Alors que l’option militaire déclenchée depuis 2013 ne contient que peu la menace jihadiste dans le nord, Paris s’oppose à toute option de dialogue avec ceux qui contrôlent le Sahel, malgré les conclusions du dialogue national inclusif et la capitulation d’un pouvoir de transition qui a du mal à se frayer le chemin.
En visite à Bamako, le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a affiché l’opposition de la France à toute opportunité de dialoguer avec les jihadistes.
Pour Jean-Yves le Drian, il n’est point question de discuter avec ces hommes sans foi ni loi, car l’accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger, avec la CMA et la Plateforme d’Alger, suffit pour retrouver selon lui, la paix.
«Disons les choses très clairement. Il y a des accords de paix. Il faut mettre en œuvre les accords de paix. Ce sont les accords de paix qui font la paix, a-t-il insisté. Avant de poursuivre. Ils ont été validés par un certain nombre de signataires, dont des groupes armés signataires. Et puis, il y a les groupes terroristes qui n’ont pas signé les accords de paix. Les choses sont simples».
Cette position française ressemble à un caillou dans les bottes des autorités de la transition. En effet, la décision de négocier avec les djihadistes opérant au nord et au centre du Mali, au premier rang duquel Iyad Ag Aly et Amadou Kouffa, est une exigence des conclusions du Dialogue national inclusif. Cette recommandation porte sur les actions à court terme de la Thématique N°1 : Paix, sécurité et cohésion sociale, qui stipule : « Engager le dialogue avec Amadou Koufa et lyad Ag Ghali pour ramener la paix au Mali ».
Niet de Bamako
Pour Bamako, rien ne doit freiner cet élan de dialogue. Le président IBK avait balisé le chemin et promis de faire tout ce qui lui sera possible dans des conditions de la loi, dans l’intérêt supérieur de la République. Cet engagement se poursuit avec les nouvelles autorités de la transition.
« Je crois également utile sur cette question de me faire l’écho des conclusions du Dialogue national inclusif qui a très clairement indiqué la nécessité d’une offre de dialogue avec ces groupes armés. Je pense qu’il faut voir en cela une opportunité d’engager de vastes discussions», a assené le Premier ministre Moctar Ouane, devant Le Drian.
Entre Bamako et Paris, la ligne de démarcation est claire à ce sujet. Beaucoup de Maliens ne comprennent pas cette opposition française. « Le tout guerre ne marche pas », s’était offusqué un proche du dossier. Avant d’interroger : Pourquoi nous ne pourrions pas le faire, pour soustraire nos frères Maliens des griffes de ce mal qui nous mine aujourd’hui ? »
Sous d’autres cieux, les puissances négocient avec les terroristes. En Afghanistan, malgré près de vingt années de guerre sanglante et extrêmement coûteuse, les Etats-Unis et l’Otan ont été incapables de vaincre militairement les insurgés, ils sont alors obligés de les considérer comme des interlocuteurs valables pour restaurer la paix.
Ras-le-bol des Maliens
Aujourd’hui, les Maliens ont le ras-le-bol avec ces cycles infernaux d’attaques terroristes. Depuis quatre semaines, le village de Farabougou sous le siège des groupes présumés jihadistes. Si les négociations ont permis d’éviter le pire, il va de soi que la main tendue par le régime sortant d’IBK soit concrétisée.
Un statuquo profitable à la France ?
La France semble se complaire dans le statu quo ante. Sans quoi, pourquoi une telle opposition farouche contre l’option de Bamako, en temps normal, souveraine à décider de ce qui va avec la stabilité du pays ?
Selon des sources fiables, pour négocier avec Bamako, Al-Qaïda pose comme premier préalable le départ du dernier soldat français sol malien.
En d’autres termes, si la France n’est pas totalement opposée au dialogue, ce sont les préalables qui la contraignent. N’oublions qu’elle est au Sahel pour protéger ses intérêts.
Longtemps, les manœuvres de la France et sa Forces Barkhane au nord du pays, notamment Kidal considéré comme no man’s land, suscitent des inquiétudes au sein de la population malienne. Paris a été même soupçonné d’exploiter des ressources minières de la zone.
D.C.A
Source: Le SOFT