Les neuf (9) accusés dans l’affaire des deux milliards de francs guinéens, volés au marché de Madina, continuent de défiler à la barre du Tribunal de Première Instance de Mafanco. Pour la journée de ce mardi, 24 avril 2018, c’est Aboubacar Sylla qui a répondu aux questions du tribunal. Il est accusé d’avoir renseigné les assaillants sur l’heure à laquelle les fonds volés devaient sortir du magasin, a constaté sur place nos confrères de Guineematin.com
Pendant les audiences passées, les accusés ont presque tous reconnu avoir joué un rôle dans le braquage du pickup en emportant la somme de 2 milliards 264 millions de francs guinéens en mars 2017 au préjudice d’Elhadj Sékou Fanta Mady Koita.
Aboubacar Sylla, appelé à la barre, a expliqué qu’il transporte des bagages à Madina, dans les bureaux d’Elhadj Sékou Fanta Mady Koita. Il prête ses services à la victime. Selon lui, « c’est le nommé Koto, de son vrai nom Ibrahima Diallo, qui m’a appelé pour me parler de l’attaque en vue. Il a dit que j’étais le seul à maitriser les lieux, le programme pour le convoyage de l’argent pour Siguiri. Après une pression énorme sous fond de menaces, je leur ai donné l’heure du départ et le véhicule qui devait convoyer les fonds à Siguiri. Ainsi, ils ont fait l’opération ».
Ensuite, le président du tribunal, Ibrahima Sory 2 Tounkara va demander à l’accusé s’il a pris part à l’attaque. « Non, j’ai juste fait les indictions. C’est le matin que j’ai appris que le braquage a eu lieu. Aux environs de 15 heures, un d’entre eux m’a appelé pour me dire d’aller chercher ma part. Ils m’ont donné 40 millions 500 mille francs guinéens ».
Le président enchaine aussitôt, « qu’avez-vous fait de cet argent ? ». Aboubacar Sylla dira que le sac contenant les 40 millions a été déposé à la gendarmerie.
Du côté de la défense, on va tenter de sauver Aboubacar Sylla. « Connaissiez-vous les membres de ce groupe ? Ne vous a-t-on mis sous pression ? Ce n’est pas pour acheter votre silence qu’on vous a donné les 40 millions ? », va enchainer maitre Aude, avocate française.
L’accusé va réitérer les menaces reçues de la part du groupe tout en niant avoir eu de contacts avec les malfrats par le passé. Pour Aboubacar Sylla, cette somme était bien destinée à acheter son silence.
La partie civile va faire remarquer qu’à l’enquête préliminaire, Aboubacar Sylla a expliqué avoir protesté contre la petitesse de la somme de 40 millions reçus : « pourquoi aviez-vous réclamé plus ? Méritiez-vous cet argent ? ». Des questions restées sans réponses.
La dernière partie des débats a été consacrée à la comparution du représentant d’Elhadj Sékou Fanta Mady Koita et des deux témoins du braquage.
C’est ainsi que Namory Kéita, neveux d’Elhadj Sékou Fanta Mady Koita et orpailleur de profession va expliquer dans quelles circonstances les malfaiteurs les ont braqués. « On est venu à Madina vers six heures. On devait prendre des colis pour les convoyer à Siguiri. On a ouvert le portail pour mettre les colis dans le pickup. Mais, dès que le chauffeur a allumé le véhicule, on a vu surgir des gens armés qui nous ont dit à terre. Quand j’ai posé une question, un d’entre eux m’a donné un coup de crosse, je suis tombé en m’évanouissant. Ils avaient des armes, habillés en tenues militaires et cagoulés. Ils ont pris le véhicule pour s’enfuir. On a appelé les gendarmes qui finiront par trouver le pickup vide en face du cimetière de Dixinn », a-t-il dit.
L’affaire est renvoyée au 08 mai 2018 pour les plaidoiries et réquisitions.
Pendant ce temps, Aboubacar Sylla, sergent Abdoulaye Kouyaté, Karamba Diaby, Mamadou Samba Bah, Thierno Sanoussy Diallo, Amadou Sadio Diallo, Aissatou Bah, Mamadou Djouma Sow et Mamadou Saidou Diallo repartent à la maison centrale où ils sont détenus depuis le 13 mars 2017. Ils sont poursuivis pour association de malfaiteurs, vol à mains armées, recel, détention illégale d’armes de guerre. Des faits prévus et punis par les articles 784 et 381 du Code Pénal guinéen.
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