Dans son adresse à la Nation à l’occasion du nouvel, le président de la transition, le colonel Assimi Goïta a proposé un dialogue inter-maliens sans intermédiaire pour couper les racines de l’insécurité au Mali. Un défi, certes lourd à porter mais qui vient parachever la mission de pacification du Mali assignée à la transition.
« Les Guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix ». Cette assertion de l’Acte constitutif de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, traduit bien la nouvelle démarche des plus hautes autorités de la transition pour la paix dont le processus a été longtemps piloté par une médiation étrangère.
Extériorisée par le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, lors de son adresse à la nation à l’occasion du nouvel An, cette demande de Dialogue est loin d’être une faiblesse, comme l’a d’ailleurs rappelé, le ministre de la défense, le col. Sadio Camara lors de la réception d’autres équipements militaires, courant la même semaine à l’aéroport international président Modibo Keita de Bamako, mais de la grandeur et de l’ouverture d’esprit qui considère que tout ne se résume pas à la guerre et aux armes.
Aussi, il faut noter que cette demande du président de la transition survient après un rapport de force largement en faveurs de l’armée malienne contrairement à la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, en 2015.
Car, les groupes rebelles indépendantistes ont été délogés de force de tous leurs refuges au Mali comme le témoigne la libération de Kidal, le 14 novembre 2023.
Qu’à cela ne tienne, le ministre de la défense a réitéré, le 4 janvier, l’appel du gouvernement à l’endroit de ce qu’il considère comme « des frères égarés » à rejoindre ce processus de paix inter-malien proposé par le président de la transition non pas par faiblesse, mais par « nécessité pour notre pays et pour le vivre ensemble ».
Si la principale coordination des mouvements armés (CMA) n’a pas encore officiellement réagi, le MSA (Mouvement pour le salut de l’Azawad), allié de Bamako quant à lui, adhère à l’idée d’un dialogue direct inter Malien. « Nous sommes convaincus que ce dialogue est à saluer. Nous allons l’accompagner, pour le bien-être de nos populations sur toute l’étendue du territoire malien. Si les Maliens reviennent entre eux à la table, ils vont discuter facilement et on pourra sortir de cette crise. » a indiqué son porte-parole Ilyas Ag Siguidi.
Ce dernier pense d’ailleurs que c’est la « seule alternative pour retrouver la paix » au Mali. « Les Maliens ont pris conscience qu’aucune entité extérieure ne pourra gérer un problème inter-malien. C’est pourquoi nous pensons que c’est la solution pour sortir de cette crise qui ne fait que trop durer, et qui affecte toutes les populations maliennes, sur les plans économiques, sécuritaire et même social », a-t-il ajouté.
Pour réussir de ce pari, les autorités de la transition ne souhaitent laisser personne pour compte. C’est pourquoi, aussitôt émis par le Col. Assimi Goïta dans son discours, le Ministre d’État, le colonel Abdoulaye Maïga et son homologue en charge des affaires religieuses et du culte, le Dr Mahamadou Koné se sont rendus chez les leaders religieux afin d’avoir leur bénédiction.
Ainsi la famille fondatrice de Bamako, le haut Conseil islamique de Mali, l’archevêque de Bamako, le cardinal Jean Zerbo Zerbo, le Révérend Dr. Nouh Ag Infa Yattara, représentant de l’Association des Groupements d’Eglises et Missions Protestantes Evangéliques au Mali ont tous été rencontrés pour accompagner le processus la paix.
Parallèlement à ces autorités les gouverneurs des différentes régions administratives ont été également chargés d’organiser une rencontre du cadre d’échanges avec les légitimités traditionnelles de leur circonscription sur la question.
Ainsi du centre au Nord du pays les représentants des légitimités traditionnelles ont massivement répondu présents à toute première rencontre pour baliser la marche vers la paix et le vivre ensemble au Mali. Bien que partageant l’idée, certains, surtout du centre du Mali ont émis des recommandations sur la qualité, la sincérité et la légitimité du Dialogue et ses participants. Pour qu’un mal puisse bien guérir, selon ces derniers, il faut que partout ou saigne sur le corps soit connu et pensé au risque d’échec pour toute la thérapie.
Il faut signaler que cette proposition de dialogue intervient dans un contexte de grande fissure entre certaines communautés au Mali. Donc ce dialogue, s’il est sincère peut être une véritable opportunité pour que les Maliens se retrouvent, se disent toutes les vérités pour ensuite se pardonner.
Issa Djiguiba
Source : LE PAYS