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Découverte : Sur les traces de “Maralinké”, le premier groupe féminin de slam au Mali

Depuis environ une année, un groupe de slam composé d’un trio féminin attire l’attention du monde culturel et artistique au Mali. Le “Maralinké”, puisque c’est de lui qu’il s’agit, à peine créé (avril 2018) s’affiche aujourd’hui comme le meilleur groupe de slam malien. Composé de trois (3) jeunes filles éprises de l’art et de la culture, Aminata Bamby Konaté alias Slambamby Mariam Koita et Mally Kéita “Mally la Slameuse”, Malalinké est presque sur la scène de toutes les grandes manifestations culturelles maliennes. Nous sommes allés à la découverte de ce trio.

 

e slam, dit-on, est un partage poétique, une histoire de rencontres plurielles, d’échanges, de joutes verbales, de mise en jeu de la voix, des mots et des émotions. Mais pour le groupe Maralinké, le slam est un moyen d’expression, de revendication et de la défense de la cause des sans voix. C’est pourquoi, dans la plupart de leurs textes déclamés, le trio trident chante la misère, le droit de la femme et de la jeune fille, ainsi que les tares de la société.

Plus d’un se demandent ce que signifie le mot “Maralinké”, nom du premier groupe féminin de slam au Mali, voire de la sous-région. Ce nom est le fruit d’une inspiration du trio slameur. “Maralinké” est issu de la fusion du nom de deux ethnies du Mali, à savoir le Maraka et le Malinké. En effet Mally Kéita et Aminata Konaté étant de l’ethnie Malinké et Mariam Koita de la seconde ethnie, Maraka, il a été facile pour les jeunes slameuses d’obtenir un nom avec une originalité aussi particulière. “Quand on a décidé de créer le groupe nous avons pensé à pas mal de noms, mais finalement nous avons pensé à créer un nom à partir de la fusion de nom de nos deux ethnies : le Maraka et le Malinké” nous explique le groupe.

Genèse du groupe

La formation de ce trio féminin est presque une histoire fantastique. C’est un destin commun qui semble lié les trois (3) jeunes filles. Amies d’enfance et camarades de classe inséparables du groupe scolaire Mamadou Kardigué Diakité de Lafiabougou, elles ont toutes été attirées par les arts et l’écriture au cours de leur parcours scolaire. Après les classes du primaire, elles opteront, d’un commun accord, de choisir la série Langues et littérature (LL) au lycée. Ainsi, c’est à la faveur des journées culturelles de leur établissement que les trois jeunes filles, de par leur talent artistique, se feront remarquer des grandes associations d’art et de culture, notamment Agoratoire et Jeuness’Art qui ne tardent pas à les attirer.

Si Aminata et Mally ont rejoint Jeuness’Art, Mariam a été dénichée par Agoratoire. Dans leurs associations respectives, elles mèneront une carrière solo dans le slam et connaitront séparément plusieurs manifestations culturelles avant leur union.

La création du trio est partie d’un projet bien cher aux trois filles. “Nous serons toujours reconnaissantes envers Jeuness’Art qui nous a tendu la main et nous a formées”, nous glisse Slambamby.  Mais cela ne les empêchera pas de quitter le navire Jeuness’Art qui s’opposait à leur projet, un rêve d’enfance que le futur trio magique s’était promis de réaliser. “Au fil du temps, ça n’a pas marché avec Jeuness’Art car nous avons voulu faire un projet de featuring avec Mariam Koita qui était alors membre du groupe rival, Agoratoire. Un projet auquel Jeuness’Art s’est opposée or Mariam est l’une des nôtres. Nous sommes amies avec elle depuis notre tendre enfance, bien avant le Slam. Ce featuring était un projet que nous avions prévu depuis nos débuts dans le slam” raconte Mally. Selon elle : “Ce projet n’était pas qu’une question d’association, c’était le symbole d’une longue amitié entre nous trois.  C’était un projet qui nous tenait vraiment à cœur. Il fallait le réaliser. C’était décidé. Même s’il fallait quitter nos associations respectives”. Chose qui a été faite. Car Mariam aussi n’hésitera à dire adieu à Agoratoire pour se joindre à ses amies.

Cependant, le groupe ne sera pas créé dans la foulée du départ du trio leurs associations respectives. C’est d’ailleurs ce projet de featuring qui ouvrira la voie à la création du groupe Maralinké. “Quelques mois après notre départ, nous avons eu l’idée de création de Maralinké. Etant toutes des slameuses, avec chacune sa petite réputation, pourquoi ne pas créer un groupe de Slam nous-mêmes ?  C’est ainsi que tout est parti. Et aujourd’hui nous sommes fières d’être le premier groupe féminin du Mali et de la sous-région”, se réjouit le groupe.

Très sollicité depuis sa création car les trois jeunes slameuses s’étaient déjà fait un nom en carrière solo, le Maralinké, a, en l’espace de quelques mois, participé à de nombreuses activités culturelles notamment le Festival mixte culture avec le Maestro Hamed Fofana, le Festival “Donko ani Maya”, la fête des 10 ans de la rentrée littéraire au Mali. Le groupe participe présentement au Festival international de slam et Humour (Fish) organisé par Agoratoire et qui se tient à Bamako du 18 au 24 mars.

Parlant de projets, le trio n’en manque pas : “Nous sommes actuellement en studio. Nous avons notre album de slam en gestation et nous pensons faire bientôt des Featuring avec des slameurs maliens. Des projets avec des ateliers d’écriture sont également en perspective” nous confie le groupe.  Mieux, Maralinké est attendu en Guinée Conakry en avril pour le Festival “Capital du livre”. 

