Dénonçant le «Deal du siècle», le chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas s’est déclaré prêt à négocier avec la partie israélienne sous l’égide du Quartet pour le Proche-Orient.
Le ton par trop diplomatique du Président palestinien est loin de faire l’unanimité au sein des Palestiniens aussi bien à Gaza qu’à Ramallah.
Tout en rejetant le plan de paix israélo-américain, le Président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas s’est déclaré mardi disposé à mener des négociations avec Israël sous l’égide du Quartet international.
«Je reste prêt à entamer des négociations sous l’égide du Quartet international sur la base des paramètres convenus au niveau international. Je suis sérieux: je suis prêt à rester ici à l’Onu pour lancer ses négociations immédiatement», a annoncé M. Abbas lors d’une réunion du Conseil de sécurité.
Selon lui, le plan israélo-US ferait de la Palestine «un Etat fragmenté» sans contrôle aérien et sans contrôle maritime.
«Qui parmi vous accepterait un tel Etat?», a-t-il demandé aux membres du Conseil en produisant la carte qui donne un aperçu de l’Etat «Suiss Cheese» promis aux Palestiniens.
M. Abbas a souligné que «les États-Unis ne pouvaient plus être le seul médiateur» pour une paix au Proche-Orient et a appelé le Quartet et les membres du Conseil de sécurité à organiser une conférence internationale de paix.
Composé des USA, de la Russie, de l’Union européenne et des Nations unies, le Quartet pour le Moyen-Orient a été mis en place afin de réaliser une médiation dans le processus de paix israélo-palestinien.
Fin janvier, Donald Trump avait dévoilé son «Deal du siècle» pour résoudre la crise entre Israéliens et Palestiniens. Celui-ci prévoit notamment le maintien de Jérusalem en tant que «capitale indivisible» d’Israël et la création de la futur capitale palestinienne à l’est de Jérusalem.
Dans le même temps, Israël devrait garder les territoires palestiniens occupés en Cisjordanie.
Le projet a été rejeté par le M. Abbas qui a en plus annoncé la rupture de «toutes les relations» avec Israël et les États-Unis. Tout en maintenant, d’après nombre d’analystes, la coopération sécuritaire en l’état.
Le but de la visite de M. Abbas à New York est de rassembler un soutien quasi unanime contre la «vision» de l’administration Trump pour une paix israélo-palestinienne.
Lundi soir, lors d’un revirement de situation surprise, les Palestiniens ont annoncé qu’ils renonceraient au vote, faute d’appui international suffisant, «pour ne pas s’humilier». Mais selon Saeb Erekat, le célèbre négociateur des Accords d’Oslo, ces rumeurs sont infondées. En tout cas, la venue de M. Abbas à l’ONU n’est pas remise en cause.
Le président de l’Autorité palestinienne y tient, il s’adressera à l’Assemblée générale des Nations unies pour qu’une conférence internationale facilite des négociations entre égaux avec Israël. C’est en tout cas le début d’une offensive diplomatique dans laquelle M. Abbas n’a toujours pas perdu espoir.
Il avait déjà constaté la sidération du plan Trump sur ses alliés européens qui l’ont repoussé, mais sans éclats, attendant de voir son plan d’attaque.
Signe de la gravité de la situation, le dévoilement de ce plan avait également forcé les factions palestiniennes à s’unir, même à court terme. Mais le premier succès formel de M. Abbas c’était au Caire quand la Ligue arabe a rejeté le fameux plan de paix.
Depuis, l’Organisation de la coopération islamique et l’Union africaine ont fait de même. Et ce sont des arguments que le président de l’Autorité palestinienne pourra avancer.
Une chose est sûre: l’enjeu de ce déplacement à l’ONU est de sortir du vide politique dans lequel Abu Mazen s’est engouffré depuis des années. Au risque de se retrouver à nouveau seul après des déclarations de principes, face au plan américain qui restera sur la table, et continuera à agiter la région.
Mettre fin aux accords d’Oslo est une menace déjà brandie par M. Abbas, mais c’est un pas qu’il est peu probable que le président de l’Autorité palestinienne franchisse. Au risque de brûler tous ses vaisseaux de «pacifiste»…