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DECLARATION DU PARTI FARE-AN KA WULI : « Le gouvernement et les forces politiques et sociales doivent avoir la lucidité de poser les jalons d’une véritable sortie de crise structurelle de notre pays »

Dans une déclaration, les Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence – FARE KA WULI – de l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, estiment que « le gouvernement et les forces politiques et sociales doivent avoir la lucidité de poser les jalons d’une véritable sortie de crise structurelle de notre pays ».

Au sortir de l’élection présidentielle de 2018 entachée par de graves irrégularités et des fraudes, le parti FARE, après un examen approfondi de l’état du pays, constate que la situation sécuritaire, sociopolitique et économique nationale continue de se détériorer inexorablement, en raison de:

– L’affaiblissement généralisé de l’Etat, qui se manifeste dans des régions entières, par l’absence d’autorité et de services sociaux de base,

– La tension de plus en plus exacerbée du front social dans divers secteurs d’activités et la dénonciation sur la voie publique par certaines populations de leurs difficiles conditions de vie,

– Le manque de ressources financières dans les caisses de l’Etat,

– La fragilisation progressive du tissu social sous l’effet de conflits intercommunautaires fratricides, aggravés par l’activité des groupes extrémistes violents et la dissémination croissante des armes,

– La détérioration continue des conditions de vie des populations,

– Le développement sans précédent de la corruption, du narcotrafic et de l’économie criminelle,

– L’indéniable crise morale résultant du délitement des valeurs qui ont façonné la nation malienne,

– La perte de confiance persistante des citoyens à l’égard des institutions de la République,

– L’inadéquation profonde entre le mode de gouvernance en cours et les nombreux défis sécuritaires, politiques, économiques et sociaux auxquels le pays est confronté.

De plus, l’absence de vision et de perspectives d’avenir aggrave les inquiétudes et les incertitudes que ressentent nos compatriotes.

S’agissant plus particulièrement du drame de l’insécurité que vivent nos concitoyens, le rapport du 25 septembre 2018 du Secrétaire général des Nations Unies relève qu’il y a eu au cours du trimestre écoulé : 58 attaques terroristes ayant fait 287 morts, 38 blessés, 67 personnes enlevées et plus de 5000 déplacés.

Il ne se passe quasiment plus de semaine sans que ne soient perpétrés des assassinats, des enlèvements, des actes de dévastation et de destruction de biens, dont les auteurs semblent agir dans une impunité quasi-totale.

Ce développement de l’insécurité dans le pays montre combien la crise est profonde et, force est de constater pour le déplorer, que l’Accord issu du processus d’Alger peine à apporter les réponses appropriées à la crise.

C’est dans ce contexte d’insécurité persistante, de forte crispation politique, d’exacerbation du front social, de paupérisation générale des populations et de défiance des maliens à l’égard des institutions étatiques, que les élections législatives sont censées se tenir.

Si c’était le cas et sans que les leçons du scrutin présidentiel n’aient été tirées, cela aurait sans aucun doute pour conséquence d’alourdir encore plus le climat politique conflictuel né de la contestation des résultats de l’élection présidentielle par la majorité des candidats.

Aussi, rendre les prochaines élections législatives libres, transparentes et équitables est non seulement une nécessité mais un impératif pour tous ceux qui veulent effectivement un avenir de paix et de sécurité pour le Mali.

Dans un tel contexte particulier contenant les germes véritables d’une crise identitaire, sécuritaire et institutionnelle grave pour notre pays, il nous faut éviter certains pièges :

– rester confinés dans la crispation politique post-électorale, qui n’offre aucune perspective de sortie de crise

– recourir à des solutions de replâtrage, de « compromis politiques » qui ne feront qu’aggraver la crise

– tenir les élections législatives dans ces conditions comme les reporter unilatéralement en dehors de tout processus consensuel de sortie de crise durable serait une fuite en avant désastreuse pour notre pays.

Face à une telle situation, nous sommes convaincus que l’expression démocratique, source de légitimité et de stabilité, constitue le socle de la paix à venir et du redressement de notre pays. Tant il est vrai, comme le soutient un Prix Nobel de la Paix que l’essentiel de la démocratie réside non pas dans le vote, mais dans le débat public pour l’action commune.

Les FARE ont compris dès le départ la nécessité, face à la grave crise vécue, d’une refondation par le dialogue national. Elles n’ont cessé depuis 2013, d’attirer l’attention du gouvernement et de l’opinion nationale sur l’urgence à engager un vrai processus inclusif de refondation de l’Etat au regard des insuffisances de nos institutions, des menaces qui pèsent sur l’unité nationale et l’intégrité territoriale du pays, ainsi que des problèmes de développement économique et social.

Plus que jamais, il y a urgence, face aux multiples périls qu’il y a en la demeure malienne, que notre peuple puisse se réunir pour parler, de la base au sommet, revisiter nos institutions et nos pratiques démocratiques et proposer des réponses endogènes aux maux dont souffre le pays.

Le gouvernement et les forces politiques et sociales doivent avoir la lucidité de poser les jalons d’une véritable sortie de crise structurelle de notre pays. Ils doivent :

–             convenir de la tenue d’un dialogue national refondateur, devant arrêter les orientations majeures dont les Maliens conviendront quant à l’avenir du pays, l’infrastructure institutionnelle de notre Etat, nos réponses aux exigences de l’intérêt général et aux frustrations dont souffrent les populations au quotidien.

–             décider du report des élections législatives pour une durée en cohérence avec la conduite des réformes institutionnelles et structurelles dont le pays a besoin.

C’est ainsi que nous redonnerons espoir et confiance à nos concitoyens et que nous serons à même de donner un souffle politique nouveau à l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger.

La gravité et la complexité de la crise impliquent une reprise en mains par nous-mêmes de notre destin commun, parce qu’il n’y a de solutions durables que maliennes. Cette reprise en mains espérée par notre peuple exige de dégager des perspectives solides, d’agir avec fermeté, rigueur, justice et compétence.

Le parti FARE invite ses militants et sympathisants à persévérer dans leur engagement et leur détermination à agir avec les autres forces patriotiques et de progrès pour refonder et rebâtir la maison Mali.

Rester unis, solidaires et garder foi en notre projet, tel est le credo des FARE.

Bamako le 15 octobre 2018

 

lechallenger

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