Quant aux ambitions de Maralinké, elles sont claires. Faire rayonner les couleurs du Mali partout en Afrique et au monde à travers le slam, mettre en place un centre de formation de slam au Mali pouvant accueillir des jeunes spammeurs maliens et d’ailleurs et aussi faire de Maralinké une entreprise culturelle.

Qui est Aminata Bamby Konaté ?

Connue sous les sobriquets Wesh la Slameuse ou encore Slambamby, Aminata Bamby Konaté, née le 19 novembre 1998 à Bamako, est considérée comme le leader du trio Maralinké. Etudiante en licence professionnelle à l’Institut Universitaire de Gestion de Bamako, section Gestion des ressources humaines (GRH), Slambamby est Slameuse, Slam Master, interprète, auteure-compositrice, poétesse, écrivaine et comédienne malienne. Après son Diplôme d’Etude Fondamentale en 2013 à l’école Mamadou Karidjigué Diakité, elle obtient son baccalauréat en 2016 en série littéraire dans le même établissement. “J’aimais l’écriture depuis  le bas âge et également m’exprimer en public et j’étais reconnue dans mon école à travers mon courage, mes notes en classe et surtout ma plume facile depuis le primaire. Au lycée, j’ai participé à plusieurs compétitions comme le concours national d’orthographe, English Talk Show, Maxi tour School, Mali Dembé et bien d’autres” nous raconte Slambamby qui, avec Mally, a participé à la compétition interscolaire de Slam dénommée “Ça te dis de me dire un slam samedi ?” Lauréates du tournoi, elles sont toutes deux engagées par Jeuness ‘Art et c’est là que tout a commencé pour Slambamby qui ne cessera de se faire un nom dans le slam malien.

En Janvier 2017, elle participe au tournage d’un clip vidéo contre l’extrémisme violent avec les grands artistes comme Awadi du Sénégal, Master Soumy et Smokey du Burkina Faso. Après ce projet, elle participera au sommet France-Afrique en tant que Slameuse dans une Caravane dans la ville de Bamako. Elle prendra part à plusieurs d’autres activités culturelles, notamment celles d’Onu-Femmes, ainsi que le Festival Noël Hip-hop pour ne citer que cela. Elle rêve désormais d’aider le groupe à gravir les échelons du slam malien, africain, voire mondial.

Qui est Mariam Koïta ?

Artiste slameuse, Mariam Koïta a vu le jour en 1998 à Bujumbura, la capitale burundaise. De nationalité malienne, elle regagne Bamako à l’âge de 8 ans. Après son baccalauréat en 2016, Mariam s’inscrit à l’Institut Universitaire de Gestion (IUG) où elle prépare une licence professionnelle en Gestion des ressources humaines (GRH). En plus d’être artiste slameuse, elle est slam Master, elle anime des ateliers de slam à Agoratoire et forme les jeunes qui souhaitent devenir slameurs. Elle a été championne de la compétition nationale Massa slam en 2016. Très active, Mariam élabore, avec l’appui de l’Ambassade du Canada, un projet de slam sur le mariage forcé qui fait des échos dans les salles de Bamako. Ambassadrice de la cause de la fille en octobre 2017, elle participe au festival “Slam N’Djam” au Tchad où elle a vaillamment représenté du Mali. Mariam ambitionne, avec son groupe, en tant qu’artiste slameuse, de valoriser la culture en général et le slam en particulier dans son pays, le Mali.

Qui est Mally Kéïta ?

Mally Kéïta et artistiquement surnommée Mally la slameuse. Elle est poétesse-écrivaine, interprète et comédienne malienne. Membre du groupe Maralinké, Mally Kéïta est étudiante en Licence en Gestion de ressources humaines (GRH) à l’Institut universitaire de gestion de Bamako (IUG).

Originaire du mandé dans le cercle de Kangaba, elle se réclame de la descendance de Soundjata Kéïta, fondateur de l’Empire du Mali. Mally découvre le slam en 2016 lors d’une compétition de Slam à laquelle elle a représenté son école, le Lycée Mamadou Kardigué Diakité de Lafiabougou. Faisant partie du groupe qui a remporté ce concours dans la catégorie “Slam théâtral”, elle bénéficiera au même titre que les autres meilleurs de la compétition, à l’image de son amie Wesh la Slameuse, d’une formation en art oratoire offerte par les organisateurs de la compétition interscolaire. C’est après cette formation que Mally essaiera de se frayer un chemin dans cette discipline qu’elle adore tant. “C’est à partir de là que j’ai commencé à faire des prestations lors des conférences, festivals, concerts et plein d’autres activités”, nous raconte-t-elle. En 2017, elle prendra part au concours de slam organisé par Onu-Femmes sur les violences basées sur le genre. Après quoi, elle participera successivement à plusieurs autres concours et compétitions artistiques et culturels, notamment le Concours national d’orthographe et de lecture et English Talkshow.  Eprise de la culture malienne et africaine, Mally ambitionne de faire de ses textes de slam un moyen de combat. “Le slam est une arme que j’utilise pour défendre les causes des sans voix, surtout les jeunes filles qui sont victimes de tant d’injustices dans la société. Mes écrits sont un moyen d’expression qui me libère en tant que jeune fille consciente de ce qui se passe dans le monde et en Afrique. Je veux apaiser les maux avec mes mots”, nous confie-t-elle. “Le slam est une passion pour moi et j’espère faire voyager mes écrits à travers le monde entier par ma voix et celles de mon groupe, Maralinké, à travers les instruments et les rythmes de l’Afrique”, conclut-elle.

           Réalisé par Youssouf Koné

Source: Aujourd’hui-Mali

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