Plus d’un an et demi après la crise, la relance économique est une réalité dans notre pays, même si ce n’est pas encore le grand engouement. Le pays retrouve son visage rayonnant d’antan même si la crise économique perdure.
Mais à côté de cette embellie salutaire, la reconstruction morale et civique du Malien reste au point mort, principalement à cause d’un déficit de fermeté et d’autorité chez les dirigeants.
Eh oui, le Mali reste ce pays où tout le monde peut tout se permettre, en toute impunité. Les faits ne manquent pas pour illustrer cette situation regrettable. Commençons par la corruption qui sévit encore dans l’appareil judiciaire. Malgré les efforts du chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Kéita, pour assainir ce domaine si cher aux investisseurs, des procureurs de la République, des juges d’application des peines, etc. continuent, par exemple, de libérer des bandits de grand chemin, moyennant des dessous de table.
La corruption sévit à la justice, mais aussi dans le reste de l’administration publique où des frais illégaux sont toujours imposés aux usagers. Les auteurs de ce racket ne sont pas sanctionnés. C’est dans la même indifférence que des citoyens se permettent de défier l’autorité.
De même, n’importe qui peut circuler dans des véhicules aux vitres teintées, au mépris de la réglementation en la matière. Normalement, les véhicules de l’Etat ne doivent pas être utilisés en dehors du cadre et des heures de travail. Pourtant les ‘’plaques bleues’’ sont visibles tous les week-ends, et à des heures indues, devant des bars climatisés.
A quoi servent les services de contrôle? Où est l’Etat ? Le gouvernement, on le voit, n’arrive pas à assurer sa propre police. Difficile dans ces conditions qu’il puisse appliquer rigoureusement des mesures prises à l’intention de la population. L’une des illustrations de cette impuissance des pouvoirs publics est le cas de l’Assurance maladie Obligatoire (Amo).
Profitant du faible suivi étatique, des personnels médicaux abusent des malades et de leurs proches dans les hôpitaux publics. Il y a bien d’autres cas d’incivisme. Résultat, la force publique devient la risée des populations. «A la limite, on nous nargue ». Si les décisions gouvernementales doivent rester non appliquées, autant ne plus en prendre.
Car, à terme, les décisions de l’Etat peuvent perdre toute valeur aux yeux des populations. La nature humaine reste la même partout, qu’on soit Noir ou Blanc, en Afrique ou en Europe. L’être humain est toujours réfractaire au changement. Il faut le lui imposer. Les pays développés où règne un certain ordre aujourd’hui ont été confrontés aux mêmes caprices humains. Il serait aussi temps pour les décideurs maliens de, mûrir d’abord leurs idées, en évaluer l’applicabilité, avant de légiférer. Quoi qu’il en soit, cela ne saurait être une excuse.
Paul N’GUESSAN
Source: Le Prétoire