Le Mali a dénombré quatorze cas suspects en commune VI du district de Bamako et dans le district sanitaire de Kalaban-coro dont 11 à Yirimadio, 2 à Niamanan et 1 à Banankabougou à la date du 05 novembre. Parmi ces cas suspects, 6 ont été positifs au test. Des dispositions ont été prises très rapidement pour stopper la maladie. La dengue se transmet de la même manière que le paludisme, mais le traitement diffère. Les médecins appellent à la vigilance. Pour en savoir davantage sur cette maladie, nous avons approché le Pr Sounkalo Dao, chef du service des maladies infectieuses du Chu du Point G.
Le Pr Sounkalo Dao, chef de service des maladies infectieuses du Chu du Point G, campe le décor : “La dengue est une maladie infectieuse virale à caractère épidémique transmise à l’homme par un moustique. Il y a quatre génotypes qui sont apparentés, mais sur le plan biologie moléculaire ils sont différents. C’est pourquoi on parle de dengue type 1, 2, 3 et 4. La dengue ne se transmet ni par la nourriture ni par l’eau encore moins par le simple contact. Que les uns et les autres soient serins et gardent leur calme. C’est une maladie qui est transmise d’un homme infecté à un homme non encore infecté par l’intermédiaire de la piqûre de moustique”.
Selon toujours le Professeur : “Aujourd’hui aucun continent, pays, ville ou village et aucune personne n’est à l’abri de la dengue parce que le moustique qui est responsable de la maladie a appris à s’adapter, à vivre dans tous les continents. C’est une maladie qui était considérée comme une maladie des pays tropicaux. Aujourd’hui, elle va au-delà de ces pays tropicaux parce que le moustique a appris à voyager avec le moyen de transport et peut pondre des œufs. Le virus est transmis du moustique à sa progéniture à travers ses œufs”, explique le Pr Dao, avant d’ajouter que c’est toute la difficulté qu’ils ont à éradiquer la maladie chez le moustique.
A ses dires, lorsque le virus est dans l’organisme du moustique, ce dernier peut le garder pendant 3 à 4 mois sans en mourir. La maladie ne tue pas le moustique. Le moustique ne digère pas le virus, il reste dans son organisme à vie. Et ce qui est encore pire : “Lorsque le moustique pond des œufs, il transmet la maladie à ses œufs qui vont éclore avec les moustiques enfants qui continuent avec la maladie”, signale le Pr Sounkalo Dao.
Selon le chef de service des maladies infectieuses, c’est de cette façon que la maladie a appris à résister et à persévérer au niveau de son réservoir qui est le moustique. “Une fois que ce moustique pique quelqu’un en voulant prendre son repas sanguin, il va injecter le virus dans l’organisme de la personne et cette dernière va développer la maladie dans 4 jours à une semaine.”
Une fièvre d’apparition brutale accompagnée de douleurs musculaires
Et comment se manifeste la dingue ? Le Professeur répond : “Vous avez une fièvre d’apparition brutale très forte de 39 à 40° accompagnée de douleurs musculaires et articulaires intenses, de douleurs retro-orbitaires (des douleurs derrière les yeux), une photophobie (ne pas aimer la lumière), une anorexie (manque d’appétit) et une fatigue générale au point d’avoir des difficultés à marcher et se retrouver ainsi à dandiner au niveau de ses pointes des pieds jusqu’à s’affaiblir et ne plus pouvoir travailler.
Il y a certaines personnes qui développent des tâches au niveau de leurs joues, de leur corps, faisant penser à la rougeole par moment. Après 2 à 4 jours de ces symptômes, le malade a une forte impression de s’améliorer parce que la fièvre va baisser. C’est cette période qu’on appelle la phase critique car, malheureusement, c’est pendant cette période qu’on a deux évolutions différentes parce que soit le malade va évoluer vers la guérison soit des complications vont évoluer à bas bruit pendant cette période d’accalmie où il n’y a plus de fièvre.
Ces complications sont de deux ordres : des saignements qui peuvent provenir de partout, notamment par le nez, la bouche, les yeux, l’anus et même quand vous faites une injection, le sang refuse de s’arrêter et l’état de choc chez les enfants de moins de 14 ans (lorsqu’il n’y a plus de sang pour alimenter les tissus)”, a déclaré le Pr Dao. Les complications sont de 1% et les décès 2,5%.
“Les antibiotiques ne peuvent pas traiter la dengue”
Il y a une similitude entre la dengue et le palu quand on sait qu’ils partagent ensemble la fièvre, la fatigue, les douleurs musculaires. Mais les douleurs de la dengue sont beaucoup plus fortes et le traitement diffère.
“Il n’existe pas de traitement curatif qui va directement dans l’organisme pour tuer le virus comme le paludisme. La dengue ce n’est pas une maladie qui est sensible aux antibiotiques, c’est un virus. Les antibiotiques ne peuvent pas traiter la dengue”, signale le chef de service des maladies infectieuses, avant d’ajouter qu’elle se traite par des médicaments contre les signes. Celui qui a de la fièvre, on lui donne quelque chose contre la fièvre.
Mais comment faire la prévention ? Il faut savoir que la maladie se prévient d’abord par des mesures individuelles. Que chacun ait conscience que la dengue est une réalité, qu’elle est dans nos milieux et que chacun adopte un comportement pour éviter les piqûres de moustiques. Si ceci est déjà, il faut les renforcer. Pendant qu’on n’est pas encore couché, éviter de se faire piquer par les moustiques. Ce moustique qui transmet la maladie pique habituellement tôt le matin et en début de la soirée. Il faut porter des habits amples, des chaussettes et si possible des gants qui couvrent tout le corps pour éviter que le moustique ne trouve l’occasion de vous piquer. Si les habits ne couvrent pas tout le corps, il faut appliquer des pommades répressives – qui sont sur le marché – sur les parties non couvertes et cela permet de repousser les moustiques qui ne piquent pas les parties exposées. Ensuite, il faut se coucher sous moustiquaire imprégné. Il faut également assainir l’environnement en évacuant les boîtes de conserve, les objets dont on n’a plus besoin.
Au plan collectif, il faut que les gens fassent des actes patriotiques en évacuant les eaux usées stagnantes avec l’aide de la mairie et que chacun balaie devant sa maison.
Appel du Pr Sounkalo Dao
“Lorsque désormais quelqu’un a les signes qui ressemblent à la dengue, il faut éviter l’automédication parce qu’il a été scientifiquement reconnu que certains médicaments contre la fièvre peuvent précipiter le saignement dans le cas de la dengue. Ce qu’on peut conseiller aux malades de la dengue, c’est de boire beaucoup d’eau, de se reposer et de s’adresser à une structure sanitaire qui va prescrire des médicaments appropriés pour traiter les symptômes. Un traitement qui est très important pour limiter les dégâts et rétablir le malade plutôt que prévu”, demande le Pr Sounkalo Dao, chef de service des maladies infectieuses.
Marie DEMBELE (stagiaire)
Source: Journal Aujourd’hui mali