Au mois de décembre 2013, on a beaucoup épilogué sur l’exportation illégale des bois de vêne et de caïlcédrat, notamment après la saisie par la Direction des Eaux et forêts de cinq conteneurs frauduleux en partance à Dakar d’où ils devaient aller vers la Chine. Mais il semble bien que cette opération relève du simple saupoudrage car depuis lors le trafic à grande échelle de bois précieux provenant d’espèces protégées, pourtant en voie de disparition au Mali à cause de leur coupe sauvage.
Dans l’après-midi du vendredi 13 décembre 2013, au terminal des conteneurs sis à Sotuba, la Direction des Eaux et forêts avait intercepté cinq conteneurs renfermant des pieds de bois de vêne (guénou) et de caïlcédrat (djiala) prêts à être exportés illégalement en Chine par un réseau de trafiquants maliens qui travaillent avec une mafia asiatique prête à décimer tout notre parc forestier de ces espèces protégées.
Et tel un champion brandissant son trophée, la Direction des Eaux et forêts laissait entendre que c’était un signal fort lancé à tous ceux qui s’adonnaient à l’exploitation forestière illégale.
Mais telle une tempête dans un verre d’eau, cet avertissement n’a en rien entamé l’ardeur des exploitants forestiers comme en attestent les nombreux camions et conteneurs chargés à ras de bois d’espèces protégées et qui passent sous le nez et la barbe de tous les postes de contrôle. En tout cas, dans certaines parties du pays, les populations rurales commencent à en avoir ras-le-bol parce qu’elles subissent la pression des agents des Eaux et forêts qui déclarent veiller sur la protection de l’environnement afin d’éviter la coupe abusive de bois à usage domestique, pendant que des privilégiés coupent tranquillement, chaque semaine, des centaines de pieds d’arbre convoyés à Bamako pour y être découpés avant l’expédition vers des pays asiatiques.
Dans le cadre de cette enquête que nous sommes en train de mener depuis plus d’un mois, nous faisons bien de publier des photos qui attestent de l’ampleur du phénomène et aussi pour interpeller les autorités.
C’est la preuve du ballet incessant de camions remplis de troncs d’arbres abattus qui viennent approvisionner une scierie située dans la zone industrielle et spécialisée dans l’exportation du bois de guénou (vêne). Une fois sur place, les troncs sont découpés, taillés selon des dimensions pouvant produire de bonnes planches de bois, avant d’être chargés dans des conteneurs. C’est ainsi que, dans le mois, au moins trente conteneurs sont chargés et envoyés à l’extérieur.
Que gagne le Mali dans tout cela ? En tout cas, les Asiatiques cachés derrière ce trafic empochent des milliards de nos francs et selon un spécialiste de la question, cette filière pourrait leur rapporter jusqu’à une centaine de milliards de Fcfa par an, au vu du rythme effréné par lequel nos forêts sont en train de subir cette coupe sauvage qui n’est rien d’autre qu’une grande entreprise de déforestation.
Nous y reviendrons avec force détails.
ABN
Source: sphynx