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Déplacés internes : L’assistance assurée par l’État et les organisations humanitaires

Ils sont plus de 61 000 âmes recensées pour la seule Région de Mopti. Ils n’ont qu’un souci : voir la crise se terminer et retourner chez eux

Depuis deux ans, les services sociaux de l’état assistent à un déplacement massif de populations fuyant l’insécurité et l’humiliation. à Sévaré, derrière l’Institut de formation des maîtres (IFM), se trouve le stade de football construit en 2002 à la faveur de la CAN pour les séances d’entraînement des équipes en compétition. Rien ne prédestinait ce lieu sportif à l’accueil des infortunés obligés de quitter leurs terroirs pour migrer sous des cieux plus cléments. C’est justement sur ce terrain qu’un camp de déplacés vient de pousser. Des tentes démontables à perte de vue. Hommes, femmes et enfants entassés dans un espace de fortune aménagé pour accueillir les populations en détresse. Ils sont désormais contraints de dépendre de l’assistance de l’état et des organisations humanitaires.
Oumar Barry, 46 ans, est le patriarche d’un clan de plusieurs familles. Il possédait des troupeaux de brebis et de bœufs. C’est un signe apparent de richesse et de noblesse dans le milieu rural. Il a dû quitter nuitamment Bandiagara depuis six mois pour se réfugier dans ce camp. Avant que la crise ne le chasse de chez lui, il vivait au milieu des siens comme dans le meilleur des mondes. Lui, faisait du commerce tandis que ses frères entretenaient les troupeaux. Il y a six mois, le malheur s’est abattu sur sa communauté. Les deux mains posées sur la tête, le regard fuyant, les yeux hébétés, des souvenirs atroces se bousculent dans sa tête.
Oumar pense à la tuerie qui a heureusement épargné sa famille de 36 membres, avec une majorité d’enfants. Une partie de son clan n’a pas eu la même chance. Beaucoup ont fait le grand saut, fauchés par les projectiles des assaillants tirant sur tout ce qui bougeait à Ogossagou. « J’ai perdu des parents, tués par des bandits armés. Pour mettre ma famille à l’abri, j’ai pris la lourde décision de quitter les lieux », explique timidement Oumar sous la grande tente blanche mise à sa disposition par le HCR. « C’est un fait de Dieu », se console le patriarche.

61.567 PERSONNES- Quand on lui demande où sont passés ses troupeaux, il secoue la tête et dit d’un ton mélancolique que « les animaux ont été volés ». Lui et plusieurs milliers d’autres sont désormais réduits à vivre de l’assistance.
Selon le directeur régional du développement social, Bacary Bengaly, 11.228 ménages, totalisant 61.567 personnes, sont recensés à la date du 1er novembre 2019. Le décompte n’est pas exhaustif. Tous les jours, de nouveaux arrivants sont déclarés. Tous ne peuvent être logés sur les sites existants.
à une dizaine de mètres, d’autres tentes sont dressées. Cette fois, de couleur bleue. De nouvelles vagues sont attendues, indique le directeur régional du développement social. La gestion de crise, c’est son métier. « En tant que service public, notre rôle est de les accueillir et en connaître le nombre pour agir. Mes équipes sont sur le terrain tous les jours pour mettre à jour notre fichier. Les informations sont partagées avec nos partenaires pour les dispositions idoines à prendre. Les premiers soutiens viennent de nous. Pour le long terme, nos partenaires prennent le relais », explique Bacary Bengaly. Le Programme alimentaire mondial (PAM) fournit des céréales à plus de 2.500 ménages.
En plus du couvert et du gîte, l’état met à disposition une équipe médicale. Les maladies sont fréquentes dans cet environnement singulier. Même si le site est éclairé par un équipement solaire.
Oumar est physiquement affaibli. Son cousin qui vient de prier « lasr » est aussi mince. La tente est presque vide. Seule une moto et quelques ustensiles de cuisine y sont arrangés. Dehors, des femmes font la sieste. Un peu plus loin quelques jeunes filles pilent du mil pour le repas du soir. Les enfants eux, s’amusent, loin des soucis des adultes.
Dans l’attente d’un lendemain meilleur, les déplacés prient pour le retour de la paix. Cette vie d’assistés leur est imposée. Ils ont hâte d’en sortir pour retourner chez eux et vivre dignement du fruit de leur labeur.

Envoyé spécial
Ahmadou CISSÉ

Source: L’Essor-Mali

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