Détention, mutilation, violences sexuelles, enrôlement dans les rangs des groupes armés… Au Mali, les conflits armés font mûrir plus vite les enfants. L’Onu rapporte, qu’en 2013, la présence de 24 enfants détenus a été signalée dans des prisons de Bamako pour “association présumée avec des groupes armés” (Mujao, Ançar Eddine, Mnla). Ces enfants étaient généralement maintenus dans les mêmes centres de détention que les adultes, cependant l’Onu n’a pu y avoir accès pour déterminer s’il s’agit de mineurs.
Le Gouvernement est intervenu et commence à libérer certains d’entre eux, sous la vigilance du milieu associatif malien. “Nous sommes le relais et, dans certains cas, les informateurs de plusieurs organismes internationaux, qui travaillent depuis le début de la crise malienne sur l’engagement des enfants dans les conflits armés”, affirme Ibrahim Diarra, militant et membre d’une association qui activait dans les régions du nord du Mali.
“Certains parents ont vendu leurs enfants pour nourrir ceux qui leur restaient, d’autres se sont engagés dans les groupes armés du Nord et ont fait suivre leurs enfants, surtout les garçons. Les enfants, qui se sont retrouvés dans des prisons, je crois que ce sont les plus chanceux !”, déplore-t-il.
A ce sujet, Leila Zerrougui, représentante spéciale de l’Onu pour les enfants et les conflits armés, compte sur les négociations intermaliennes, qui se tiennent à Alger, pour faire avancer les choses. “Pour nous, la détention des enfants dans les prisons maliennes n’est pas la seule violation qui les affecte. Les négociations d’Alger sont une opportunité pour engager et le gouvernement et les groupes armés listés pour recrutement d’enfants et violences sexuelles”, a-t-elle déclaré à El Watan Week-end.
VIOLATIONS
Au 31 décembre 2013, neuf garçons étaient toujours en détention à Bamako pour des chefs d’accusation liés au conflit : trois à la prison centrale, deux à la section de haute sécurité de la prison centrale et quatre à la gendarmerie camp 1. Trois autres garçons, se trouvant dans des centres de transit et de soins bénéficiant de l’appui de l’Unicef, courent le risque d’être condamnés pour des crimes liés à leur association à un groupe armé, d’autant qu’ils ont été inculpés avant la signature du protocole entre le Gouvernement malien et l’Organisation des Nations Unies (Onu) concernant la libération et la remise des enfants associés aux forces et groupes armés.
“Les enfants n’ont pas leur place dans la guerre, encore moins dans des centres de détention, il faut trouver des solutions fiables et leur garantir un suivi psychologique”, recommande un militaire de Kati qui a vu des dizaine d’enfants dans les rangs des groupes armés du nord du Mali. “Même si la conjecture n’est pas propice, Bamako doit faire un effort dans ce sens et faciliter aux Ong le travail sur le terrain.
Il y a certes des efforts du Gouvernement, mais ils ne sont efficaces qu’à moyen terme”, conclut-il. Dès 2013, l’Onu a déclenché un mécanisme de surveillance. La situation sur le plan politique et en matière de sécurité au Mali a évolué dans un sens favorable au cours du second semestre de 2013 : l’Accord préliminaire de Ouagadougou a été signé et les élections présidentielle et législatives ont eu lieu, ce qui a contribué à une réduction sensible du nombre de violations graves enregistrées.
MUJAO
“Toutefois, le Mujao a poursuivi ses incursions armées dans les régions septentrionales de Kidal et de Gao, ce qui exposait des enfants autrefois associés à des groupes armés au risque d’être recrutés de nouveau. L’accès à la région septentrionale du Mali pour des raisons humanitaires et de suivi a été fortement restreint faute de sécurité et d’effectifs”, précise Leila Zerrougui.
“Tous les groupes armés dans le Nord, dont Al-Qaîda au Maghreb Islamique (Aqmi), Ançar Addine, le Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (Mnla), et le Mouvment pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) ont commis de graves violations contre des enfants”. Bien que l’Onu et le Gouvernement malien aient signé un protocole sur la libération et la remise des enfants associés à des forces et groupes armés, il reste toujours une dizaine d’enfants détenus à Bamako, accusés d’avoir porté atteinte à la sécurité.
Faten Hayed
Source: EL Watan (Algérie)
Source: Nouvel Horizon