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Crise malienne : ce qu’il faut craindre du départ des forces étrangères

Entre Paris et Bamako, la tension monte de plus en plus depuis l’allocution du Premier ministre Choguel K. Maïga à l’ONU. Dans cet article, notre collaborateur Mikaïlou Cissé soulève des hypothèses sur ce qu’il faut craindre du départ des forces étrangères présentes au Mali, mais aussi de l’affaire Wagner.

Le discours du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, prononcé à la tribune des Nations Unies, à l’occasion de la 76e session ordinaire, a suscité des remous entre Paris et Bamako. Sa déclaration a en fait relancé une sorte de guerre de communication entre les deux États, laquelle a commencé depuis le second coup de force des militaires dans notre pays.

Aussi, le désaccord entre Bamako et Paris est-il clairement exposé dans la déclaration d’Emmanuel Macron, tenue en marge de la saison Africa 2020 : « Je rappelle que le Premier ministre malien est l’enfant de deux coups d’État, si je puis dire. Puisqu’il y a eu un coup d’État en août 2020 et un coup d’État dans le coup d’État. »  On peut  comprendre que le Président Macron, à travers ses propos, nie toute légitimité démocratique à l’actuel gouvernement de transition du Mali.

Langage peu diplomatique

Bien que la France ne soit pas le seul partenaire à être fustigé dans le discours du Premier ministre Choguel, il semble que ce sont les autorités françaises qui sont les plus frustrées. Du chef de la diplomatie à la ministre des Armées, en passant par le Porte-parole du gouvernement et du président de la République, tous, sans usage de langage diplomatique, à l’instar de Choguel Maïga lui-même, ont qualifié les allégations  de ce dernier « d’inacceptable, de mensongère, d’hypocrites, d’indécentes ».

Pire, l’alternative que les autorités de la transition malienne semblent préconiser pour combler le vide que pourrait laisser le départ  ou la réorganisation des troupes françaises est assez dénoncée. Le peu de troupes françaises qui devrait rester sur place risque aussi de quitter le pays, si toutefois, le gouvernement du Mali met en œuvre ce projet de sceller un partenariat avec la société paramilitaire privée russe — Wagner.

Au regard de la multiplication des tueries et des actions des forces armées françaises ainsi que de leurs partenaires dans la lutte contre le terrorisme, un désengagement non préparé et non coordonné pourrait impacter négativement la bonne marche de la transition politique en cours. Certains commentaires sur la politique française et les actions de ses forces armées n’honorent point les victimes et ne montrent guère l’image d’un peuple reconnaissant. Néanmoins, il serait important de préparer également  l’après-barkhane.

Convention de l’OUA

La sécurité des personnes sur l’ensemble du territoire national et l’organisation d’élections libres et crédibles font partie des axes prioritaires du gouvernement de transition. Ces axes pourraient difficilement être atteints en absence des partenaires français, européens et onusiens. Surtout que jusque-là, aucune information officielle n’est encore disponible sur « l’affaire Wagner » puisque le gouvernement lui-même parle encore un double langage sur la question. Ou, disons, ne donne pas l’air de s’assumer en officialisant cette affaire dite Wagner.

Cependant, un aspect n’est pas à ignorer : un accord avec Wagner amènerait les autorités maliennes à violer les termes de la convention de l’OUA [Organisation de l’Union africaine, devenue Union africaine — UA] sur l’élimination du mercenariat en Afrique. Pire, elles risquent d’exposer l’État du Mali à des sanctions prévues en la matière. « Toute personne physique ou morale qui commet le crime de mercenariat tel que défini au paragraphe 1er du présent article, commet le crime contre la paix, la sécurité en Afrique et est punie comme tel », peut-on lire dans l’alinéa 3 — article 1 de ladite convention.

Mikaïlou Cissé

Source: Sahel Tribune

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