Comme on pouvait s’y attendre, la crise sociopolitique qui secoue le Mali, ces dernières semaines, s’est invitée sur la table des discussions des chefs d’Etat africain et français, qui se sont réunis à Nouakchott, le 30 avril dernier, pour faire le bilan des six mois après le Sommet de Pau en France.
Sans surprise, la situation politique tendue au Mali a été évoquée. Et à l’unanimité, les 5 chefs d’Etat (Emmanuel Macron de la France, Idriss Deby Itno du Tchad, Roch Marc Christian Kaboré du Burkina Faso, Mamadou Issoufou du Niger et Mohamed Ould Ghazouani de la Mauritanie, ont tous à l’unanimité, salué la démarche de la CEDEAO et invité leur homologue malien Ibrahim Boubacar Keita, à exploiter les recommandations de la mission de la CEDEEAO.
Sauf que la semaine, d’après le Sommet de Nouakchott, a été très décisive à Bamako. D’abord, la rencontre entre le chef de l’Etat et l’imam Mahmoud Dicko, le Samedi 4 juillet dernier, qui n’a pas abouti à grande chose.
Le lendemain, le Président IBK a rencontré, les responsables du M5 RFP à Koulouba. Une rencontre, dont l’issue s’est transformée en coup de massue : « En nous renvoyant aux partis de la majorité, le président de la République nous a insulté », a déclaré Issa Kaou Djim, le porte-parole de la CMAS, face à la position du Président IBK qui n’est pas preneur du Mémorandum du M5 RFP.
En tous cas, à Bamako, c’est la mise à l’écart des recommandations de la CEDEAO. Car, jusqu’à présent, le président de la République n’a clairement affiché, aucun intérêt manifeste quant à l’application des recommandations de la mission de la CEDEAO.
De son côté, si le M5 RFP a rédigé son Mémorandum, c’était une manière, à l’analyse de certains observateurs, de sortir du «tropisme» à lui reproché, en abandonnant la demande de démission du président de la République.
En effet, le M5 RFP estime que le Président IBK a aucun respect pour le peuple, en les renvoyant à prendre langue avec les partis de la majorité présidentielle, pour redessiner de nouveaux contours «passables et acceptables» de tous.
Par conséquent, il décide de sortir de nouveau le vendredi prochain, pour rester sur sa position initiale, qui est « la demande de démission du président de la République», note le porte-parole de la CMAS.
Ainsi, comme un jeu de ping-pong, les contestations politiques, malgré l’intervention de la CEDEAO, se redirigent vers la case départ.
Alors qu’au sommet de Nouakchott, les chefs d’Etat ont dit «partager» la position et les avis de la CEDEAO pour résoudre cette crise : « Nous soutenons les efforts entrepris par la CEDEAO, qui ont permis de faire émerger des recommandations pour une sortie de crise », a indiqué le président français Emmanuel Macron à Nouakchott.
Aussi, a-t-il soutenu, « cette position est en pleine adéquation avec le président Keita ». Toutefois, si IBK partage l’avis de ses pairs, comme l’a dit le président Macron, pourquoi ne pas donner un écho favorable à ces recommandations, qui sont en train de tomber dans l’oreille du sourd. Certainement, il dispose d’autres plans qu’il fera sortir au moment opportun. Laissons le temps au temps, le meilleur juge de l’histoire.
Ousmane Tangara