Sur le site des déplacés de Faladiè Garbal, 582 enfants sur un effectif total de 823 personnes réparties entre 213 ménages, vivent sous des petites tentes depuis quelques mois au milieu des tas d’ordures, d’eaux usées et sous les installations de haute tension de l’EDM-Sa. Ne sachant plus de quoi demain sera fait, ces déplacés doivent désormais prendre en compte une nouvelle variable climatique : l’hivernage. Durant cette période, dont l’annonce a été donnée de façon très sévère le jeudi 16 mai à travers des inondations, de sérieux risques d’épidémies, spécifiquement de choléra pèsent sur les enfants.
« J’ai passé toute la nuit debout avec mes enfants, toutes nos céréales ont été mouillées par l’eau de pluie » déclare, Awa Diakité, mains à la hanche, une déplacée de Sofara, vivant avec sa famille sur le site de Faladiè Garbal. Ce jeudi 16 mai, l’accès à ce site bien difficile autrefois, a été rendu encore plus compliqué par la forte pluie qui a arrosé Bamako et ses environs. Les voies d’accès sont presque toutes impraticables. Le système de drainage d’eau fonctionne à peine.
A l’entrée du site, une remarque saute à l’œil nu. Les visages tristes des femmes apparemment fatiguées avec leurs enfants et leurs hommes.
Agée de 22 ans Awa avec sa famille (une dizaine d’âmes dont 2 enfants), qui ont dû quitter leur village (Sofara) à cause de l’insécurité vivent ensemble sous une même petite tente. Comme les 213 autres ménages sous des abris très modestes et peu résistants, elle doit désormais faire face à l’hivernage. Un début marqué par une hauteur de 58,1mm à Bamako.
« L’eau a rempli notre tente, j’ai été obligée d’étaler ce matin le contenu de mes 6 sacs de céréales (riz et mil) mouillés au soleil, après avoir évacué de l’eau sous la tente » explique Awa, avec une mine préoccupante. Pour elle, l’Etat, les ONG et les personnes de bonne volonté, doivent davantage assister les déplacés en cette période d’hivernage pour éviter le pire. « Nous avons besoin d’assistance de tout genre en cette période» a-t-elle déclaré.
Loin d’elle, un jeune homme de 30 ans, se fait aider par deux autres pour redresser sa tente. Rapproché par nos soins, Moussa Dicko, explique son calvaire. « Sous cette tente, je vis avec mes enfants, ma femme, mes frères et notre maman, mais hier, nous n’avons pas dormis à cause de la pluie » se lamente-t-il. Et d’ajouter : « La tente n’a pas résisté à la pluie d’hier, nous sommes en début d’hivernage, une période de calvaire s’annonce pour nous ».
En effet, sur ce site Moussa Dicko, n’était pas le seul à refaire sa tente, il y’avait beaucoup d’autres.
La sentinelle des services sociaux !
A travers son département chargé de l’Action Humanitaire et de la Solidarité, l’Etat a toujours pris à bras le corps la situation de tous les déplacés vivant sur 4 grands sites, notamment Niamana, Tabacoro, Sénou et Faladiè Garbal. Au niveau de ce dernier site, une équipe de la direction nationale du service social assure la permanence depuis 3 mois.
Responsable du site de Faladiè Garbal, Mme Kamaté Francine Dackuo et ses 5 autres collègues, sont fortement préoccupés sur la situation sanitaire des déplacés en ce début d’hivernage. « Quand il va commencer à pleuvoir sérieusement, on risquera de constater beaucoup d’épidémies pour les enfants, notamment la diarrhée» a-t-elle prévenu. Or, selon elle, ce site compte environ 600 enfants.
Loin de parler dans le vide, Mme Kamaté, a soutenu sa déclaration par la description du cadre de vie de son site. Lequel, à ses dires est caractérisé entre autres par des tas d’ordures et des stagnations d’eau usée.
Par rapport à cette grande première pluie, elle dira que le site de Faladiè Garbal, n’a pas enregistré de dégâts considérables. Cependant elle a souligné que plusieurs tentes ont été pénétrées par l’eau, causant des petits dégâts. « Certes pour cette fois-ci, il n’y a pas eu de dégât majeur, cela ne veut pas dire que tout va bien, ou que des dispositions ne doivent pas être prises immédiatement pour éviter des dégâts » a-t-elle lancé.
Par ailleurs, ce début d’hivernage a été marqué également par des inondations et des dégâts importants en matériel et des pertes en vies humaines. Le ministre de la Sécurité Intérieur et de la Protection Civile dans un communiqué officiel, a annoncé dans la journée du jeudi, un bilan de 15 morts, 2 blessés et plusieurs dégâts en matériel.
Par Moïse Keïta
Source: Le Sursaut