Le dialogue avec les chefs terroristes, le retour de l’armée malienne reconstituée à Kidal, l’organisation des élections législatives sont autant de sujets abordés, mardi, par le Haut représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel (Misahel), Pierre Buyoya lors d’une rencontre avec la presse.
Parlant du dialogue avec les responsables des groupes auteurs de l’insécurité, l’ancien président burundais a apporté le soutien de l’Union africaine à cette initiative, estimant que rien n’est au-dessus de la paix. «Sur le plan déontologique, nous sommes d’avis que le dialogue est une façon de mettre fin à ce genre de guerre, en particulier si ceux qui font cette guerre sont des nationaux», a-t-il déclaré, ajoutant que personne ne peut dénier aux autorités maliennes de dialoguer avec ceux qui ont pris un chemin erroné pour que cela puisse ramener la paix.
Le conférencier a rappelé que la question de la sécurité au Sahel était au centre du dernier sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba. Alors, selon M. Buyoya, la somme des débats, c’est de dire qu’il y a lieu de faire plus dans la lutte contre le terrorisme. D’où l’initiative de la tenue du sommet spécial de l’Union africaine prévu au mois de mai en Afrique du Sud avec à l’ordre du jour la lutte contre le terrorisme. «Et nous espérons que des mesures concrètes sortiront pour soutenir la lutte des pays de la région contre le terrorisme», a-t-il indiqué.
Concernant le redéploiement de l’armée malienne reconstituée à Kidal, le patron de Misahel a déclaré que cela est une avancée importante, espérant que ce processus va continuer pour arriver assez rapidement à la stabilisation du pays. Par ailleurs, il a réitéré le soutien de son organisation à la tenue des élections législatives fortement recommandée par le Dialogue national inclusif (DNI). «Nous sommes en pourparlers avec le département qui s’occupe des élections à Addis-Abeba pour voir comment l’Union africaine peut aussi contribuer», a-t-il affirmé.
Selon Pierre Buyoya, malgré l’insécurité résiduelle, il faut organiser les élections. «Parce que si vous n’organisez pas les élections, vous ajoutez la crise à la crise. C’est-à-dire qu’à la crise sécuritaire, vous ajoutez la crise institutionnelle», a-t-il fait savoir.
Aussi, le Haut représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel est-il revenu sur les actions menées en 2019 par son organisation, notamment l’accompagnement des parties maliennes dans leurs efforts de mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Il a également évoqué les perspectives de Misahel pour cette année.
À ce propos, il a annoncé que l’année 2020 sera celle de la mise en application des recommandations du DNI, à savoir l’organisation des législatives, la poursuite des réformes du secteur de la sécurité, du redéploiement des forces de défense et de sécurité reconstituées, y compris celui de l’administration sur tout le territoire national.
De même, Pierre Buyoya a mentionné la relecture de certaines dispositions de l’Accord pour la paix et la réconciliation pour être en adéquation avec les recommandations du DNI.
«La Misahel est bien positionnée pour accompagner ces programmes, dont certains d’ailleurs sont déjà en cours», a-t-il assuré. Notre souhait, a-t-il émis, est que l’Union africaine continue les efforts de mettre fin à la crise sécuritaire au Mali, qu’elle continue avec beaucoup plus de vigueur, à appuyer la lutte contre l’insécurité due aux actes terroristes au Sahel, et ce de manière efficace, coordonnée et à la hauteur des défis actuels.
Bembablin DOUMBIA
Source : L’ESSOR