Le spectacle solo intitulé » Esprit bavard » de la danseuse malienne, Bibata Ibrahim Maïga, a subjugué le public le samedi 6 février dernier au Festival Ségou’Art. Au milieu d’une scénographie atypique, le corps de la jeune dame en transe questionne les croyances et les règles régissant la société et qui emprisonnent parfois l’individu.
Personne ne s’attendait à un spectacle aussi captivant au Festival Ségou’Art marqué la crise sanitaire cette année. Dans un après-midi morose du samedi 6 février, la cour de la Fondation Festival sur le Niger grouillait d’un monde de curieux, partagé entre les différentes salles d’expositions d’art, le restaurant et même le bord du Fleuve Niger, jusqu’à ce qu’un évènement quelque peu inattendu converge son attention : une performance de danse contemporaine.
Debout au milieu de la scène, Bibata Maïga est habillée d’un tout-blanc semblable à une moustiquaire. La jeune dame se tient au début d’une scénographie faite en zigzag, un bras est emprisonné sous la tenue avec le reste du corps. « Esprit bavard » est le nom du spectacle dont les premiers pas de la jeune dame symbolisent certainement les prémices d’une vie. Une naissance ? Mais en quoi sera faite cette vie ? L’Homme nait dans une société qui a ses caractéristiques, ses croyances religieuses, ses traditions et ses règles qu’il est obligé d’adopter tout au long de sa vie.
Le corps enveloppé de la danseuse se débat et tente de se libérer du prisme d’une société qui le condamne à vivre selon ses règles préétablies. Tous les regard sont captés par cette scène époustouflante que saisissante. La masse de curieux s’élargit. Le silence est roi. Le mouvement, les expressions corporelles, les cris de la jeune dame semblent exprimer le désir et l’envie de se libérer et de s’évader de cette société qui lui impose ses croyances, qu’elles soient sociales ou religieuses.
Dans une séquence au rythme d’une musique dont le son est presqu’étouffée par le vacarme des haut-parleurs d’une activité voisine du festival, la performeuse est en transe, elle tente de se débarrasser de l’habit qui l’emprisonne. Ses mouvements laissent entrevoir une résistance farouche. Elle semble en dérision. Tantôt elle laisse échapper un cri aigu, tantôt elle rit ou se met à genou comme pour exprimer la fatigue, mais n’abandonne jamais.
Mais l’Homme est-il obligé de se conformer aux règles prémonitoires de la société ? Ne peut-il pas vivre comme il l’entend ? Ses règles ne sont-elles pas transgressables ? Tant de questionnements envahissent le spectateur à la fin du spectacle duquel l’ »Esprit bavard » ressort débarrassé de son habit blanc. La liberté ?
Youssouf KONE
Source: Aujourd’hui Mali