Après moult tractations, le Mali et l’ONU sont parvenus à un accord de six mois pour le retrait définitif de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). Mais d’ores et déjà, il est mis fin à la mission de la MUNISMA et ce, après dix ans de présence au Mali.
Il faut donc saluer l’esprit de consensus qui a prévalu ce d’autant que ce n’était pas gagné d’avance au regard des propositions de départ. En effet, Bamako avait mis sur la table, trois mois, la France, six mois et d’autres membres de l’ONU, un an voire plus. S’ils ont réussi à accorder leurs violons, c’est que la sagesse a habité les différents acteurs et c’est tant mieux. Mais pouvait-il en être autrement ? Non. Dans la mesure où le demandeur qui n’est autre que le Mali a réclamé officiellement le départ de cette mission, toute tentative de la maintenir aurait été vouée à l’échec. C’est dire si les membres de l’ONU ont tout simplement fait preuve de réalisme et de lucidité. Cela dit, ce premier pas étant franchi, il faut souhaiter que le retrait physique des hommes et du matériel de la mission onusienne, se fasse dans les règles de l’art afin d’éviter de créer de nouvelles tensions inutiles. Maintenant que le départ de la MINUSMA est acté, le Mali est désormais face à ses responsabilités et il doit s’assumer pleinement. Il doit mettre les bouchées doubles pour que les Maliens les plus sceptiques ne regrettent pas la MINUSMA. D’abord, sur le plan sécuritaire, le pays doit travailler à combler le vide que laissera l’absence de cette mission onusienne. Ensuite, sur le plan social, Bamako doit œuvrer à ce que tous ceux qui perdront leurs emplois, puissent continuer à vivre décemment.
Quand on dort sur la natte d’autrui, on dort par terre
Et enfin, sur le plan diplomatique, le pays doit s’employer à éviter un isolement presque certain. Certes, il y a de nouveaux partenaires tels que la Russie, la Chine, la Turquie, etc., qui pourraient voler au secours de Bamako. Mais sera-ce suffisant pour combler le vide ? Rien n’est moins sûr. Autant dire que le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, doit attacher solidement les lacets de ses godasses s’il veut faire mentir les oiseaux de mauvais augure. En tout cas, il n’a pas droit à l’erreur. Car, ce retrait de la MINUSMA qui divise les Maliens, risque d’exacerber les tensions communautaires. Cela dit, avec ce retrait de la MINUSMA, le Mali regagne ainsi sa souveraineté et il gagnerait à la traduire plus dans les actes que dans les paroles. C’est à ce prix et seulement à ce prix qu’il prouvera au peuple malien et au-delà, à la communauté internationale, qu’il n’a pas eu tort de demander le départ de la force onusienne. Mais quid des leçons à tirer de ce divorce entre le Mali et la MINUSMA? S’il est vrai que Bamako ne doit pas accuser la MINUSMA de tous les péchés… du Mali, il est aussi vrai que l’ONU gagnerait à revoir sa copie. C’est d’autant plus nécessaire qu’en plus du Mali, la République démocratique du Congo (RDC) a aussi demandé le retrait de la MONUSCO. Preuve, s’il en est, que les résultats obtenus par ces missions onusiennes dans la lutte contre l’insécurité en Afrique, sont en deçà des attentes des populations. Mais au-delà de l’ONU, ces deux exemples doivent interpeller également les dirigeants du continent noir à s’assumer davantage en ne comptant pas sur les autres pour assurer leur sécurité. Car, comme le dit l’adage, quand on dort sur la natte d’autrui, on dort par terre.
Dabadi ZOUMBARA
lepays.bf