Dans le but d’une gestion rigoureuse des maigres finances publiques, le Premier ministre, Oumar Tatam Ly, semble avoir engagé une croisade contre la corruption et les pratiques de déperdition des recettes de l’Etat. Cela passera en ce moment par l’adoption de certaines mesures pour assainir la situation. Ce qui est la moindre des choses pour ce Premier ministre banquier de métier. Selon des sources biens informées, plusieurs marchés publics seraient dans le collimateur des services de contrôle pour lesquels le gouvernement souhaite avoir des précisions sur les comptes.
Le Président nouvellement élu, IBK, en a fait un crédo, au point que le sujet devient récurrent dans ses différentes interventions. Une des priorités du nouveau pouvoir est de mener une lutte sans merci contre la corruption sous toutes ses formes. Cet engagement présidentiel n’est pas tombé dans les oreilles d’un sourd : le Premier Ministre, Oumar Tatam Ly, sans perdre de temps, a décidé de prendre le taureau par les cornes. Passage obligé pour partir sur des bases saines.
En tête des marchés publics, dont la transparence serait sujette à caution, on trouve en bonne place le vieux dossier de la résidence d’Etat, située à la Base B. On se souvient que, courant 2011 et début 2012, la presse nationale s’était fait l’écho des conditions obscures dans lesquelles ce marché a été exécuté, par rapport aux multiples avenants dont il ne cessait de faire l’objet.
A en croire nos sources, les autorités actuelles en sont estomaquées et n’auraient visiblement pas été convaincues des justifications apportées aux rallonges budgétaires interminables. Ce qui fait que Tatam Ly aurait, sur instruction du Chef de l’Etat, exigé des clarifications, voire des sanctions si cela s’avérait nécessaire.
Au nombre des marchés décidément en nette rupture avec la transparence, se trouverait le cas plus récent au niveau de l’EDM-sa du marché des centrales solaires de Nara, Diéma et Ansongo.
L’Energie du Mal comme l’appellent de nombreux consommateurs ne fait pas bon ménage avec la transparence. On se rappelle notamment des fumeuses justifications, avancées l’année dernière pour expliquer d’abord l’incurie chronique à fournir l’électricité (coupures intempestives), mais surtout l’augmentation exponentielle (l’explosion) de la facturation à la consommation, la inième. Des responsables d’EDM n’ont pas hésité à soutenir, sans sourciller que la société en était à débloquer 30 millions FCFA par jour, pour l’alimentation en carburant de ses vétustes et poussives centrales déjà bien essoufflées !
Mais un vieux dossier, parce que vieille pratique, serait également dans le collimateur : il s’agit des concessions accordées au niveau de la zone aéroportuaire. On le sait, parce que la presse s’en était également fait l’écho à plusieurs reprises et en maintes occasions, des concessions foncières qui ont été accordées à des tiers privés. Conséquence : le patrimoine foncier aéroportuaire, par essence inaccessible et inconstructible, a été considérablement morcelé et réduit comme une peau de chagrin. Les bénéficiaires ont, par diverses acrobaties administratives, établi des titres fonciers sur des parcelles qui ne devaient pas être distraites du TF principal, car ce n’était pas sa vocation première. Bref, les responsables en charge de ces dossiers, au niveau de l’urbanisme semblent avoir privilégié leurs propres commissions au détriment de leurs obligations publiques.
Au terme des investigations en cours, il va falloir déterminer les niveaux de responsabilités et surtout savoir si les octrois ont respecté les procédures légales en la matière. D’où la détermination de la responsabilité de certaines autorités habilitées à apposer leurs sceaux ! La réponse paraît déjà connue… Les dossiers du genre pullulent ailleurs, mais ceci est une autre histoire et dans tous les cas, il y a comme une nette volonté d’y voir un peu plus clair.
De toute évidence, un processus d’assainissement des marchés publics et d’autres activités étatiques, serait actuellement en cours, au niveau des pouvoirs publics maliens. Selon des informations recueillies sur le sujet, cela entre dans le cadre d’une vaste opération entreprise pour mettre fin aux pratiques malsaines en cours au Mali depuis des décennies. Et Oumar Tatam Ly, réputé pour son manque d’humour (ne rit pas ) aurait, en effet, ordonné que des mesures diligentes soient prises pour exécuter ses instructions, avec à la clé un chronogramme précis. Des insomnies en perspective pour les cadres véreux !
Youssouf CAMARA
Source: L’Indépendant