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Détournements et surfacturations avérés : Le Mali en difficulté

Le Mali est englué dans un scandale de détournements et de surfacturations avérés à la faveur de marchés d’achat de l’avion présidentiel et d’équipements et autres fournitures pour les forces de défense et de sécurité. Malgré les injonctions des partenaires techniques et financiers, confortées par les rapports produits par plusieurs structures de contrôles et de vérification, l’on attend toujours la réaction des plus hautes autorités afin de permettre à la justice de faire toute la lumière sur ce dossier qui entache la crédibilité et la gouvernance de notre pays. Aujourd’hui, certains n’hésitent pas à indexer le président de la République comme principal responsable de cette absence de réaction au sommet de l’Etat.

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Faut-il rappeler à ce sujet que ce fut d’abord la Cour suprême qui a produit un rapport accablant que personne n’a visiblement contesté. Cette haute juridiction nationale met en évidence des pratiques mafieuses dans le but de mieux détourner l’argent du contribuable dans l’achat de l’avion présidentiel même si elle ne se prononce pas sur la pertinence de cette acquisition d’aéronef à un moment où le pays est sous assistance financière et militaire de la communauté internationale. Ce qui laisse d’ailleurs beaucoup de citoyens sur leur faim sur le goût d’inachevé de ce rapport.

Mais ce n’est que partie remise, car, à la demande du Fonds monétaire international (FMI) appuyée par une lettre de saisine du Premier ministre, chef du gouvernement, le Bureau du Vérificateur général (BVG) dans un rapport encore plus cinglant que celui de la Cour suprême, met à nu les mêmes pratiques de façon plus détaillée.

Ici, plusieurs personnes, dont des membres du gouvernement et des proches collaborateurs du président de la République sont cités comme impliqués dans cette magouille du siècle, en tout cas jamais égalée dans la jeune histoire plus que cinquantenaire du Mali.

D’aucuns réclament des sanctions, à l’instar du FMI et d’autres partenaires du Mali et pas des moindres (Union européenne, notamment) pendant que d’autres demandent simplement au président de la République, chef de l’Etat, mandaté par le peuple souverain, de démettre purement et simplement un gouvernement mouillé jusqu’à la moelle dans des scandales de tous genres, où à chaque fois il est fait allusion à des affaires de dizaines, voire de centaines de milliards de F CFA dans un pays aux ressources très limitées comme le Mali.

Toutes ces positions sont soutenues par des arguments imparables. Mais curieusement, malgré son engagement à faire de 2014 (la première de son quinquennat) année de la lutte contre la corruption et la délinquance financière, le président de la République, bien qu’ayant reconnu la vigilance de l’opposition politique sur le sujet, le peuple attend impatiemment de lui les décisions fortes à même de rétablir la confiance entre le Mali et ses partenaires techniques et financiers. Cette inaction et ce mutisme observés chez le premier magistrat du pays inquiète et en rajoute à la désespérance des populations dont un nombre considérable parmi ses plus fidèles partisans.

Faut-il en déduire que le président est dans l’embarras ou simplement incapable de sanctionner certains mis en cause dans ce dossier ? Attendrait-il que le Premier ministre, chef du gouvernement fasse amende honorable à ce sujet en lui soumettant sa démission entraînant du coup celle de tout le gouvernement ? Dans tous les cas, les Maliens attendent dans l’amertume et la colère suscitées par cette affaire qui entache sérieusement la crédibilité de la gouvernance dans notre pays.

Pour se démarquer définitivement avec ceux qui apparaissent désormais, aux yeux de bon nombre de compatriotes, comme de véritables sangsues du peuple, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita semble aujourd’hui dos au mur. Il ne peut plus ne pas agir. Car les faits dénoncés sont d’une gravité absolue.

En plus d’avoir déjà affecté la respectabilité de notre pays, il s’agit de pratiques qui compromettent dangereusement le retour à la normale tant souhaitée du Mali dans ses relations avec les partenaires internationaux. Pour toutes ces raisons, le président doit sévir sans délai afin de faire honneur à son image d’homme de parole et de poigne. Ne pas le faire s’apparenterait à de la complicité active avec les détourneurs et autres spécialistes des surfacturations.

B.Sidibé

SOURCE: L’Indicateur du Renouveau  du   10 nov 2014.
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