Une question d’abord: y a-t-il un rapport entre les violences meurtrières à Tombouctou et celles à Niono? Les deux ont commencé mercredi 18 pour finir tragiquement le jeudi 19. Un pur hasard? Passons…
Toute proportion gardée, ce qui se passe à Tombouctou est pire que ce qui se passe au centre. Le nombre de tués chez les Dogons et leurs frères Peuls est sans comparaison. Le déclenchement a eu lieu dans la nuit du 14 au 15 (une semaine jour pour jour): deux agents de santé sont enlevés dans la clinique où ils travaillent par six hommes (arabes) armés.
Une rançon de 40 millions CFA est demandée pour leur vie. Ce sera la goutte qui fait déborder le vase. En effet à Tombouctou, ce sont non-stop des vols, pillages, braquages, brigandages sur les véhicules, attaques à domicile, assassinats ciblés (y compris en pleine journée) et surtout des enlèvements pour demander une rançon. Le lundi 9, le Maire de Banikane, Talhata Maïga, a été enlevé et libéré contre 20 millions CFA. Juste après, Issouf Touré, homme d’affaires, a été pris et libéré pour 60 millions CFA. Le commerçant Sidi Dicko a subi le même sort avant. Le 26 août, une ambulance destinée au Centre de secours fluviale de Niafunké est enlevé de passage. Un sapeur-pompier est tué au cours du braquage.
Le coup de la clinique est mal passé. Les jeunes du quartier Abaradjou ont décidé (voyant que l’Etat faisait toujours le mort) de sécuriser leur zone. Ils ont installé des points de contrôle.
Ensuite, ils ont lancé un message aux ravisseurs: ‘’vous avez deux jours pour libérer les otages sains et saufs’’. Les ravisseurs ont compris et ils ont relâché les deux agents. Apparemment avec beaucoup de colère.
Le mercredi, en fin de journée, un véhicule passe un point de contrôle, tire sur les jeunes et font des blessés. Ils sont postés et reconnus. (C’est à 21 heures que le commissaire Tounkara rentre à Niono).
Tôt le matin, les jeunes convergent vers le bâtiment (photo) où les tireurs de la veille, considérés comme étant les preneurs d’otages, sont retranchés. (Au même moment, les jeunes déferlent sur le commissariat de Niono où ils vont tuer le commissaire). C’est avec les rafales des armes de guerres qu’ils sont accueillis. Qui font des morts et des blessés. Les forces de l’ordre viennent s’interposer. (À Niono, les policiers nettement en sous nombre n’ont pu compter que sur leurs jambes. Personne ne les a secourus).
La situation à Tombouctou est très dangereuse et explosive. La Minusma et Barkhane sont vomies d’un côté mais soutenues de l’autre. Ils jouent un rôle négatif. Il y a une dimension raciale. Certains ne supportent plus de subir, d’autres ne peuvent pas accepter cela. Le Gouverneur est un Touareg considéré comme un “Azawadi” de la CMA. Certains sont armés et d’autres à mains nues. Cela risque d’être Palestine/Israël. C’est peut-être ce que la communauté internationale recherche non? Et ce qu’elle veut, c’est ce que Bamako fait. Les Maliens n’ont qu’une solution: serrer les coudes pour sortir le pays de l’ornière. Non seulement personne au monde ne viendra vous aider, mais en plus, tous ceux qui viennent, c’est pour vous enfoncer.
A.Tall
Source: Le Démocrate