations qu’il a initié. Le Président de la République, toujours de bonne foi, a réitéré sa disponibilité au dialogue politique.
«Il n’y a pas de problèmes entre le Président de la République élu et aucun citoyen malien. Il y a, peut-être, un problème entre certains citoyens maliens et l’Etat de Droit du Mali, et le Droit du Mali, et le reste de la population du Mali en termes de respect de cette population-là, de son Droit à l’expression souveraine de ce qu’il souhaite et qui doit être respecté. C’est cela. Il est temps, il est bon temps, il est de l’intérêt du pays que l’on en vienne un peu à cette juste appréciation des choses et que l’on évite de toujours personnaliser», a explicité IBK.
La main tendue
A en croire le Chef de l’Etat malien, certains ont des problèmes avec eux-mêmes, leur conception du Droit et du respect des autres et qu’il serait bienvenu pour eux de revenir à une appréciation plus humble de la situation.
«Quand je dis, au sortir de l’élection présidentielle, je n’ai pas de mérite de le dire d’ailleurs, que ma main est tendue, elle l’est, elle le demeure ! Ma main est tendue mais si elle rencontre le vide…! Oui ma main est tendue», a indiqué le Président IBK qui estime que le Mali qui n’est ni «l’apanage de quelques-uns», ni «le monopole de quelques-uns», doit avancer.
Et le Président de la République d’interpeller ses jeunes frères politiques de l’opposition à la table des discussions : «Que chacun sache que ma porte demeurera ouverte en tant qu’aîné de la Nation, sans être le plus ancien, en tant qu’aîné également de certains physiquement aussi, oui, ce sont mes jeunes frères; donc,qu’ils viennent, qu’ils disent au grand frère ce qu’ils pensent et le grand frère leur dira ce qu’il pense aussi et nous avancerons. Mais à cause d’Allah ayez pitié du Mali, on a perdu beaucoup de temps maintenant».
A la suite du Président de la république, le président du Rassemblement pour le Mali (RPM), parti présidentiel, Dr BocaryTréta a lancé un appel fraternel au chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaïla Cissé, de saisir la main tendue d’IBK et d’accepter le dialogue politique. C’était après une rencontre du Dr Treta avec une mission de la Francophonie à Bamako.
Si cette main tendue est vite saisie par des partis comme ADP-Maliba de l’honorable Amadou Thiam qui ont cru à la sincérité du Président IBK, d’autres comme l’URD, le PARENA et la CODEM avaient jusque-là campé sur leur position radicale, en déclarant l’invisibilité de cette main ou une main tendue au poing fermé.
Le retour à la raison
Le temps aidant, les Leaders de l’opposition sont revenus à des meilleurs sentiments ; car, il s’agit de sauver le Mali qui traverse l’une des périodes les plus difficiles de son Histoire et dont le dialogue entre tous les fils devient un impératif.
«Je voudrais juste rappeler notre très forte conviction que pour sortir de la crise, notre pays a besoin de larges concertations entre toutes les forces vives de la Nation», a laissé entendre le Chef de file de l’opposition, l’Honorable Soumaïla Cissé, le lundi dernier, lors de la présentation des vœux de nouvel an de son parti à la presse.
«Le Dialogue républicain que réclame avec force l’opposition politique doit aboutir à un accord politique permettant le consensus nécessaire sur les réformes institutionnelles et politiques pour une sortie de crise réussie. Il doit être sincère, global, inclusif, interactif, dynamique et transparent. Nous réitérons notre engagement, quelle que soit la forme du dialogue,pour prendre les décisions qui vont uniquement dans l’intérêt du Mali, dans le sens de l’avenir de notre pays et du Bien-être de nos concitoyens », a déclaré le Chef de file de l’opposition, l’Honorable Soumaïla Cissé. Ce qui sous-tend l’acceptation de la main tendue d’IBK.
Même son de cloche du côté des responsables du PARENA qui rassurent ne pas être contre un dialogue politique puisque c’est de ça dont le Mali a le plus besoin aujourd’hui.
« Aujourd’hui s’ils veulent qu’on échange, il n’y a pas de problème. Nous sommes disposés à cette rencontre », a récemment déclaré Djiguiba Kéita dit PPR du PARENA de TiébiléDramé.
Du côté du Pacte Malien pour la Refondation au sein duquel les Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (FareAnkaWuli), l’Alliance pour le Mali (APM), le Bloc pour le Redressement et le Développement du Mali (BRDM), l’Alliance pour la Solidarité (AS), la tonalité est pareille.
Modibo Sidibé lors du lancement de ce mouvement prône aussi le dialogue politique. Ainsi déclarait-il : «Nous en avions compris la nécessité, dès 2013, et c’est bien pour cela que nous n’avons cessé de dire au Gouvernement, aux acteurs politiques et à l’opinion nationale, l’urgence à engager un vrai processus inclusif de refondation de l’État au regard des insuffisances de nos institutions».
L’unanimité est acquise, donc, autour du dialogue politique qui devrait être un tremplin de sortie de crise qui secoue le pays. L’opposition est, au regard de leurs différents discours, sont en phase avec le Chef de l’Etat.
Cyril ADOHOUN
Source : L’Observatoire