Les rebelles sud-soudanais se sont emparés de plusieurs puits de pétrole, a annoncé jeudi un membre du gouvernement, alors que le président Salva Kiir recevait des médiateurs internationaux, près de deux semaines après le début de combats qui menacent de tourner à la guerre civile.
L’entretien entre le chef de l’Etat et ses homologues kényan et éthiopien, Uhuru Kenyatta et Hailemariam Desalegn, « a été très constructif et très franc », a rapporté le chef de la diplomatie éthiopienne Tedros Adhanom. On ignore si les médiateurs devaient ou non rencontrer l’ancien vice-président Riek Machar, devenu chef de la rébellion.
Les combats entre Dinkas et Nuers – ethnies respectives de Salva Kiir et de Riek Machar – ont éclaté le 15 décembre à Juba, capitale du jeune Etat indépendant depuis 2011, et se sont rapidement étendus dans les régions pétrolifères et au-delà.
Selon le ministre du Pétrole Stephen Dhieu Dau, les miliciens fidèles à Machar, que Kiir a limogé en juillet, se sont donc emparés de plusieurs puits dans l’Etat d’Unité, où la production avait été interrompue cette semaine en raison des combats.
« Certains puits de pétrole sont aux mains des soldats fidèles à l’ancien vice-président Riek Machar et nous craignons qu’ils ne provoquent des dégâts sur les installations et l’environnement », a-t-il déclaré à Reuters, interrogé par téléphone.
LA CHINE PRÉOCCUPÉE
Rebelles et forces gouvernementales se sont en outre affrontés pour la troisième journées consécutive à Juba et dans l’Etat du Nil supérieur, d’où provient la majeure partie de la production pétrolière, selon un porte-parole militaire.
« Ils contrôlent la moitié de la ville (de Malakal) et les forces gouvernementales, l’autre moitié. Ils seront bientôt vaincus », a-t-il ajouté.
Selon les Nations unies, les combats, qui se déroulent dans cinq des dix Etats du Soudan du Sud, ont contraint 58.000 civils à demander la protection des casques bleus. L’organisation évalue à 92.500 le nombre de déplacés depuis le début des combats, il y a douze jours.
Le Conseil de sécurité a approuvé mardi l’envoi de renforts pour la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (Minuss), dont les effectifs doivent passer de 7.900 hommes à près de 14.000.
Les premiers renforts sont attendus dans les 48 heures, a indiqué jeudi Hilde Johnson, chef de la mission. « L’ampleur de cette crise a mis à mal un mission déjà sous-dimensionnée », a ajouté la diplomate. Selon l’Onu, la Minuss a besoin d’hélicoptères de transport et d’avions ainsi que de personnel.
Pékin, qui possède d’importants intérêts pétroliers au Soudan du Sud, a par ailleurs annoncé l’envoi d’un émissaire. « La Chine est très inquiète de l’évolution de la situation au Soudan du Sud », a déclaré le ministre des Affaires étrangères Wang Yi.
Plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement de la région doivent en outre se réunir vendredi à Nairobi pour être informés de la teneur des discussions entre le président Salva Kiir et les médiateurs kényan et éthiopien.
« Le Soudan du Sud est une jeune nation qui doit éviter de se laisser détourner de son objectif de développement. Ecoutez la voix de la sagesse et mettez fin à la perte de vies innocentes », dit le président kényan dans un communiqué. Uhuru Kenyatta nie en outre le caractère ethnique du conflit et exhorte les médias à cesser de donner des « impressions négatives ».
Source : Yahoo