L’icône du cinéma malien est décédé le 6 mars 2001, laissant derrière lui plusieurs œuvres formidables
qui font la fierté de notre pays
«Les morts ne sont pas morts… Ceux qui sont morts ne sont jamais partis». Ces vers du poète sénégalais, Birago Diop, rappellent les bonnes œuvres comme celles de Balla Moussa Keïta qui résistent à l’épreuve du temps. Cet acteur hors pair reste encore dans la mémoire collective plus de 20 ans après sa disparition.
À l’initiative du ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme à travers le Centre national de cinématographie, en collaboration avec la famille du défunt, une semaine culturelle est initiée du 6 au 12 mars dans la capitale pour lui rendre hommage à travers une série de projections des films, de conférences-débats, de Masters classes avec des acteurs et comédiens en herbe et l’inauguration d’une rue de Lafiabougou, baptisée de son nom pour l’immortaliser.
La semaine culturelle commémorative des œuvres de Balla Moussa Keïta a été solennellement lancée, samedi dernier, dans une ambiance de kermesse au Centre international de conférences de Bamako (CICB), sous la coprésidence de la ministre en charge de la Culture, Mme Kadiatou Konaré et de son collègue de la Communication et de l’économie numérique, Dr Hamadoun Touré. On notait aussi la présence d’autres anciens ministres, des cinéastes, des hommes de culture, des membres de la famille de l’illustre disparu.
Les invités étaient face à un écran de projection pour revoir des images de l’icône du cinéma malien et redécouvrir tout ce qu’il a accompli pour sa patrie. Ses familles biologique et professionnelles peuvent être fières de ce qu’il a réalisé dans le cadre du 7è art à l’échelle nationale, voire africaine.
La projection du film Yellen de Souleymane Cissé ainsi que des témoignages sur Balla Moussa Keïta et la prestation de l’ensemble instrumental ont permis aux cinéphiles de se rappeler de la belle époque du cinéma malien. Son fils, Balla Keïta, a bien apprécié l’initiative. «Merci d’être là pour célébrer la mémoire de l’homme qui a marqué l’histoire du cinéma.
Il n’est pas facile de parler de mon père devant ceux qui le connaissent mieux que moi», a-t-il déclaré. Il a aussi rappelé une anecdote sur l’illustre disparu qui a écrit lui-même, 7 mois avant sa mort, son avis de décès pour que ses enfants n’oublient pas les parents et proches qui devraient y figurer dans le communiqué. Et son fils de rendre hommage à la célèbre journaliste, feue Aissata Cissé, la complice de son père et qui lui aurait donné l’opportunité de s’illustrer devant le micro.
Le parrain de la semaine, Souleymane Cissé, a salué l’initiative de la semaine. «Nous comptons sur les autorités pour rehausser la culture», a indiqué le cinéaste qui a aussi rappelé le 6 mars 2001, ce jour fatidique de la disparition de Balla Moussa Keïta et les 30 années de collaboration entre eux. à titre d’exemple, il cite volontiers la réalisation de son film «Finyè» qui a été un long combat pendant la période du régime dictatorial. «Balla Moussa Keïta a simplement porté haut le flambeau de la culture malienne», a-t-il soutenu.
L’ancien directeur du Centre national de cinématographie, Youssouf Coulibaly, a témoigné des qualités de l’homme, notamment son humidité, son franc-parler, son amour de la patrie et du cinéma.
Amadou SOW
LE PARCOURS DE BALLA MOUSSA KEÏTA
Balla Moussa Keïta était un acteur de cinéma qui n’acquit en 1934 à Nango dans la Commune de N’Gara, Région de Ségou. Son atypique parcours le conduira dans le monde des arts où il se reconvertira très vite acteur de cinéma. Cet ancien employé de commerce entame une carrière dans le monde de la culture à partir de 1960, année à laquelle, il intègre le Théâtre national puis le Haut commissariat à la Jeunesse. Il y siège pendant 18 ans, avant d’être détaché en 1978 au ministère de l’Information d’alors.
Déjà, Balla Moussa Keïta intervenait à la radio depuis 1967 pour animer des programmes de sensibilisation sur les feux de brousse, la mauvaise conduite des camionneurs. Ainsi, il impose sa voix dans plusieurs émissions radiophoniques comme les bulletins d’information, les avis et communiqués, les magazines pour l’Agence nationale d’information ou l’Agence malienne de publicité de l’époque.
Balla Moussa fait une véritable immersion dans le 7è art en 1975, après 5 mois de pérégrination en Chine pour la traduction des films chinois en langue nationale. Sur sollicitation du cinéaste Souleymane Cissé, il obtient un rôle dans «Den Muso» en 1978. à partir de cette période, l’acteur lui restera fidèle jusqu’à la fin de sa vie. Il jouera aussi dans d’autres films comme ceux de Cheick Oumar Sissoko, Adama Drabo, Abdoulaye Ascofaré.
Source : L’ESSOR