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Dialogue National Inclusif : l’Alliance, Pour Sauver notre avenir

A.Préambule : le péril est présent

Une crise aux allures apocalyptiques s’est abattue à notre pays, mettant à mal le fonctionnement normal de nos institutions, empêchant nos concitoyens de mener une vie paisible à laquelle ils ont le droit légitime d’aspirer. L’ampleur de la crise a atteint un tel degré qu’il n’est pas excessif de redouter un ébranlement profond de l’existence même de notre pays, millénaire, legs de nos ancêtres.

 

Le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, répète à l’envi, comme lors de sa dernière allocution à la Nation, le
30 novembre, que « notre unité et notre identité sont en jeu » du fait d’une guerre effroyable imposée à notre peuple, à son corps défendant. Une guerre entretenue par des terroristes sans foi ni loi dont l’inqualifiable ambition affirmée est de soumettre notre peuple à un nouvel ordre archaïque à l’antipode des principes qui fondent notre république bâtie sur des valeurs de démocratie, liberté, laïcité, fraternité, tolérance, solidarité, dans une diversité multiculturelle sous-tendue par une solide volonté de vivre en commun.

Le dialogue entre deux individus, entre parties aux avis divergents, consiste à échanger des points de vue autour d’un problème voire d’un conflit, dans la perspective de s’accorder sur une solution donnant satisfaction aux protagonistes. Tel est l’objectif impérieux du Dialogue National Inclusif (D N I) qui est l’émanation indiscutable de la volonté unanime de tous les Maliens de quelque bord auquel ils appartiennent. Il s’agira, en l’occurrence d’un débat ouvert au cours duquel tous les participants donneront leur avis pour trouver des solutions consensuelles aux problèmes lancinants qui tourmentent les populations où qu’elles se trouvent.

B.Un dialogue attendu par tous les Maliens

Devant l’extrême gravité du moment qui taraude l’esprit de tous les citoyens maliens et constitue un sujet de préoccupation majeure pour nos frères africains et amis de par le monde, les retrouvailles sincères et loyales entre Maliens sont devenues un impératif aussi incontournable que pressant.

Chaque Malienne et Malien, de toutes conditions, peuvent-ils rester indifférents à la tragédie dévastatrice du bien le plus précieux qui leur appartient, le sol de leurs ancêtres, martyrisé par la folie meurtrière de quelques égarés en proie à une hallucination qui se nourrit de la barbarie, au mépris de toutes valeurs morales et spirituelles et dont la raison est prisonnière d’un délire machiavélique ?

C.Participer au Dialogue : un devoir de conscience

L’heure n’est plus à la tergiversation ni aux états d’âme. Le temps des récriminations et des antagonismes politiciens doit être dépassé au profit d’une mobilisation massive et résolue de toutes les énergies tendues vers un dialogue inclusif qui seul peut nous mener à retrouver la paix et l’entente. Nous devons nous convaincre que nous pouvons, que nous devons gagner la paix, car il n’y pas d’autres alternatives.

Soyons en convaincus, le combat pour la fraternité et l’unité est à notre portée. Ne ratons pas ce rendez-vous avec l’Histoire pour le salut de notre patrie. Le devoir de mobilisation pour voler au secours de notre pays en proie à tous les dangers interpelle inexorablement la conscience de chaque Malien.

D.Le Dialogue : un processus consensuel

Toutes les forces vives de la nation, partisans de la majorité politique, militants de partis d’opposition, membres de la société civile, mouvements armés, signataires ou non de l’Accord pour la paix et pour la réconciliation nationale issu du processus d’Alger, ont su surmonter leurs différends pour se mettre d’accord pour débattre de leurs problèmes dans le cadre de ce qu’il a été convenu en effet d’appeler « Dialogue National Inclusif ».

Les conditions de déroulement du Dialogue ont fait l’objet de larges délibérations qui ont abouti à des Termes de Référence unanimement entérinés par la quasi-totalité des représentants de toutes les composantes sociopolitiques nationales, de la majorité aux partis d’opposition en passant par les militants de la société civile.

