Au Sénégal, où les écoles turques de l’opposant Fethullah Gülen sont désormais propriété de l’Etat, les parents d’élèves comme les propriétaires ont fait part de leur déception après l’annonce de cette décision. Même réaction à Bamako, où ces écoles, à présent propriété de l’Etat turc, se sont vidées de leurs élèves.
Au Sénégal, l’État compte désormais administrer directement les écoles Yavuz Selim, établissements proches du prédicateur turc Fethullah Gülen. À l’origine, les autorités souhaitaient pourtant que l’association Maarif, contrôlée par le président turc Erdogan, administre ce groupe privé.
Mais lors d’une réunion au ministère de l’Éducation nationale, l’État a finalement annoncé son choix, au grand dam des propriétaires des écoles. « Une douche froide, nous avons immédiatement quitté la salle » indique l’avocat du groupe scolaire, Me Sarr.
En présence du ministre de l’Education nationale, Serigne Mabye Thiam, un représentant du ministère de l’Intérieur a indiqué que l’Etat allait prendre le contrôle des établissements et administrer le groupe scolaire.
Pour les propriétaires, sénégalais et français, cette décision est inadmissible. « Comment l’Etat va gérer un groupe privé alors que le système public va très mal ? », se demande un parent d’élève. « L’Etat ne veut qu’une chose : la mort de Yavuz Selim. Mais nous allons nous battre » poursuit l’avocat.
Au niveau du ministère, cette réunion devait à l’origine permettre de confronter les positions et de chercher une solution. « L’Etat peut administrer pour une période maximale de deux ans », indique un cadre du ministère qui poursuit : « Notre but est de relancer l’enseignement pour que les élèves ne soient pas pénalisés ».
Pour le moment, l’Etat sénégalais n’a fait qu’une annonce. Aucune décision juridique n’a été prise. « Cette histoire est un immense gâchis,estime un professeur. Quel sera le niveau d’enseignement ? De nombreux parents refuseront de laisser leurs enfants, car ils n’ont tout simplement plus confiance ».
Désaffection massive à Bamako
Au Mali, les écoles turques proches de l’opposant et prédicateur turc Fethullah Gülen, qui accueillent quelque 3 000 élèves, sont désormais propriétés sur le papier d’Ankara. Si le calme règne, les élèves sont beaucoup moins nombreux que l’année dernière.
« L’année passée, c’était un effectif de 800 élèves, tous niveaux confondus, jardin d’enfants, premier cycle et second cycle », explique le chef d’établissement de ce collège ex-Horizon devenu Maarif, situé dans le quartier Badalabougou de la capitale Bamako. Cette année, « il y a moins de monde par rapport à l’année passée parce que les gens savent que le collège Horizon n’est plus là ».
Un parent d’élève confirme. « J’ai enlevé mes enfants de l’école depuis samedi, explique-t-il. Je suis triste, et je ne suis pas le seul. A partir du moment où les politiques maliens enlèvent nos enfants, nous, qu’est-ce qu’on va faire ? Cela veut dire qu’il y a quelque chose qui ne va pas ».
D’autres parents d’élèves ont fait de même. « Tant qu’il y a Maarif dans cette administration, mes enfants ne seront pas confiés à Maarif », explique l’un d’entre eux. « Nous avons enlevé nos enfants du collège Horizon parce que la qualité de l’enseignement va baisser », surenchérit un autre.
Selon l’association des parents d’élèves, cette année, plus d’un millier d’élèves ont claqué la porte de ce groupe scolaire désormais propriété de l’Etat turc.