La Coalition de la société civile pour le Sahel de notre compatriote Niakalé BAKAYOKO a rendu public, hier, le rapport ‘’Sahel : ce qui doit changer-Pour une nouvelle approche centrée sur les besoins des populations”, pendant un point presse en ligne sur le Sahel, dans lequel est posé un diagnostic sans complaisance sur la crise au Sahel et ébauché des solutions. Quel est le constat et quelles sont les solutions préconisées pour la résolution de la crise sécuritaire, particulièrement pour la protection des civils dans le Sahel demeure le crédo de la Coalition?
Le rapport, dans son diagnostic, fait ressortir des massacres des populations civiles à la fois par les militaires que par les groupes d’autodéfense ; l’impunité des auteurs de ces massacres ; le détournement des moyens mis à la disposition des Forces de défense et de sécurité.
Face à ces maux identifiés, les propositions de solutions suivantes sont faites par le rapport : la protection des populations civiles ; la traduction des auteurs de massacres sur les populations devant les tribunaux ; le contrôle rigoureux des dépenses militaires et des aides militaires accordées dans le cadre de la coopération militaire.
Ce rapport , soutenu par presque 50 organisations sahéliennes et internationales et issu de recherches originales, nous fait-on savoir, propose aux gouvernements sahéliens et à leurs partenaires internationaux des recommandations concrètes pour mieux protéger les populations du centre du Sahel (Burkina Faso, Mali, Niger) et réaliser la vision articulée par la Coalition citoyenne dans les piliers citoyens. Il se focalise sur quelques indicateurs ciblés et en proposant des instruments pour mesurer les progrès dans les 6 à 12 mois.
Pour la Coalition, la protection des civils dans le Sahel demeure son crédo. Pour ce faire, elle exhorte les États à articuler leurs interventions dans la région autour de quatre piliers qui sont : mettre la protection des civils et la sécurité humaine au cœur de la réponse au Sahel ; créer une stratégie politique globale qui s’attaque aux causes profondes de l’insécurité ; répondre aux urgences humanitaires et veiller à ce que l’aide soit adaptée au développement ; lutter contre l’impunité et garantir l’accès de tous à la justice.
Pourquoi une Coalition citoyenne pour le Sahel ? La réponse est donnée dans la note liminaire de la conférence de presse sur la Coalition pour le Sahel organisée ce lundi 12 avril, au Mémorial Modibo KEITA, animée par Hama DOMO de DoniBlog-La Communauté des Blogueurs Du Mali.
Le document fait le constat de la situation sécuritaire dans les trois pays du Sahel central qui se dégrade. L’approche actuelle qui privilégie une réponse militaire contre-terroriste a clairement échoué à endiguer les attaques des groupes dits djihadistes, qui ont presque doublé chaque année depuis 2016.
Selon les responsables de la Coalition citoyenne pour le Sahel, les moyens militaires n’ont pas permis jusqu’alors d’assurer la protection de toutes les populations sans discrimination et ont même conduit à de nombreux abus contre des civils. Ils n’apportent pas en eux-mêmes une solution aux conflits du Sahel central.
Pour eux, les États doivent pouvoir analyser les situations qui conduisent des personnes à rejoindre des groupes armés. Ils doivent comprendre comment les conflits déchirent des communautés et ce qu’il convient de faire pour répondre aux causes profondes de la crise de confiance entre les populations et leurs gouvernements.
Entre 2017 et 2020, les attaques contre des civils ont quintuplé, passant de 205 à 1 096, et le nombre de civils ou de suspects non armés tués, y compris des femmes et des enfants, est passé de 356 à 2 443, soit une multiplication par sept.
De plus, en 2020 davantage de civils ont été tués par des soldats censés les protéger que par des groupes armés non étatiques.
Pour rappel, la Coalition citoyenne a été créée en juillet 2020 pour promouvoir les perspectives et capacités des organisations de la société civile, avec l’appui d’ONG internationales, pour proposer et avancer une nouvelle stratégie pour répondre à la crise sécuritaire au Sahel – une stratégie de protection des populations vulnérables – à travers des plaidoyers à l’attention des autorités compétentes, nationales aussi bien que les partenaires internationaux.
Les responsables de la Coalition ajoutent qu’elle agit auprès des gouvernements du Sahel et de leurs partenaires internationaux, pour les mener vers un changement de stratégie.
Elle contribue également à faire mieux entendre la voix de la société civile, dans tous les espaces où les décisions affectant les peuples du Sahel sont prises. Ce qui se fait, précise-t-on, à travers l’engagement médiatique, les déclarations publiques et les rencontres et lobbyings auprès des gouvernements, entre autres.
PAR BERTIN DAKOUO
Source : INFO-MATIN