Pour rappel, il y a maintenant trois ans que l’école malienne enregistre des années scolaires tronquées à causes des multiples grèves initiées par les enseignants réclamant de meilleures conditions de vie et de travail. Mais, au lieu de trouver des solutions durables aux revendications des enseignants, l’Etat a toujours colmaté les brèches pour « sauver les années scolaires tronquées » combien préjudiciables pour l’avenir des jeunes apprenants.
Ce qui n’est pas de nature à sauver l’école malienne en souffrance depuis 1991 car, les doléances des enseignants, toujours mises en veilleuse, ressurgissent au fil des ans. En 2019 et 2020, les examens de fin d’année ont été tenus in extrémis avec leur corollaire de fuites de sujets et de fraudes massives et autres comportements pouvant conduire à l’annulation pure et simple des résultats. Mais hélas !
Cette année, la situation est encore pire. Au nom de la création d’un Mali nouveau, les autorités de transition (qui peinent à se frayer un chemin pour la gestion des affaires), à travers leur gouvernement dirigé par le bouillant Choguel (qui commence à prendre froid), ont pris toute la responsabilité sur elles pour organiser les examens sans les enseignants. Ces derniers qui, auparavant, avaient décidé d’empêcher la tenue de ces examens, ont finalement renoncé à leur projet pour ne pas endosser certainement toute la responsabilité du chaos que vont subir les épreuves. A en croire nos sources, les épreuves du DEF et du bac 2021 se sont déroulées dans des conditions dignes d’une autre époque. Surveillées par des enseignants des établissements privés, des vigiles, des agents de surface, des chauffeurs, et que sais-je encore, ces épreuves ont été celles de toutes les dérives.
Elles sont les plus catastrophiques que le Mali ait connues depuis son indépendance le 22 septembre 1960 : fuites massives des sujets, fraudes organisées et bien planifiées, notamment par plusieurs promoteurs privés pour mieux jouer leur jeu malhonnête. La plupart des candidats des écoles privées ont reçu les épreuves corrigées sur leurs téléphones ou en copies dures. Une telle situation qui, selon nos sources, a conduit à des heurts entre les candidats des établissements privés et ceux du public à propos des brouillons dans certains centres d’examen de la rive droite du fleuve Niger.
Pire, des surveillants ont procédé à l’épellation de tous les mots durant l’épreuve de dictée et questions. Toujours selon nos sources, des sujets traités seraient envoyés depuis Kolokani à Bamako. Ici à Bamako, c’est le Premier ministre en personne, ayant à ces côtés le ministre de l’Education nationale, qui est descendu à l’école de la Base pour donner le top départ des épreuves du DEF. Les épreuves du bac ont commencé avant-hier, lundi 22 août, avec l’absence du nom de plusieurs candidats sur la liste, en toile de fond, une fuite massive de certains sujets.
A l’occasion, plusieurs ministres de son gouvernement ont été envoyés à l’intérieur du pays. Tout cela comme pour dire aux enseignants : « Avec ou sans vous, je vais tenir mes examens, advienne que pourra ».
C’est bien très populiste tout çà, dirait l’autre, mais pas réaliste. « Les épreuves du DEF et du bac ont démarré dans la plus grande quiétude sur toute l’étendue du territoire… » Pouvait-on lire dans certains journaux. Allez savoir. Au regard de tout ce qui se passe, on est tenté de dire que la durée de vie du Mali nouveau est égale à la durée de la transition. Sinon, comment bâtir un Mali nouveau avec une jeunesse mal formée? Les soi-disant acteurs du changement ne sont-ils pas en train de perpétuer les mauvaises pratiques de leurs prédécesseurs ? A quand le Mali nouveau ?
Donan Lebedem