Suite aux incidents survenus le lundi dernier à Kati, l’Etat-major a lancé une opération baptisée Saniya pour désarmer les mutins, rétablir l’ordre et la sécurité dans cette ville, véritable poudrière de l’armée malienne. Les opérations conduites par le Colonel Jean Elysée Dao appuyé par un groupement tactique de la garde nationale, une unité de la gendarmerie et des forces spéciales du Général Didier Dacko venues de Gao, ont permis le désarmement des mutins et l’arrestation d’une dizaine d’entre eux. Beaucoup d’autres ont fui. Le capitaine Amadou Konaré et le Colonel Youssouf Traoré, tous deux membres de l’ex-CNRDRE, auraient été arrêtés. Une enquête est ouverte par la gendarmerie pour traquer tous les auteurs et leurs complices.
Le lundi 30 septembre, pour rappel, certains militaires de Kati pour la plupart membres de la junte militaire, s’étaient mutinés pour réclamer des galons et de meilleurs traitements à l’image d’autres militaires bénéficiaires des promotions à titre exceptionnel. Le commandement avait privilégié la médiation du service social des armées qui a associé à sa mission des responsables religieux et des notables. Les mutins sont restés inflexibles sur leur position et ont même menacé l’autorité militaire d’un ultimatum de 48 heures. Faute de quoi, ils vont embraser la ville de Kati et le district. Le ministre de la défense et des anciens combattants tient bon et fera savoir aux mutins qu’il ne cèdera pas face à la pression.
Pour éviter que la situation ne dégénère jusque dans la capitale, l’Etat-major a pris ses responsabilités en renforçant la sécurité au niveau des institutions. Des éléments des forces spéciales ont été positionnés autour de Samé et sur la route de Koulouba. L’aviation est entrée en action pour effectuer des mouvements de reconnaissance sur Kati. Cette stratégie avait été mise en place pour dissuader les mutins. Hélas, ces derniers n’ont pas courbé l’échine.
Finalement, dans la nuit du lundi 30 septembre au mardi 1er mai, l’Etat-major a décidé de s’assumer. L’opération Saniya littéralement traduit » laver proprement « a été lancée et confiée au lieutenant-colonel Jean Elysée Dao. Lequel a mobilisé un groupement tactique inter-armé de la garde nationale, une unité de la gendarmerie.
Des forces spéciales de l’armée malienne jadis sous le commandement de Didier Dacko à Gao ont aussi été mobilisées. Les opérations ont débuté dans la nuit de mardi et se sont poursuivies mercredi. Une dizaine de mutins ont vite été neutralisés, plusieurs armes récupérées. L’un des meneurs Ganda Koy a préféré s’enfuir.
Le Colonel Youssouf Traoré, membre de la junte militaire du 22 mars, chassé du Comité de suivi de la réforme de l’armée avant sa dissolution, radié de l’armée puis réhabilité par le Général Sanogo et bombardé au grade de Colonel, est aussi arrêté. Le nom du Capitaine Amadou Konaré, autre proche du chef de la junte militaire, est de plus en plus cité pour figurer sur la liste des personnes arrêtées. D’autres sources annoncent sa fuite depuis quelques jours.
Le jeudi matin, le chef d’Etat-major de l’armée, le Général Ibrahim Dahirou Dembélé, à la tête d’une forte délégation s’est rendu à Kati pour rencontrer l’ensemble des militaires. Objectif : faire savoir aux hommes de rang qu’il n’y a qu’un seul commandement. Le chef d’Etat-major a sensibilisé les militaires sur le respect de la hiérarchie et les a rassurés des bonnes intentions du président de la République de réformer l’armée malienne en la rendant plus moderne. Il a, par ailleurs, demandé à tous les militaires qui ont confisqué des armes lors du coup d’Etat du 22 mars de les restituer.
La gendarmerie pour traquer les auteurs et leurs complices
Suite à l’intervention musclée du président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta qui déclarait : » Que la hiérarchie prévale, que les chefs militaires s’assument, que la chaine de commandement se fasse obéir ou qu’elle s’avoue impuissante et incompétente, alors ce qui doit être fait le sera et sans délai… « , les choses semblent vite évoluer. La gendarmerie a déjà été mise à contribution pour mener des investigations afin de traquer les vrais auteurs de la mutinerie et leurs complices pour les traduire devant un conseil de discipline militaire.
Ces investigations recommandées et voulues par IBK n’épargneront aucun segment de l’armée malienne. Certains militaires risquent la prison ou la radiation à vie de l’armée.
Précisons que les militaires arrêtés pendant l’opération Sanya sont entre les mains de la gendarmerie.
Abdoulaye DIARRA
Source: L’Indépendant