« Établir un diagnostic rigoureux des problèmes auxquels notre pays [Mali] est confronté depuis trois décennies et analyser de manière participative et inclusive leurs causes et leurs conséquences en vue de proposer des solutions de sortie de crise avec un plan d’actions et un chronogramme de mise en œuvre », tel est l’objectif global fixé au Dialogue National Inclusif.

Cet objectif global se compose de six thématiques :

  1. Paix, sécurité et cohésion sociale.
  2. Sortie de la crise politique et institutionnelle.
  3. Économie et finances.
  4. Culture, jeunesse et sport.

Ces six thématiques se déclinent en quarante points qui ont fait l’objet d’une large consultation nationale ayant concerné 10 régions, 46 cercles sur 52, 605 communes sur 611 et les six communes du District de Bamako. S’y ajoutent les 25 ambassades et consulats du Mali à travers le monde pour permettre aux Maliens de la Diaspora de prendre part à l’exercice.

Un portail numérique, proposé par les facilitateurs de la tenue du Dialogue et animé par les spécialistes de l’AGETIC (Agence de technologies de l’information et de la communication), a été ouvert offrant une plateforme à partir de laquelle deux à trois millions de Maliens ont pu exprimer leurs ressentis sur les questions d’intérêt national et dont la synthèse pourra alimenter les débats.

Durant le déroulement du Dialogue National Inclusif, dont le début a été fixé au 14 décembre, plusieurs centaines de participants, désignés sur une base démocratique par les forces vives elles-mêmes de la nation à travers leurs structures faîtières (partis politiques, syndicats, associations de la société civile…), répartis en trois commissions, auront à débattre de ces thématiques en toute conscience pour formuler in fine des recommandations.

E.Toutes les exigences prises en considération

Au sujet de ces recommandations, dans son adresse du 30 novembre à la Nation, le Président de la République a déclaré : « Garant de la Constitution, je tiens à rassurer l’ensemble national que la mise en œuvre des conclusions et résolutions issues de ce Dialogue National Inclusif, sera assurée par le mécanisme indépendant de suivi-évaluation dont les Congressistes me proposeront, et le format et la composition ».

Des compatriotes qui ont estimé se mettre en marge de la tenue du Dialogue National Inclusif ne sont pas des ennemis de la nation malienne. Loin s’en faut. Beaucoup, à plus d’un titre, ont prouvé leur engagement sincère et courageux au service de notre pays. La patrie leur en sera toujours reconnaissante. Il est de notre devoir moral et politique d’affirmer, sans aucun complexe, que ce patriotisme leur fait obligation de s’affirmer comme des acteurs de premier plan dans la mise en œuvre du Dialogue National Inclusif avec la garantie de pouvoir, en tant que Congressistes, s’impliquer dans le suivi-évaluation.

De la façon la plus claire, les Termes de Référence qui président au bon déroulement du Dialogue ainsi que les déclarations du Président de la République, sont de nature à dissiper définitivement toute inquiétude de ceux qui avaient exprimé leurs craintes quant à une participation inclusive au Dialogue et au suivi-évaluation qui serait réservé aux conclusions.

Ces garanties irréfragables publiquement affirmées par le Chef de l’État, s’appliquant à tous les acteurs du Dialogue, du simple citoyen jusqu’au plus haut sommet de l’État, doivent pouvoir convaincre les derniers réfractaires dont beaucoup sont d’ailleurs les initiateurs du Dialogue, à revoir leur position pour mettre en avant, au-dessus de tout, l’intérêt national et se joindre, dans l’honneur et la dignité, à la grande majorité des Maliens convaincus que le Dialogue National Inclusif est aujourd’hui l’alternative la plus crédible pour épargner à notre cher Mali un funeste destin. Ils en seront grandis. Notre peuple fonde un espoir légitime sur leur participation active aux grandes retrouvailles nationales pour sauver l’avenir de notre patrie.

F.Le Dialogue : l’affaire de tous les Maliens sans exclusive

Le Dialogue n’est en aucune façon un monopole de l’État et ses seuls démembrements, même si leurs obligations régaliennes leur imposent de faciliter l’organisation du Dialogue. Il s’agit d’un gigantesque chantier auquel toutes les Maliennes et tous les Maliens sont vivement conviés. À l’issue du Dialogue, c’est une certitude, l’opinion exprimée par tous les participants s’imposera.

