Lancé il y a quelques mois, le dialogue inter-maliens a produit un document qu’il faut apprécier à sa juste valeur même si d’aucuns, notamment de la classe politique le rejettent purement et simplement. En effet, les participants représentant les 24 millions de Maliens ont émis ce qu’ils pensent propice pour traiter l’épineuse question de défense et de sécurité au Mali.
A ce rendez-vous d’échanges et de discussions où la quatrième thématique portait notamment sur l’aspect sécurité et défense, les participants dans leur recommandation ont souligné que la seule action militaire n’est pas suffisante pour le retour de la paix. En outre, ils évoquent la moralisation du processus de recrutement dans les Forces armées et de sécurité, afin de disposer d’une armée professionnelle et bien équipée. Aussi, les participants proposent de procéder à un meilleur maillage du territoire en révisant la carte militaire. Parmi leurs recommandations figure la facilitation de l’accès des populations aux services sociaux de bases ; la facilitation des rapports entre les Forces armées et de sécurité et les populations ; le renforcement du rôle des autorités traditionnelles dans la gestion des conflits ; la sensibilisation et la formation des autorités locales et les populations dans la mise en œuvre des plans de gestion des risques, des crises et des catastrophes. S’y ajoutent le renforcement des actions civilo-militaires ; la déconcentration du recrutement dans les Forces armées et de sécurité (quotas par commune, cercle et région) ; le renforcement de la surveillance des frontières. Ils vont loin et prônent l’intensification des campagnes de sensibilisation sur les dangers de la prolifération des armes ; la lutte contre l’économie criminelle ; la création d’un site mémoriel des martyrs de la Nation ; l’écriture de l’histoire militaire du Mali pour son enseignement dans les écoles maliennes ; la création des canaux d’échanges et de communication entre les Forces armées et de sécurité et les chercheurs ; l’amélioration des conditions de vie et de travail des Forces armées et de sécurité ; l’achèvement du processus de délimitation et de bornage des frontières ; la sensibilisation des populations au vivre ensemble au niveau des frontières ; la création et le renforcement des postes de sécurité frontaliers terrestres, fluviaux et aériens.
L’opérationnalisation des nouveaux postes de sécurité
A lire le document de 17 pages, les participants plaident pour l’opérationnalisation des commissariats de police, celle des centres de secours et les brigades de gendarmerie déjà créés. Ils sollicitent la mise en place des postes de sécurité mobiles entre les grandes agglomérations ; la promotion et le renforcement d’une justice sociale équitable pour tous ; la poursuite du renforcement des capacités des Forces armées et de sécurité en formation, équipements, budget et effectifs ; l’encadrement des artisans armuriers dont les compétences peuvent être mises à profit pour l’émergence d’une expertise endogène ; la promotion de l’amour de la patrie et l’esprit du don de soi ; la recherche des mécanismes innovants pour soutenir l’effort de guerre ; l’anticipation et l’accompagnement pour le retour des réfugiés et des déplacés dans leurs localités respectives ; la prise des dispositions nécessaires pour la réinsertion socio-économique des déplacés et des réfugiés.
Doter le pays d’un satellite, sanctionner les fausses informations, créer des comités de veille citoyenne
Parmi lesdites recommandations figurent la prise en compte de nos valeurs sociétales dans la gestion des crises ; la dotation du Mali d’un satellite de communication et de surveillance pouvant couvrir tout le territoire ; rendre la justice, promouvoir le pardon et le consensus national autour des questions de défense et de sécurité ; éviter l’amalgame et la stigmatisation dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ; sanctionner la diffusion de fausses informations sur la situation sécuritaire ; renforcer la communication entre l’Etat et les légitimités traditionnelles ; renforcer les capacités des autorités et légitimités traditionnelles ; instituer les comités de veille citoyenne dans les villages, fractions et quartiers ; prendre en compte les questions de sécurité comme critère de performance dans l’évaluation des communes ; créer des polices de proximité et des commissions de sécurité au sein des conseils communaux ; veiller au respect de la réglementation du port d’arme ; recenser et collaborer avec les fabricants d’armes artisanales pour un meilleur contrôle ; accentuer le contrôle du trafic d’armes au niveau national ; sanctionner les trafiquants d’armes et autres produits prohibés.
Dissolution les groupes d’auto-défense, militariser les corps paramilitaires
Pour la paix et la réconciliation, il est désormais sollicité de dissoudre à terme les groupes d’auto-défense et les milices armées ; mettre en œuvre un programme DDR au profit des membres des groupes armés ; militariser les corps paramilitaires (Eaux et Forêts, Douanes et Administration pénitentiaire) ; interdire l’immixtion du politique dans le détail du fonctionnement des Forces armées et de sécurité ; créer une synergie d’action interministérielle et relever le niveau de vigilance pour la protection des points sensibles ; assurer une coopération entre les populations frontalières et les FAS ; mettre l’accent sur la coopération avec les pays voisins et les partenaires dans le strict respect des trois principes qui guident l’action publique au Mali ; impliquer les populations frontalières dans la sécurisation des frontières ; renforcer la collaboration entre les autorités et les populations riveraines des frontières ; renforcer la surveillance des frontières ; encourager l’emploi et l’entrepreneuriat jeune pour circonscrire le flux migratoire et lutter contre l’enrôlement des jeunes dans les groupes armés terroristes ; interdire et sanctionner les rackets sous toutes leurs formes….
Des infrastructures à réhabiliter
Aux autorités de la transition, il est recommandé d’installer des postes de sécurité dans certains points sensibles, notamment sur la route RN15 : Parou, Mandoli Diallo sur l’axe Mandoli-Somadougou, Baye (Bankass) ; la route RN15 : GoundaKa et Bandiagara, Koro et Bhi (axe Koro – Ouagouiya), Koro et Diankabou. Les participants demandent le ratissage des zones Timiniri, Pignari, Pignari-Bana, Doucombo, Bara-Sara, Lowol-Guéou, Dourou, Baye, Borko, Bamba, Kassa, Timini, Anaye, Dinangourou, Torolly, Zon, Orodourou, Pouty, Ouenkoro, Korientzé-Saraféré, Ténenkou, Youwarou, Niono, Nara, Nioro. Ils sollicitent la construction et le bitumage des infrastructures routières, telles que celles de Kadiolo-Fourou-Kadiana ; Kadiolo- Misséni- Deléou. Du DIM ressort la réhabilitation des routes Sikasso- Zegoua (deux fois deux voies) ; Farakala- Lobougoula-fourou ; Loulouni-Nimbougou- Ouéléni (B FASO) ; Zegoua- Baguaira (B FASO) ; Sévaré-Gao; Ansongo-Ménaka-Anderamboukane-frontière Niger (Abala et Banibangou) ; Ménaka-Kidal-Tinzawatène ; Ménaka-Tindermène ; Ménaka-Inékar ; Tessalit-Bouressa ; Konna-Korientzé-Tonka; Mopti-Dialloubé; Kwala-Mourdiah-Nara-Frontière Mauritanie ; Goumbou-Fallou-Ballé-Nioro du Sahel ; Gossi-Rarhouss-Tombouctou ; Kita-Kourourinkoto-Diéma ; Kidal-Talahandar ; Kidal- Inafara . A cela s’ajoute la poursuite de la construction de la route Tombouctou-Goma coura-Niono ; Daguol-borhè-NGouma ; Boni-Mondoro ; Koutiala-Yorosso ; Yorosso-Boura-Frontière Burkina Faso.
Mamadou Diarra
Source : LE PAYS