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Culture : Les sociétés maliennes en crise !

Les sociétés maliennes sont quasiment méconnaissables. La quasi-totalité a abandonné complètement leurs valeurs traditionnelles qui faisaient leur force. Or, il fallait les fortifier tout en les améliorant dans leur contenu.

 

Les traditions constituent l’ensemble des valeurs qu’un groupe acquiert de ses ancêtres. Chaque société possède ses traditions qui sont des valeurs sur lesquelles toute la vie de la société se fonde.

La force des valeurs maliennes

Par ailleurs, les caractéristiques fondamentales des traditions maliennes constituent leur oralité et leur diversité. Une diversité elle-même liée à la multiplicité des ethnies. Chaque ethnie possède ses propres valeurs ancestrales transmises de bouche à oreille, de génération à génération.

En Afrique en général et au Mali en particulier, on a toujours voué un respect considérable pour nos traditions en vue de se préserver contre l’ennemi. Des valeurs comme la politesse, le respect des aînés, la salutation avec révérence lorsqu’il s’agit d’un supérieur, sont des valeurs que nos ancêtres cherchaient à préserver en vue d’assurer la cohésion sociale.

Il convient alors de comprendre que ce sont nos valeurs traditionnelles qui constituaient pour nous un rempart de sécurité. Un peuple sans tradition est un peuple anéanti ; un homme sans tradition aura vécu pour rien. L’espoir que doit avoir un peuple vaincu ou victime de la colonisation doit être ses traditions, mais une fois que celles-ci disparaissent l’espoir s’en va ; le peuple se désoriente ; il n’aura plus de repères.

Un peuple égaré !

Le peuple malien est un peuple qui vit au jour le jour. Le Malien ne se reconnaît plus en lui-même, mais plutôt dans son maître. Il vit dans l’inféodation. En effet, il y a une inversion totale des valeurs traditionnelles de telle sorte qu’aujourd’hui des valeurs comme la salutation sont vouées au second plan. De telle sorte que lorsque tu te mets à saluer des hommes que tu ne connais pas, on dit que tu es un VDB (Venu directement de la Brousse). En conséquence, rares sont les jeunes qui saluent même leurs parents le matin, a posteriori faire la révérence.

Outre cet aspect de la salutation, où est passé aujourd’hui le respect des vielles-personne ? Elles ne sont d’ailleurs pas considérées ou plutôt sont considérées comme des sorcières. Par conséquent, aucun jeune ne cherche à les secourir lorsqu’ils sont avec des bagages. Elles sont délaissées pour-compte, elles sont, de nos jours, des déclassées sociales.

Ceci est dû à la montée en puissance de l’individualisme dans nos sociétés. Cet individualisme a remplacé chez nous le collectivisme dans lequel chaque membre de la société avait la latitude de corriger les enfants d’autrui lorsqu’il les voyait sur de mauvaises voies. Par conséquent, chaque enfant considérait tout le monde comme ses parents. Alors, il était obligé de les respecter.

En ce qui concerne le domaine du foyer, traditionnellement, les femmes n’avaient rien à dire par rapport au mariage de leurs enfants, mais de nos jours ce sont elles qui arrangent tout. Elles ont même tendance à mettre de côté les hommes en vue de décider de tout. Par conséquent, ces mariages féministes une fois arrangés posent tous les torts aux mariées puisque ce sont celles-ci qui vont s’occuper du foyer de leur mari. Elles paient les condiments, s’occupent de l’éducation des enfants, les soignent lorsqu’ils tombent malades. Au-delà de tous ceux-ci, c’est des mariages qui durent rarement. Les divorces se multiplient, les familles sont pleines de femmes divorcées. Or, traditionnellement on entendait rarement ces phénomènes. Même s’il t’arrivait de te divorcer, tu ne pouvais plus rejoindre le domicile parental.

Où sont passées nos sociétés secrètes ? Elles ont presque toutes disparu. Or, ces sociétés secrètes étaient de véritables lieux d’apprentissage, d’initiation à la vie en société.

Parlant de l’allaitement maternel, nos ancêtres pensaient que le lait maternel constituait pour l’enfant une protection sûre contre tous les dangers, des maladies et d’autres. Mais, de nos jours, nos mamans ont tendance à délaisser cette pratique pour une soi-disant préservation de leur forme physique.

Nos ancêtres nous punissent-ils ?

Ce délaissement des valeurs traditionnelles explique en grande partie, tous les problèmes auxquels nos sociétés sont confrontées. À chaque fois que nos ancêtres avaient des problèmes, ils déploraient l’âme de leurs ancêtres, mais nous, nous avons renoncé à tout cela pour des trucs de blancs. Or, chaque société à ses trucs. Alors, nos problèmes constituent des punitions de nos ancêtres en réponse à notre oubli de la voie qu’ils nous avaient montrée.

Cet état de fait nous donne envie de reprendre Edgar Morin, sociologue et philosophe français, se prononçant sur le développement : « Le développement donne en fait le modèle occidental comme archétype universel pour la planète. Il suppose que les sociétés occidentales constituent la finalité de l’histoire humaine. Produit du sociocentrisme occidental, il est aussi le moteur d’une occidentalisation forcenée. De fait, s’il n’apporte pas nécessairement au reste du monde ce que la civilisation occidentale comporte de positif (droits humains, libertés, démocratie), il charrie inévitablement ses vices. »

La synthèse des valeurs nous valait mieux

Nous ferions donc mieux, comme soutiennent N’Krumah et Towa, tout n’est pas à rejeter dans nos traditions et tout n’est pas à garder non plus. Il faut procéder à une revalorisation de nos valeurs ancestrales. Cette revalorisation commence par celle de nos langues nationales. Il faut les intégrer sincèrement dans nos systèmes éducatifs en créant en même temps des débouchés pour ceux qui étudient ces langues nationales. En cela, il importe de travailler ces langues pour qu’elles aient leur propre règle et des documents appropriés pour leur bon usage. Outre cet aspect des langues, il faut prioriser dans nos programmes d’enseignement les traditions africaines ou plutôt maliennes, enseigner l’histoire de nos grands empires pour que nous nous connaissions mieux, entre nous.

Ce panégyrique des valeurs traditionnelles n’a aucune prétention à vouloir dire le renoncement à la modernité. Ce n’est pas un refus du progrès, de participation à la mondialisation, mais plutôt une mise en garde. Lorsqu’on s’attache trop aux trucs d’autrui, on s’oublie soi-même. Or, nous devons prendre l’exemple sur l’autre. Alors, ce paradoxe se résout aisément si on est rationnel.

TOGOLA

Source : Le Pays

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