Nous devons tous admettre de bonne foi que le dialogue est l’instrument approprié de l’expression de la liberté, une liberté égale pour tous les participants, excluant tout risque de téléguidage quelconque. Tous les participants doivent pouvoir s’expliquer, s’interpeller, échanger à la faveur d’un débat fécond dans une parfaite égalité de droit et de respect mutuel, étant entendu que deux vérités immuables qui s’affrontent ne font que perpétuer le différend et le rapport de force.

Le Dialogue National Inclusif nous commande de nous percevoir, non pas comme des adversaires irréductibles, mais comme des partenaires dans une quête commune, imposant à tous les protagonistes une volonté sincère de lutter contre ce qui entrave la compréhension réciproque. En un mot, le Dialogue National Inclusif vise l’accord inéluctable des esprits comme le seul véritable critère de la vérité et le but ultime à atteindre. Comme disait un penseur, « sous réserve que chacun fasse l’effort d’élever sa parole à la hauteur de cette exigence, on a raison avec les autres ou on a tort contre eux ».

Soumettre ses propres arguments à l’épreuve de la réfutation des autres présuppose que le dialogue nous amène à accepter que nul ne saurait se prévaloir de « sa » seule vérité en opposant du mépris à la vérité de l’autre. Chacun doit s’efforcer de prendre de la hauteur pour voir loin dans la délivrance de notre patrie.

Notre idéal d’un monde commun repose sur une vision commune qui puisse rendre praticable un dialogue salutaire impliquant forcément l’ouverture à l’autre. Dans cette perspective, le dialogue suppose la conviction selon laquelle nul ne saurait se prévaloir de ses certitudes sans être à l’écoute de l’altérité, c’est-à-dire cette capacité à reconnaître autrui comme différent de soi.

Le Dialogue National Inclusif est, par essence, ouverture à l’autre. Il suppose des convictions profondes et sincères, mais il impose aussi, en faisant appel à l’humilité, la nécessité de relativiser la particularité de son point de vue pour aller à la rencontre de l’autre, dans une logique pluraliste donc forcément relativiste.

Les questions cruciales qui seront débattues sans fard engagent l’existence même de notre pays. Ces questions-clés qui porteront sur la paix, la gouvernance, la justice, notre mode de vie en société, feront certainement l’objet d’âpres débats dont le génie des intelligences regroupées et la bonne foi de tous sauront venir à bout.

G.L’amour de la patrie plus fort que tout

Les retrouvailles auxquelles toutes les forces vives de la Nation sont conviées ne peuvent aucunement constituer un blanc-seing déguisé laissant croire aux tenants du pouvoir qu’ils ont la liberté d’agir comme bon leur semble. Ces retrouvailles ne marquent pas un terme au jeu politique classique traditionnel dans notre pays. Les partis politiques continueront à vivre et à mener leurs activités de mobilisation auprès de leurs militants. Les retrouvailles autour d’un objectif majeur doivent être perçues comme une trêve, comme cela est de rigueur dans bien des pays lorsque les circonstances imposent impérativement de surseoir aux antagonismes pour se mobiliser, au-delà des chapelles, pour le salut d’une Nation en danger.

Tous les acteurs sont suffisamment pénétrés de la gravité des enjeux pour s’abstenir de toute manipulation politicienne irresponsable. Du reste, un de ces acteurs politiques résume avec éloquence la situation : « Nous avons l’obligation de réussir ce dialogue. Nous sommes face à l’Histoire ».

Le temps de nous unir nous interpelle ! L’alliance pour sauver le Mali nous appelle ! Soyons à la hauteur de notre devoir ! La réussite du Dialogue ne sera pas au compte d’une seule partie ou même d’un gouvernement, mais bel et bien le fruit d’une prise de conscience nationale stimulée par un sens aigu de la responsabilité, elle-même conjuguée avec un mouvement de sincère confiance entre Maliens mus, par-dessus tout, par un irrésistible sentiment d’amour inaltérable pour leur patrie !

Boubacar Alpha Bah , MATCL,  plaidoyer pour des retrouvailles nationales, décembre 2019

SourceMalijet

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