Après l’échec constaté de la tentative de négociation de la CEDEAO conduite par l’ancien président Jonathan Goodluck, les présidents du Niger, du Nigeria, du Ghana, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, sont arrivés hier mercredi 23 juillet 2020, à Bamako où ils ont rencontré successivement leur homologue malien, Ibrahim Boubacar Keita et les leaders du M5-RFP (avec à leur tête l’Imam Mahmoud Dicko), qui réclament sa démission.
A l’issue de ces consultations, sans surprise, il ressort des communications officielles que les 5 chefs d’Etat de la CEDEAO ont décidé “du maintien du Président IBK au pouvoir avec toutes ses prérogatives constitutionnelles, dont celle de choisir lui-même son Premier ministre qu’il peut démettre à tout moment. Un gouvernement d’union nationale sera formé dans les plus brefs délais, avec ceux des opposants qui acceptent d’y participer. Un sommet extraordinaire des Chefs d’États de la CEDEAO est prévu la semaine prochaine, à l’issue de laquelle l’organisation sous-régionale pourrait siffler la fin de la récréation en annonçant notamment des mesures contre les opposants et l’imam Dicko”.
La question qui taraude les esprits est celle de savoir la réaction des leaders du M5-RFP qui ont décidé de sursoir à leurs manifestations de désobéissance civile pour la fête de Tabaski ?
Mais, pouvait-il en être autrement dans un pays sans gouvernement depuis bientôt deux mois, sans Cour constitutionnelle, et où l’élection du Président de l’Assemblée nationale (devant succéder au Président de la République en cas de vacances ou d’empêchement) est en cause. Pouvait-il en être autrement quand on sait qu’une bonne partie du territoire national est sous le contrôle des terroristes.
En effet, la démission forcée du Président de la République ouvrerait inéluctablement la voie à l’anarchie qui se définit comme une société où il n’existe aucun chef, ni aucune autorité établie et reconnue parmi ses membres. Et qui aura sans nul doute des répercussions dans toute la sous-région et même au-delà.
Imaginez aujourd’hui que le Président IBK accepte de démissionner. A qui va-t-il remettre sa démission ? Qui va constater ladite démission ? Qui va lui succéder ? Autant de questions qui dénotent que la démission du Président IBK créera plus de problèmes qu’elle ne va en résoudre.
Par ailleurs, Mossa Ag Attaher, leader de la CMA (Coordination de mouvements de l’Azwad) a posté sur sa page Facebook : “Toute recherche de solution à la crise au Mali qui commettrait la monumentale erreur de ne pas associer la CMA et les autres mouvements signataires de l’APR (Accord pour la paix et la réconciliation au Mali) aux consensus et compromis actuellement à l’étude serait suicidaire sur le court, moyen et long termes”.
Pire, d’autres responsables de l’ex-rébellion vont jusqu’à prévenir que toute prise du pouvoir par la force à Bamako ouvrirait la voie à l’indépendance de la chimérique République d’Azawad. Une velléité mise en veilleuse depuis la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger.
Après la fête de Tabaski, le bras de fer entre les deux parties s’intensifiera-t-il ? Ou d’ici là, les contestataires, cette fois-ci, de peur des éventuelles sanctions de la CEDEAO, qui a le soutien absolu de l’Union européenne et l’ONU, vont accepter les 30% promis dans le gouvernement d’union nationale devant être formé dans les plus brefs délais.
Wait and see
Sékou CAMARA
Source: Bamakonews